Un tiers des seniors se disent inquiets quant à leur avenir professionnel
Alors que la question de l'emploi des seniors est un sujet régulièrement évoqué depuis des mois, que le taux d’emploi des seniors est en forte hausse depuis plusieurs années et qu'un accord interprofessionnel est intervenu ces dernières semaines, les éléments du dernier baromètre communiqués par la défenseure des droits confirment les préoccupations exprimées en pointant les discriminations rencontrées par ces populations.
En effet, la Défenseure des droits et l’Organisation Internationale du Travail (OIT) ont souhaité consacrer la 17e édition de leur baromètre à la perception et aux expériences des discriminations vécues par les personnes de 50 ans et plus au travail.
Il en ressort qu'un tiers d'entre elles se disent inquiètes quant à leur avenir professionnel
Les seniors fortement exposés aux discriminations, notamment dans l’accès à l’emploi
Ce 17e baromètre révèle qu’un quart des seniors déclarent avoir vécu des discriminations (Les résultats de ce baromètre reposent sur une enquête (par Internet) auprès d’un échantillon représentatif de la population active de 2 284 individus âgés de 18 à 65 ans). Ces situations surviennent tout au long du parcours professionnel et de façon plus marquée au moment de l’embauche, après une rupture professionnelle. De plus, un quart des seniors au chômage déclarent qu’on leur a déjà fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors d’un entretien d’embauche. Enfin, la moitié des seniors déclarent avoir connu des relations de travail dévalorisantes au cours des 5 dernières années.
Les personnes victimes de discrimination dans l’emploi en France sont encore trop peu nombreuses à le signaler : un tiers seulement des victimes de discrimination, tous âges confondus, n’ont entrepris aucune démarche pour dénoncer les faits alors que la fréquence des expériences de discrimination dans les interactions quotidiennes dégrade les conditions de travail.
Des préjugés négatifs envers les personnes plus âgées au travail
Cette perception d’un environnement professionnel peu bienveillant reflète l’ampleur et la banalisation des stéréotypes âgistes (la notion d’âgisme est définie comme « un processus de stéréotypage systématique et de discrimination contre les personnes, en raison de leur âge », selon l’OMS), qui véhiculent notamment une image négative de seniors manquant de dynamisme, dépassés par les nouvelles technologies et difficiles à intégrer au sein d’équipes plus jeunes. Découlant bien souvent de ces stéréotypes, les discriminations à l’encontre des seniors sont fortement ancrées – et en partie intériorisées par les personnes concernées.
Les préjugés sont souvent renforcés lorsque les motifs de discrimination se cumulent (état de santé, handicap, origine…). Selon le baromètre 2024, les seniors perçus comme étant d’origine étrangère déclarent ainsi deux fois plus de discriminations dans l’emploi que les autres travailleurs âgés (43% contre 22%). De la même façon, l’expérience des discriminations est plus saillante chez les femmes seniors (26%) que chez les hommes (20%).
Des conséquences délétères et de fortes inquiétudes quant à l’avenir professionnel
Comme pour le reste de la population active, ces discriminations contribuent à renforcer leur isolement, dégradent leur santé mentale et sont susceptibles de conduire à des ruptures.
A la suite de discriminations, 18% des seniors victimes déclarent ainsi avoir démissionné ou négocié leur départ et 17% ont été licenciés ou n’ont pas vu leur contrat renouvelé. Les difficultés de retour à l’emploi rencontrées par les personnes de 50 ans ou plus peuvent également avoir des conséquences en matière de déclassement professionnel et social.
Plus de la moitié des seniors au chômage (56%) déclare avoir déjà postulé à un emploi en dessous de leurs compétences.
Les seniors expriment de fortes inquiétudes quant à leur avenir et au risque de futures discriminations en raison de leur âge : un tiers d’entre eux se disent inquiets quant à leur avenir professionnel et un sur cinq déclare travailler avec la peur de perdre son emploi ; les actifs du privé davantage que ceux du public.
L’accompagnement par l’employeur : rôle et responsabilité
Parmi les salariés de 50 ans ou plus ayant évoqué avec leur employeur les difficultés au travail, seul un sur deux considère que ce dernier a été à l’écoute. Pourtant, la Défenseure des droits rappelle que l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés et garant de la démarche de prévention et de santé au travail et de sa mise en œuvre.
Par conséquent, elle invite les employeurs à prévenir et sanctionner les discriminations dans l’emploi en veillant particulièrement à centrer leurs pratiques d’embauche, de promotion et de formation professionnelle sur les aptitudes et les capacités des personnes.
Pour plus d'infos:
- Enquête - 17e baromètre sur la perception des discriminations dans l'emploi - 2024 (pdf, 1018.62 Ko)