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13 / 12 / 2022 | 148 vues
Sylvie Frayssinhes / Membre
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Orange: Les conditions de travail à l’ère du numérique

La technologie a considérablement évolué au cours des dernières décennies. Emplois, organisations du travail… le digital transforme tout sur son passage et bouleverse notre façon de travailler, de nous déplacer, de communiquer, et même nos comportements au travail. Pourtant, l’accès à la technologie demeure essentiel et près de 78 % des dirigeants français trouvent que le fait de disposer d’outils numériques augmente leur productivité. Certes, la technologie joue un rôle déterminant dans notre efficacité, mais également dans l’attractivité de l’entreprise. En effet, 65 % des collaborateurs déclarent être plus attirés par une entreprise qui investit dans le numérique et 69 % estiment que les meilleures organisations investissent dans les technologies digitales pour améliorer les compétences de leur personnel. Néanmoins, nous devons prendre la mesure des impacts en matière de conditions de travail afin de pouvoir mieux les appréhender.

 

Comment la transformation numérique impacte notre environnement de travail ?


Le numérique a changé nos façons de communiquer sur le lieu de travail. L’accès à la messagerie professionnelle depuis nos smartphones permet un travail à partir du domicile et des lieux de vie, tant le soir que le week-end voire en vacances. Certes, on pourrait dire que tout cela facilite la fluidité des échanges et la réactivité, mais à quel prix ?


Bien que les informations soient relayées rapidement et largement, contribuant ainsi au collectif, il n’en demeure pas moins une augmentation des risques. La multiplication des outils, sans hiérarchie ou stratégie d’usage et l’inflation de la charge informationnelle tendent à effacer les frontières entre vie privée et vie professionnelle.

 

Nous observons une exigence de disponibilité et d’attention soutenue avec la nécessité d’être connectés en permanence à des écrans et à des systèmes de communication multiples. Le développement d’une « culture de l’urgence et de l’instantanéité de la réponse » à une question posée ou à une situation donnée peut induire une forme de travail en urgence et amplifier les interruptions et par conséquent la fragmentation du travail.

 

À cela s’ajoutent une quantité d’informations reçues considérable à lire ou à analyser pour les trier ou les relayer, et ce tout au long de la journée. La multiplication d’interruptions dans le flux naturel de travail perturbe l’accomplissement des tâches, nécessitant de la concentration, et donne le sentiment de ne pouvoir jamais s’arrêter, avec le risque de s’épuiser. Tous ces facteurs réduisent l’autonomie de chacun et la capacité à s’auto-organiser, induisant une intensification du travail et par conséquent une surcharge mentale.

 

À juste titre, l’IFOP la définit comme « l’encombrement psychologique provoqué par des préoccupations d’ordre professionnel, y compris en dehors des horaires de travail ».

 

Comme le souligne le rapport de la Commission du CSEC à Orange portant sur la Prévention des Risques Professionnels et la Promotion de la Santé au Travail, on constate « une forme d’habituation et de banalisation du mal-être des équipes, là où les termes de surmenage et burn-out  se font très souvent entendre et ne constituent plus des cas isolés ».

 

Des solutions existent, l’entreprise doit avoir la volonté de les appliquer !

 

Ce n’est pas une fatalité. Il ne s’agit pas de limiter les accès aux serveurs de messagerie. Cela pourrait être vécu comme une perte d’autonomie et risquerait de générer un stress lié à l’anticipation d’une aggravation de la charge de travail au moment de la reconnexion. En revanche, identifier les usages hors temps de travail serait une piste à explorer. Clarifier en réunion d’équipe les normes implicites de communication en vigueur dans l’équipe, sous le prisme de la prévention des risques et en sensibilisant aux risques des usages excessifs, peut également contribuer à préserver les salariés. Il faut définir précisément les modalités d’application du droit à la déconnexion et se doter de moyens pour aider à son respect.


Au-delà des solutions locales, la transformation numérique et la digitalisation du travail obligent à mieux anticiper et prendre en charge les impacts induits.
 

Pour notre organisation syndicale , les choix technologiques et les décisions stratégiques prises dans les organisations du travail doivent être repensés par Orange en intégrant une prévention spécifique de ces risques, et ce de manière continue.

 

Vigilance accrue pour les télétravailleurs

 

Avec le développement des environnements de travail dynamiques, le télétravail devient de plus en plus plébiscité par les salariés d’Orange. Selon l’enquête triennale sur le stress et les conditions de travail, il contribue à la réduction des trajets (91 %), un meilleur équilibre vie professionnelle/vie privée (86 %), au fait de pouvoir mieux se concentrer (85 %) et de ne pas être interrompu dans ses tâches (78 %).


Pour autant, en télétravail, les risques liés au débordement de l’activité professionnelle sur la sphère privée sont augmentés et doivent faire l’objet d’une attention particulière en matière de prévention. Une vigilance accrue doit être portée à certains signaux forts tels que des difficultés d’organisation et de gestion des priorités, des envois de mail tardifs ou en dehors des périodes travaillées. Evaluer régulièrement la charge de travail avec le salarié, s’assurer du respect des pauses et de la durée hebdomadaire du travail sont des points incontournables.

 

Ces nouvelles technologies signent-elles la fin du management « top down » ou structuré de façon pyramidale et l’avènement d’un modèle plus horizontal, fondé sur l’écoute et l’engagement ?

 

Faire confiance à son équipe, définir des objectifs réalisables et mesurables, communiquer de façon transparente, veiller à la qualité des environnements et outils de travail et préserver des temps de travail collectif sont autant de clés pour bien manager à distance.


Nous  considérons qu’il est primordial de prendre conscience des dérives associées à ces technologies, de repenser leurs usages dans l’organisation du travail, de favoriser des pratiques plus respectueuses de la Qualité de Vie au Travail. Orange porte la responsabilité de son organisation du travail et doit tout mettre en œuvre pour garantir le respect de l’accord Equilibre Vie privée / Vie professionnelle ainsi que le droit à la déconnexion. Notre rôle en tant que partenaire social est essentiel pour négocier des accords de méthode sur la conduite des changements indispensables à mettre en œuvre.

 

Comment lutter contre le développement des incivilités numériques entre collaborateurs ?

 

De quoi parle-t-on ? Les incivilités numériques au travail renvoient à la violation des règles de respect mutuel. Ces comportements enfreignent les règles de la vie sociale, s’opposent aux normes d’échange et au respect d’autrui attendus dans un cadre professionnel. Les incivilités constituent un facteur de risque psychosocial à prendre en considération.


Ainsi, une forme de violence « ordinaire » au travail s’est amplifiée avec l’apparition des outils collaboratifs dont les réseaux sociaux d’entreprise. L’oubli des formules de politesse conventionnelles (bonjour, merci, etc.), l’absence de réponse, le ton et la ponctuation employés, le fait de prendre ses appels ou de répondre à des sms lors d’une conversation, (…) peuvent avoir un impact négatif sur la Qualité de Vie au travail. Ces pratiques sont loin d’être anodines et contribuent à augmenter le risque de tensions et de conflits.


Bien  que ces incivilités numériques soient peu remontées, les usages et normes acceptés doivent être définis au sein du collectif.

 

Pour Orange, l’enjeu consiste donc à communiquer et sensibiliser sur les bonnes pratiques mais aussi à mettre en place des dispositifs permettant d’identifier et d’évaluer les incivilités numériques dans les outils de prévention avec, par exemple, des enquêtes QVT.

 

Qu’en est-il des risques physiques ?

 

La sédentarité

 

La sédentarité est un facteur de risque majeur pour les maladies telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, la dépression, l’anxiété(…). Il est recommandé de faire au moins 30 minutes d’activité physique par jour et de se lever toutes les 2 heures en temps normal.

En télétravail, cette vigilance doit être renforcée.

 

Les troubles Musculo-Squelettiques

 

Première cause de maladie professionnelle en France, ils se manifestent par des douleurs dans les mouvements qui, sans mesure de prévention, peuvent entraîner à terme une incapacité au travail et dans la vie quotidienne.


Les TMS regroupent un ensemble de maladies localisées au niveau ou autour des articulations : poignets, coudes, épaules, rachis ou encore genoux. Les contraintes posturales imposées par l’usage des écrans, parfois de petite taille, augmentent le risque de cervicalgie.

 

La fatigue visuelle

 

Le travail sur écran génère de la fatigue visuelle qui se traduit par des yeux secs, des picotements, des éblouissements, une myopie temporaire, des maux de tête, etc.


Accompagner les salariés au quotidien fait partie des engagements prioritaires de notre organisation syndicale.


La prévention primaire constitue une mission majeure qui a pour objectif d’identifier les risques à leur source et d’apporter des solutions adaptées.
 

Des moyens suffisants doivent être alloués aux Services de Prévention et de Santé au Travail ainsi qu’a tous les acteurs concernés (managers, RH, préventeurs…). « Selon l’Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité, les adultes passent en moyenne 12 heures par jour assis les jours travaillés, et 9 heures par jour assis les jours non travaillés. » « Selon l’Assurance Maladie, les TMS représentent 87 % des maladies professionnelles et le mal de dos 20 % des accidents du travail. »

 

Le développement des nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication a généré de nouveaux usages professionnels, souvent peu maîtrisés et mal encadrés. Ils justifient, comme nous le revendiquons depuis plusieurs années, que des éléments fondamentaux du droit du travail soient consolidés.
 

Les TIC doivent devenir une source de progrès, aussi bien pour le salarié que pour l’entreprise, ce qui oblige à établir de nouvelles protections collectives et individuelles. Pour nous, l’impact du numérique doit permettre d’améliorer les conditions de travail, créer des emplois, sécuriser les parcours professionnels et renforcer les droits des salariés.
 

En dépit des discours volontaristes, nous attendons d’Orange, en tant qu’employeur socialement responsable, un engagement total et des actes forts en matière de prévention des risques et de Qualité de Vie au Travail.

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