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12 / 07 / 2012 | 78 vues
robin carcan / Modérateur Contenu
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Ville de Paris : quand la politique RH vire... à la politique

"Le paquebot ville de Paris s'excuse auprès de ses 51000 passagers pour son tangage (social) régulier mais aucun iceberg ne menace sa progression." Sans doute, mais la croisière n'a pas l'impression de s'amuser. Mois après mois en effet, le ton se durcit entre les organisations syndicales et les ressources humaines, une direction à deux gouvernails  : l'un manié par l'administration et l'autre par une conseillère de Paris, Maïté Errecart, en charge des RH depuis 2008. Cette dernière a refusé de répondre à nos questions. Au bout du compte, un jeu de billard à trois bandes qui se révèle fort compliqué... ou fort utile pour faire lanterner des dossiers par exemple. Ce qu'un observateur résume assez clairement : "en coulisse, le secrétariat général du cabinet du maire a souvent le dernier mot !"

Mille-feuilles syndical

Dans cette collectivité à double strate - l'une municipale et l'autre départementale – dont la masse salariale atteint 2,148 milliards d'euros et 1,5 million pour les dix rémunérations les plus élevées (1) - la partition sociale n'a rien d'un parcours de santé. On dénombre huit organisations syndicales représentatives, certaines recomposées. La CGT, encore majoritaire, représentée en particulier auprès des agents de catégorie B et C, compte près de vingt syndicats. La CFDT ratisse un peu moins large et a perdu un peu de champ depuis la scission de 2003, enclenchée après la loi sur les retraites. Une partie des ex-CFDT ont créé le Supap-FSU, plus offensif que son ex-maison-mère. L'UNSA a vu ses rangs s'étoffer en 2001 avec l'arrivée du syndicat des attachés d'administration, plus remuant également que son ancien mentor, l'Union des cadres de Paris (UCP). Conséquence de ce mille-feuilles syndical : des revendications générales (temps de travail, primes, CET, etc.), qui s'entrechoquent souvent avec des revendications beaucoup plus corporatistes. Peu d'échos par exemple sur la grève des personnels des piscines de la ville, entamée il y a huit semaines. Maladie ''organisationnelle'' avérée ici, la réunionite : en sus des instances paritaires classiques (CAP, CTP local, central...), les syndicats se plaignent de devoir assister en moyenne à une réunion tous les deux jours... ou encore signer des accords-cadres à répétition (Santé au travail, février 2012). Certains chantiers les laissent carrément perplexes, comme la démarche Valeurs

Rapports parallèles

Le 18 juin, Maïté Errecart a remis un 2ème rapport de suivi en matière de RH, prévu par la Mission d'évaluation et d'information (MIE) qui a dressé en octobre 2010, un panorama des "Effectifs et gestion des ressources humaines". C'est tout juste s'il n'est pas passé inaperçu des syndicats tellement il fait l’auto-promotion des chantiers RH. Demandé par l'UMP Paris, le rapport de 2010 avait été perçu comme une torpille lancée contre Delanoë. Celui, concomitant, de la Chambre régionale des comptes, était plus pointilleux, obligeant le maire à répondre point par point (Voir annexes). Dans celui de la MIE, catalogue de l'organisation du travail et du pilotage de la fonction RH, rien de dérangeant au final. Le plus éclairant, sans doute, figurait dans les 10 pages annexées des propositions des différents groupes politiques. Et là, chacun ses points de fixation.

L'UMP Paris souhaitait la mise en place d'audits en début et à mi-mandature ainsi une étude pour identifier les doublons avec notamment dans la ligne de mire, les 114 ETP de la Dicom (direction de l'information et de la communication). Les Verts prônaient l'élaboration d'indicateurs partagés avec les organisations syndicales tandis que le groupe Communiste demandait de réduire le recours à l'externalisation et aux contrats de droit privé. Ils attendent encore. Une certitude, « il n'y a pas eu de création nette d'emplois sous Delanoë 2, insiste Bertrand Vincent, secrétaire général de FO-Ville de Paris. Nous vivons désormais sous la politique du redéploiement. » En clair, l'ère du tour de passe-passe budgétaire : prendre des emplois dans tel service pour les besoins de création d'un nouvel équipement.

Opération vérité sur les primes

Dès qu'un dossier social prend trop d'ampleur, le ballet entre l'administration et les élus diffère sa résolution. Celui des rémunérations, sur lequel plusieurs syndicats demandent une plus grande transparence, reflète cette ambiguïté. Le bilan social ne donne à voir que les données globales par échelon et par direction. Ce qui ne rend pas compte de l’hétérogénéité du régime indemnitaire fonctionnant depuis des années. Un agent de catégorie C, peut toucher jusqu'à 200, voire 300 euros/mois de plus qu'un(e) homologue du même échelon. Pour les B, l'écart s'amplifie encore. Or, ce système perdure depuis des années. Le maire de Paris a fait savoir qu'il était favorable à une mise à plat mais la DRH freine des quatre fers : l'effet boîte de Pandore menace. La Commission d'accès aux documents administratifs a été saisie fin 2011 sur ce sujet par l'UNSA des Attachés et a émis un avis favorable. Devant le refus de la ville de Paris d'accéder à cette demande, le syndicat a déféré le dossier devant le Tribunal administratif, dont les délais sont réputés être très long.

Surveillance serrée

Tous les syndicats ou presque sont d'accord pour souligner que depuis 2001, deux « maires » se sont succédés : si Bertrand Delanoë 1 a joué sur une fibre sociale, Delanoë 2 se montre d'inspiration beaucoup plus libérale. Un propos relayé dans un ouvrage récent (2) qui dresse un bilan assez sévère de la gestion de l'édile socialiste. Mêmes les blogs s'en donnent à cœur joie : de Delanopolis, tenu par l'élu d'arrondissement Serge Federbusch à Social Nec Mergitur, animé par plusieurs représentants syndicaux de la ville(3), en passant par les sites de syndicats, le tir de barrage reste soutenu (Voir ''La stratégie secrète de la Mairie'' par l'UNSA). La plupart s'abreuvent aux communiqués et autres flash sociaux diffusés sur le réseau interne Intra-Paris, auxquels ils ont accès. Même le changement de gouvernement n'est pas une ''si'' bonne nouvelle : « Delanoë a souvent répondu aux syndicats qu'il avait les mains liées par le gouvernement Sarkozy, explique Paul Legal de la CFTC. Désormais, l'argument est irrecevable. »

1.Source : bilan social 2011
2.Dominique Foing, Comptes et légendes de Paris, bilan de la gestion Delanoé, Denoël, novembre 2011
3.Membre de Miroir Social

 

 

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