Future usine Safran de Rennes, une bonne nouvelle, mais une filialisation
L’ouverture en 2027 d’une nouvelle usine Safran près de Rennes réjouit Daniel Barberot, coordinateur syndical FO de Safran et secrétaire fédéral FO métallurgie. Mais les futurs salariés seront couverts par le socle social minimum du groupe. Le syndicat se prépare à un combat de longue haleine.
Safran a posé, le 11 juillet, la première pierre de sa nouvelle usine de Chartres-de-Bretagne, au sud de Rennes (Ille-et-Vilaine). Prévue pour être mise en service début 2027, cette usine produira des aubes (pales) de turbines pour les moteurs d’avions militaires (Rafales) et civils (notamment l’A320 néo) de Safran. Ses salariés répareront également les aubes des moteurs civils.
Une bonne nouvelle...mais...
Sur le site de La Janais, où est déjà implantée l’usine Stellantis, Safran emploiera 200 salariés à la fabrication d’aubes et 250 à leur réparation, fait savoir le syndicat.
....Attention au social
Ce nouveau site va garantir la souveraineté de ces activités de fabrication et réparation d’aubes de turbines, notamment par la réindustrialisation en France de la fonderie, réalisée auparavant par des fournisseurs américains, explique Daniel Barberot. Mais si la nouvelle a de quoi réjouir, attention au social, prévient le militant.
En effet, Safran a décidé que ce nouveau site serait une filiale et non pas un site supplémentaire de Safran aircraft engines (SAE), la filiale de Safran qui conçoit, fabrique et entretient les moteurs (anciennement Snecma), pointe le syndicat .
En conséquence, les futurs salariés de l’usine rennaise de Safran turbine airfoils (c’est le nom de cette filiale) seront couverts par le socle social de base de Safran (prévoyance, épargne salariale, accords groupe formation, harcèlement...) mais pas par celui de SAE, plus avantageux. Ils ne bénéficieront pas des salaires pratiqués à SAE, qui sont les meilleurs du groupe Safran ; ni de sa prime d’ancienneté, « deux fois plus élevée que ce que prévoit la convention collective » ; et pas de son comité social et économique (CSE), dont le budget s’élève à 5% de la masse salariale (contre 1% en moyenne en France)
Demande d’intégration dans SAE
Mais le syndicat n’entend pas se contenter d’un tel constat.
Convaincu que la performance industrielle fonctionne de pair avec la performance sociale, le syndicat revendique l’intégration de l’usine comme établissement à part entière de SAE et l’égalité de traitement social avec les collègues de Gennevilliers et Châtellerault », deux sites de SAE dont les activités sont proches de celles de Chartres-de-Bretagne.
Cela ne surprendra personne, la direction n’est pas dans cette logique.
Créer un site coûte de l’argent, Safran veut un retour sur investissement avant d’investir dans le social. Un argument de la direction est que : soit l’entreprise investit en France et elle prend son temps, soit elle investit à l’étranger. De plus elle nous indique ne pas vouloir aspirer trop rapidement les salariés du territoire avec des salaires trop importants par rapport à ce qu’il se pratique dans la région, ce qui est pour nous un argument non recevable, explique Daniel Barberot.
Toutefois, par expérience, nous savons qu’il faudra de longues années pour que les salariés de Chartre-de-Bretagne puissent bénéficier de meilleures conditions sociales, analyse le militant, évoquant notamment Safran aero composite, située à Commercy (Meuse), et où la lutte pour de meilleures mesures sociales demeure compliquée.