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13 / 04 / 2012 | 8 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Rio Tinto, fabricant de profits

Le groupe minier poursuit le dépeçage de l’ex-fleuron industriel Pechiney en vendant à un financier ses trois usines de production d’alumines.

En quête de rentabilité à tout crin, le groupe minier anglo-australien Rio Tinto poursuit son grand ménage en cédant ses activités les « moins rentables » à tour de bras : après les produits usinés, puis l’activité emballage, c’est aujourd’hui le tour de l’activité d’alumines* de spécialité, qui comprend trois usines héritées de Pechiney** : Gardanne (Bouches-du-Rhône), La Bâthie (Savoie) et Beyrède (Hautes-Pyrénées), qui emploient quelque 730 salariés.

Lors d’un comité central d’entreprise extraordinaire le 28 mars, la direction de Rio Tinto Alcan a annoncé avoir reçu une offre ferme du fonds d’investissement américain HIG Capital pour la reprise de cette activité. « Il s’agit d’un fonds commun de placements à risques d’un financier », déplore Michel Marquant, délégué central FO Rio Tinto, qui accuse les dirigeants du groupe de gérer l’industrie « comme des traders. Ce ne sont que des fabricants de profits.

Habitués à des taux de rentabilité de 60 % dans leurs activités de minerai de fer, ils exigent de leurs autres sites une rentabilité de 40 %, qui est inaccessible », selon le responsable FO. « Même l’usine de production d’aluminium de Dunkerque, qui est moderne, ne peut pas suivre ».

Dunkerque est la dernière usine produisant de l’aluminium en France avec celle de Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie, qui est à vendre depuis la mi-mars.

« Une annonce brutale, qui a surpris tout le monde », témoigne Joël Giraud, délégué FO. Implantée depuis cent quatre ans dans la vallée de la Maurienne, l’usine, qui fait travailler 600 salariés (sans compter plus de 2 000 emplois induits), avait conclu un accord de fourniture d’électricité très favorable avec EDF en 1984, à l’époque où elle appartenait au groupe Pechiney. Le contrat, qui arrive à échéance fin 2013, est en cours de renégociation.

  • Rio Tinto affirme qu’un alignement sur les prix du marché augmenterait les coûts de production de 50 millions d’euros par an et mettrait l’usine en péril. « Rio Tinto veut faire porter le chapeau de la cession de notre usine à EDF, qui propose pourtant un tarif préférentiel », précise Joël Giraud.


Actuellement à 18 euros, le prix du mégawat-theure pourrait passer à 27-29 euros pour un prix du marché de 44 euros, selon la dernière proposition d’EDF.

« En fait, Rio Tinto compte presser le citron tant qu’il y a du jus et vendre l’usine », estime Joël Giraud. « En témoigne l’outil de travail qui se dégrade en raison d’un sous-investissement: au lieu de 10 millions d’euros par an, ils n’injectent plus que trois à quatre millions ».

* Poudre extraite de la bauxite, utilisée dans la fabrication d’aluminium.
** Rio Tinto a racheté en 2007 le canadien Alcan, qui avait lui-même acquis le français Pechiney en 2003, au prix de la perte de 4 500 emplois et de la fermeture ou la cession d’une vingtaine de sites.

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