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Ryanair : l'emploi comme monnaie d'échange à Stansted
Au début du mois, Ryanair a annoncé avec fracas son intention de diminuer le nombre de vols vers l’aéroport londonien de Stansted. La compagnie a promis une diminution de 9 % de son trafic vers l’aéroport, prédisant 11,4 millions de passagers d’ici la fin de l’année (contre 12,5 millions à l’heure actuelle). Un choix un peu étrange pour une compagnie en pleine croissance et un aéroport situé à proximité d’une ville aussi attractive que Londres.
L'emploi comme monnaie d'échange
Oui, mais il se trouve que, comme cela se fait régulièrement, l’aéroport a voulu revoir ses prix (inflation oblige) en accroissant de 6 % les taxes d’aéroports pour l’année 2013. Bien que beaucoup d’autres compagnies telles qu’Air Berlin, Austrian Airlines, EasyJet, Germanwings ou Pegasus Airlines présentes sur l’aéroport n’aient pas contesté la décision, Ryanair juge celle-ci intolérable. Il est vrai que la compagnie, habituée à négocier des tarifs frisant la gratuité sur les autres aéroports d’Europe, tolère mal de devoir payer pour faire poser ses appareils.
En brandissant la menace de 9 % de réduction des vols, Ryanair fait surtout appel à un vieil argument : les passagers débarqués représentent de l’argent pour la région, et donc des emplois. La compagnie se fonde sur une équation (qui n’a jamais été prouvée ni vérifiée) selon laquelle 1 000 passagers débarqués se traduisent par un emploi créé. À Stansted, la réciproque sert de menace : Ryanair prédit qu’une chute du nombre de passagers se traduira par des suppressions d’emploi.
Des menaces sans effets
Là encore, rien n’est prouvé. D’autant que les seules études parues sur le sujet ont plutôt tendance à relativiser les conséquences économiques des passagers de Ryanair par rapport à d’autres compagnies, même low-cost. Sur place, l’aéroport et le syndicat local Unite dénoncent les déclarations de Ryanair, accusant la compagnie de tentative d’intimidation et constatant que, sur place, les déclarations n’ont pas été suivies d’effets et qu’aucun emploi n’a disparu.
À y regarder de plus près, s’il s’agit d’intimider quelqu’un c’est plutôt le Manchester Airport Group (MAG), le nouvel opérateur qui, coïncidence sans doute, vient de récupérer la gestion de l’aéroport de Stansted à la date du 1er mars. L’augmentation des taxes n’est d’ailleurs pas à imputer à MAG mais à l’ancien gestionnaire/propriétaire, le conglomérat British Airport Authority/Ferrovial. L’augmentation ayant été validée par les autorités régulatrices, il semblerait qu’il s’agisse là d’une tentative de Ryanair de tester le nouveau gestionnaire de l’aéroport en engageant directement un bras de fer musclé avec celui-ci. Par le passé, la compagnie low-cost avait envisagé de se porter acquéreuse de l’aéroport mais sans succès. Vu ses pratiques actuelles, c’est peut-être tant mieux pour les salariés locaux.