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02 / 10 / 2025 | 13 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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L’absentéisme pour maladie ordinaire et accident de travail dans le secteur public repart à la hausse

Après avoir publié il y a quelques semaine une étude sur la hausse de l'absentéisme dans le secteur privé, WTW s'est penché sur le secteur public... et un même constat s'impose.

 

Après une année de stabilisation en 2023, l’absentéisme pour maladie ordinaire et accident de travail dans le secteur public repart à la hausse en 2024, pour atteindre 6,1%.

 

Le Baromètre de l'absentéisme dans le secteur public, réalisé par WTW en France auprès de 10 000 collectivités employant 258 000 agents, donne des éléments très concrets  sur  l’évolution des tendances et les enjeux de l’absentéisme dans les structures publiques pour l’année 2024 , et recense les leviers pour y remédier.

 

Une progression des arrêts pour maladie ordinaire marquée par une durée plus importante

 

En 2024, le taux d’absentéisme pour maladie ordinaire atteint 4,7%, en hausse de 0,3 point par rapport à 2023. Cette progression, qui touche l’ensemble des collectivités, s’explique principalement par l’allongement de la durée des arrêts, qui atteint 34 jours en moyenne (+1,5 jour vs 2023).

 

Chaque agent absent a ainsi passé en moyenne 17,3 jours en arrêt maladie ordinaire au cours de l’année, contre 16,5 en 2023 et près d’un tiers des agents (31,6%) ont été absents au moins une fois dans l’année, confirmant un phénomène désormais structurel depuis la crise sanitaire.

 

Alors que les arrêts courts (1 à 10 jours) reculent, les arrêts de longue durée progressent fortement. S’ils ne représentent que 24% des arrêts, ces derniers concentrent plus de 80% du volume total de jours d’absence, illustrant le poids croissant des risques psychosociaux (qualité de la relation d’emploi, conciliation des temps

professionnels et privés, relations au travail,...) et liés à l’usure professionnelle.

 

Des populations inégalement touchées

 

Le taux d’absentéisme pour maladie ordinaire reste relativement stable pour les agents âgés de moins de 50 ans. Il connaît en revanche une forte augmentation chez ceux de plus de 50 ans, atteignant 7,4% (contre 7% en 2023), conséquence directe de l’allongement des carrières et de l’usure professionnelle. C’est également sur cette tranche d’âge qu’on observe la fréquence (66%), la prévalence (18,1%) et la durée moyenne d’absence (41 jours) les plus élevées. Il sera nécessaire de prendre des initiatives dès à présent afin de minimiser les effets de l’usure professionnelle et promouvoir la santé publique et ainsi prévenir les maladie.

 

Du côté des plus jeunes agents des collectivités territoriales, on remarque une fréquence d’arrêts plus élevée pour les maladies ordinaires mais une durée moyenne des arrêts quasi similaire en ATMP.

 

L’absentéisme se révèle globalement plus marqué au sein des grandes collectivités. D’une part, l’après-Covid et la généralisation du télétravail ont transformé le rapport des agents au travail, renforçant leur recherche d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. D’autre part, la taille même de ces structures peut diluer le sentiment d’appartenance, en particulier chez les jeunes générations ou les nouveaux arrivants, et rendre l’absence d’un agent moins visible et donc plus facilement acceptable. À l’inverse, dans les petites collectivités, l’impact immédiat d’une absence sur le service rendu et le lien direct avec les administrés incitent les agents à recourir à l’arrêt avec davantage de retenue.

 

Accident de travail : un taux stable mais des durées d’arrêt en hausse

 

Le taux d’absentéisme lié aux accidents de travail (ATMP) reste stable à 1,4% en 2024, un niveau observé depuis 2019. Toutefois, la durée moyenne des arrêts augmente à 84 jours (+2 jours vs 2023 et +5 jours vs 2021), accentuant la charge financière et organisationnelle pour les collectivités qui y font face.

 

Dans les mêmes proportions qu’en 2023, les accidents de service demeurent la principale cause d’absence (73% des arrêts), suivis des maladies professionnelles (15%) et des accidents de trajet (12%). La maladie, bien que moins fréquente, pèse fortement sur l’absentéisme lié aux accidents de travail, représentant un tiers (34%) des jours d’arrêts.

 

Malgré les progrès techniques au niveau des équipements, on constate une concentration d’ATMP sur les métiers impliquant des tâches physiques : nettoyage et maintenance des locaux (16%), circulation (11%), entretien des espaces verts (8%), animation/enfance (7%). Les principaux facteurs d’accidentologie restent liés aux efforts de soulèvement, aux manipulations de charges et aux chutes.

 

Prévenir pour agir

 

Les résultats de l’Observatoire de l'absentéisme dans le secteur public confirment ainsi la place croissante des risques psychosociaux (stress, burn-out, surcharge de travail, conciliation vie privée/vie professionnelle) dans les arrêts longs. La pandémie de Covid-19 a durablement transformé les comportements et les attentes des agents, avec un rapport au travail profondément modifié.

 

L’usure professionnelle, tant physique que psychique, touche plus particulièrement les agents seniors et appelle à une action renforcée en matière d’accompagnement, d’adaptation des postes et de parcours professionnels.

 

Cette hausse de l’absentéisme constitue globalement un signal d’alerte. Au-delà de ses impacts budgétaires, elle traduit une dégradation du lien entre les agents et leurs collectivités. Un travail de prévention doit être envisagé comme réponse structurelle et non comme action ponctuelle.

 

Les leviers identifiés sont multiples :

  • En amont : sensibilisation aux risques, formations en santé et en sécurité, renouvellement et modernisation des équipements de protection.

  • Pendant l’arrêt : préparation d’entretiens de ré-accueil, maintien du lien avec l’agent.

  • Dans la durée : adaptation des postes pour les seniors, accompagnement des carrières, analyse des causes organisationnelles des arrêts, dépistage et accompagnement sur la santé publique.

 

Pour  Noémie Marciano, Directrice de l’activité Assurance de personnes de WTW en France:« En 2024, l’absentéisme dans le secteur public repart à la hausse, avec un double constat : la fréquence des arrêts progresse chez les jeunes et leur durée s’allonge chez les seniors. Dans un contexte d’allongement des carrières et de fortes contraintes budgétaires, les collectivités doivent faire de la prévention un pilier central de leur organisation afin de préserver la santé des agents et d’assurer la continuité du service public, au service des assurés et de leur rôle d’employeur. » 

 

Le Baromètre de l’absentéisme dans le secteur public - édition 2025 - est disponible ici

 

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