Plus d'un million de chômeurs auront épuisé leurs droits en 2010
La hausse du nombre de chômeurs en novembre 2009 est « contenue » et « constitue à ce titre une nouvelle encourageante pour la politique de l’emploi », s’est félicité le 24 décembre la Ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, Christine Lagarde.
Pourtant, il n’y avait pas de quoi manifester une quelconque satisfaction, à la vue des chiffres diffusés ce jour-là par Pôle Emploi.
À la fin novembre, il y avait en France métropolitaine pas moins de 2 630 400 inscrits en catégorie A (chômeurs à la recherche d’un travail et n'exerçant aucune activité), soit 476 000 personnes de plus qu’en novembre 2008 (+ 22,1 %). Avec les catégories B et C (1 184 600 personnes) qui « comptabilisent les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite mais à la recherche d'un emploi à temps plein », le nombre de chômeurs s'élevait alors à 3 815 000, soit 629 000 personnes de plus sur un an (+ 19,7 %). Avec les départements d'outre-mer, ce nombre atteignait 4 048 600.
Dès lors, le mois de novembre aura été le seizième mois consécutif de hausse, avec des tendances lourdes. Stéphane Lardy (secrétaire confédéral FO) estime que, contrairement aux affirmations du gouvernement, il n’y a rien d’encourageant dans ces chiffres. Il en veut notamment pour preuve le chômage de longue durée qui a continué de grimper à un rythme élevé.
Le nombre de salarié privés d'emploi et inscrits depuis plus d'un an a en effet progressé de 2,5 % en novembre et de 25,2 % sur un an. « Et, qui dit chômeurs de longue durée, dit l’extrême difficulté pour eux de retrouver un jour un emploi », souligne-t-il.
Fin de droits : urgence à négocier
Se pose également le problème des demandeurs d’emploi en fin de droits, c’est-à-dire sans aucune indemnisation de la part du régime d'assurance chômage. « Pour l'année 2010, plus d'un million de demandeurs d'emploi seront dans cette situation », s’alarme la confédération FO dans un récent communiqué avant de rappeler, que « plus de 75 % des fin de droits ne bénéficient pas d'une aide spécifique au titre de leur chômage ».
Seuls 16 % de ces allocataires sont par exemple éligibles à l'allocation spécifique de solidarité (ASS) qui est versée sous conditions par l'État. À ce propos, FO demande au gouvernement d’élargir les conditions d’accès à l’ASS pour l’ouvrir à un plus grand nombre.
La question des chômeurs ayant épuisé leurs droits doit d’ailleurs faire l’objet de négociations entre le patronat et les syndicats dans le cadre de groupe de travail paritaire les 20 et 22 janvier prochains. « Mais, elle ne sera pas abordée en séance plénière avant le 26 février », déplore Stéphane Lardy.
Or, pour FO, « il y a urgence à ce que cette négociation entamée fin 2009 aboutisse rapidement par une bonification des droits pour éviter que ces personnes ne basculent dans une plus grande précarité ». Car aujourd’hui, environ un chômeur sur trois ne perçoit aucun revenu de remplacement. Un chômeur non indemnisé peut ne percevoir ni ASS, ni RSA si son conjoint travaille et que le foyer atteint un certain seuil de ressources et de patrimoine.
La confédération FO revendique une prolongation de la durée d’indemnisation pour tous ces salariés privés de travail afin de leur éviter de tomber dans une plus grande précarité et demande à l’État d’élargir les conditions d’accès à l'allocation spécifique de solidarité.