Participatif
ACCÈS PUBLIC
07 / 10 / 2025 | 11 vues
Jacky Lesueur / Abonné
Articles : 2064
Inscrit(e) le 04 / 03 / 2008

Premier rapport de la présidente des jurys 2025 de l’Institut national du service public: constats et perspectives d'évolutions

Hélène Farnaud‑Defromont, Présidente des jurys de concours d’entrée à l’INSP (l’Institut national du service public) de 2025 vient de publier son rapport annuel pour apporter ses observations et les enseignements à tirer des recrutements opérés pour la dernière promotion.

 

La  session 2025 des concours d’entrée à l’INSP était spéciale à plus d’un titre :
 

- à la faveur du changement du calendrier des épreuves (épreuves écrites organisées en mars et orales de mai à juillet), elle est intervenue très rapidement après les résultats de la session 2024, proclamés en décembre ;

- elle a installé les nouvelles épreuves issues de la réforme qui avaient été mises en œuvre pour la première fois l’année précédente (notamment celle de la mise en situation collective) ;

- elle offrait un nombre limité de places (60 pour les cinq concours de la voie générale, comme l’année précédente)

 

Les principaux éléments à retenir:

 

- Des concours de plus en plus attractifs et hautement sélectifs

 

Le nombre d’inscrits aux cinq concours de la voie générale est passé de 2 159 en 2024 à 2 612 en 2025 ; le nombre de présents à la dernière épreuve d’admissibilité de 1 237 à 1 492, soit dans les deux cas une hausse de plus de 20 %.

 

Le taux de sélectivité (nombre de places offertes rapporté au nombre de candidats présents à la dernière épreuve) est donc lui aussi en hausse pour l’ensemble des concours, il passe à :

- 1/35 pour le concours externe, contre 1/28 en 2024 et 1/18 en 2023 ;

- 1/47 pour le deuxième concours externe « Talents », contre 1/35 en 2024 et 1/24 en 2023 ;

- 1/15 pour le concours interne, contre 1/14 en 2024 et 1/9 en 2023 ; 

- 1/20 pour le troisième concours, contre 1/18 en 2024 et 1/10 en 2023 ;

- 1/54 pour le concours spécial Docteurs, contre 1/43 en 2024 et 1/31 en 2023.

...des taux qui  placent les concours d’entrée à l’INSP parmi les plus sélectifs de la fonction publique.

 

Si ce  regain d’attractivité peut être considéré comme   ne bonne nouvelle, il convient de souligner que cette sélectivité est en fait renforcée par la baisse du nombre de places offertes aux concours de la voie générale (on est loin des promotions de 100 à 120 et les promotions 2024 et 2025 ont été réduites respectivement à 60 et 68 places en raison du changement de calendrier des concours qui a donné lieu à deux rentrées à l’INSP en 2025)
 

La présidente attire donc l'attention sur le fait  qu'il serait dommage que cette hyper sélectivité impressionne et décourage de futurs candidates et candidats potentiels , ce qui la conduit à  recommander que le nombre de places offertes  soit revu à la hausse, pour  "consolider les viviers de hauts fonctionnaires pour l’avenir, les temps exigeant plus que jamais que la colonne vertébrale de l’Etat demeure robuste."

 

- Un équilibre femmes - hommes en net progrès,(pour la première fois, cette promotion est parfaitement paritaire pour la voie générale), mais une représentativité de la diversité française encore limitée

 

Le rapport insiste sur le fait qu'il apparaît  de plus en plus évident que la diversification des profils se joue bien en amont des concours :

- par l’amélioration de l’accès à l’information en matière d’orientation dès les années lycée, partout sur le territoire métropolitain et outre-mer ;

- par le renforcement des dispositifs d’accompagnement, de formation et de coaching spécifiques pour les élèves a priori plus éloignés des carrières de la haute fonction publique, de manière à lutter contre les phénomènes d’auto-censure ;

- par la multiplication des démarches pro-actives de présentation des parcours de hauts fonctionnaires par l’INSP, les administrations et les hauts fonctionnaires eux-mêmes.

La présidente suggère la mise en place d' un « plan d’action » pour accroître la diversification des candidatures aux concours d’entrée à l’INSP ; Pour elle, la conception d’un tel plan pourrait constituer un objectif collectif intégré à leur scolarité à l’Institut et évalué à l’issue de leur formation initiale.

 

Les principales suggestions à l’intention de l’INSP:
 

-  confirmer définitivement le caractère obligatoire de l’épreuve orale en langue anglaise pour deux raisons au moins : très rares sont aujourd’hui les politiques publiques qui n’ont pas une dimension européenne ou internationale et tout administrateur/administratrice de l’Etat peut donc être amené(e) à avoir besoin de comprendre et d’utiliser l’anglais dans le cadre de son parcours ;... et la banaliser en lui donnant sa juste place dans l’évaluation globale des candidats : ni « épreuve-couperet » (ce qu’elle est de facto lorsqu’elle prévoit une note éliminatoire) ni variable d’ajustement, l’épreuve d’anglais gagnerait de son  point de vue à devenir une épreuve comme une autre où tous les points sont pris en compte, avec un coefficient plus modeste (1 ou 2) que les deux autres épreuves d’admission, mais sans statut dérogatoire

- Indépendamment de l’ouverture éventuelle d’un plus grand nombre de places offertes et nonobstant son caractère toujours expérimental, le jury estime que  le  concours externe spécial réservé aux titulaires d’un doctorat  gagnerait à se voir adjoindre une seconde épreuve écrite (à déterminer), laquelle permettrait d’évaluer et de classer plus précisément les nombreux candidats et candidates. Le jury recommande également fortement que l’épreuve de mise en situation collective soit étendue aux candidats et candidates admissibles de ce concours.

Pas encore de commentaires