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05 / 02 / 2025 | 19 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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La Fondation de l'Avenir occupe une place d'accélérateur d'un progrès universel, appliqué, multidisciplinaire

Qu'ils soient usagers ou acteurs du système de santé, les Français expriment une attente forte de changement. Les besoins de financements sur fonds publics et privés sont très significatifs et la diversité des modes de soutien doit être préservée. Le mécénat à la recherche joue un rôle non démenti et porteur de solutions. La Fondation de l'Avenir occupe une place d'accélérateur d'un progrès universel, appliqué, multidisciplinaire. Marion Lelouvier, Présidente du Directoire  de la Fondation de l'Avenir a bien voulu répondre à mes questions....

 

Vous venez de démarrer votre 5ème année de mandat comme présidente du directoire de la Fondation de l’Avenir, et de valider un plan triennal pour 2025 à 2027 avec le conseil de surveillance dorénavant présidé par Matthias Savignac, quels en sont les grands axes ? 

 

La presse fait état des alertes économiques et sociales dans les établissements de soins et de recherche. La recherche prend sa part, elle travaille à des solutions pour améliorer la prévention, l’organisation et les parcours, du diagnostic aux soins, puis à la prise en charge des vulnérabilités et dépendances. La Fondation de l’Avenir doit cultiver le soutien spécifique qu’elle apporte aux soignants et, à travers eux, à l’ensemble des Français, avec un principe d’universalité. Pour réussir ce défi, la Fondation a à cœur de sélectionner de manière équilibrée des travaux qui s’adressent à une population large, dans le cas des maladies chroniques par exemple, et aussi à des sujets de pointe, comme des maladies rares. Avec toujours la même logique : les projets sont sélectionnés pour leur potentiel de voies applicatives, par des techniques qui pourraient évoluer vers des dispositifs à moyen terme plus simples et accessibles.  

 

La confiance est un ressort fondamental de toutes nos démarches. Le baromètre du Don en confiance, publié fin 2024 le rappelle, elle repose sur la transparence et l’exemplarité. Ainsi, dans ses missions sociales, la Fondation de l’Avenir s’intéresse à la question de la pérennité du système de protection sociale, que ce soit sur le plan financier ou la recherche en soins durables, c’est-à-dire avec des impacts environnementaux mesurés et diminués, ou approfondissant les liens santé-environnement. Dans son fonctionnement, la Fondation continue de déployer sa propre responsabilité sociétale d’organisation, notamment en tant qu’employeuse et détentrice de placements. 

 

Cette confiance est nourrie au quotidien par et dans nos relations avec notre écosystème, c’est pourquoi la Fondation de l’Avenir se situe au carrefour. Elle intervient entre acteurs académiques et industriels, mais aussi entre les familles de l’économie sociale et solidaire : mutuelles santé et prévoyance retraite, banques coopératives, associations de patients ou living labs, opérateurs d’établissements privés non-lucratifs quel que soit leur statut spécifique.  

 

En 2025, la Fondation de l’Avenir continuera donc de financer des études interdisciplinaires avec ces acteurs de l’intérêt général, publics et privés non-lucratifs, et de s’impliquer dans des collectifs, comme au sein du Centre français des Fonds et Fondations que j’ai l’honneur de présider depuis 2 ans. 

 

Puisque vous évoquez la fédération du secteur, pourriez-vous préciser le lien et l’apport des fondations et du mécénat au sens large, à la recherche médicale ? 

 

La Fondation de l’Avenir est une fondation qui finance la recherche en santé et participe directement à certains projets. Elle joue un rôle essentiel et singulier au sein de la communauté française de fondations, dont par exemple, la Fondation Recherche Médicale - FRM, la Fondation de France, l’ARC, la Fondation Bettencourt Schueller, ou des fondations spécialisées comme la Fondation Cotrel, abritée par l’Institut de France (avec laquelle nous avons cofinancé le Dr Jean-François Catanzariti avec Harmonie Mutuelle - Groupe VYV). 

 

Pourquoi existe-t-il autant de fondations ? Parce que chacune dispose de son angle particulier, de ses cercles de fondateurs et de donateurs, mais surtout parce que nos actions en cofinancement ou en relais, à différents stades des recherches ou encore les soutiens méthodologiques apportés par les fondations diffèrent des fonds publics ou des soutiens en mécénat direct par les bailleurs privés lucratifs. 

 

Les fonds publics interviennent plutôt lorsqu’un niveau de preuves suffisant a été apporté, pour une consommation la plus raisonnée du budget de l’Etat, des administrations et des collectivités. Il requiert souvent un processus de décision allongé, avec un taux de chance limité, et met en place un suivi régulier et très étayé. Les chercheurs regrettent souvent une charge administrative et un cadre trop contraignant. 

 

Le marché quant à lui bénéficie d’une agilité plus forte (hors procédures d’autorisation qui relèvent de la puissance publique). Mais il intervient sur un potentiel de débouchés commerciaux, souvent en technologies ou médicaments, sans toujours inclure l’anticipation des conditions d’usage des dispositifs, à l’accompagnement ou à la formation des usagers. 

 

Le mécénat et la philanthropie interviennent donc dans tous les interstices laissés par et entre les « fonds privés à (fort) rendement financier » et les « fonds publics à (fort) rendement social ». Ces interstices sont nombreux. Les fondations considèrent de manière équivalente les innovations sociales et technologiques, elles accompagnent des chercheurs mondialement reconnus, ou encore des jeunes cliniciens, elles acceptent l’erreur voire l’échec sans contrepartie, elles donnent le temps aux itérations. Leurs financements couvrent différentes natures de dépenses (éventuellement immobilières et mobilières – établissements et laboratoires – mais aussi amortissements, entretiens, prestations, consommables, RH, informatiques, assurances, etc.), contrairement à d’autres bailleurs. Ces financements peuvent être de court ou long terme, pluriannuels ou répétés, fléchés ou non. Les coûts indirects générés par la réponse aux appels à projet et ensuite le suivi sont considérés par les chercheurs comme plus absorbables et aussi utiles car ils ne constituent pas une seule exigence administrative mais plutôt une discussion sur l’ensemble des freins, avancées et résultats de recherche.  

 

Ils forment ainsi un effet levier rarement mesuré : le crédit réputationnel permet aux chercheurs d’obtenir ensuite d’autres financements, de manière exponentielle. 

 

L’atout de la Fondation de l’Avenir, dans cet écosystème, est sa capacité historique et continument réactualisée à relier les financeurs et les chercheurs avec des terrains d’expérimentation : au sein des établissements mutualistes, cliniques, EHPAD, centres de santé ou encore établissements d’accueil de la petite enfance, mais elle s’implique aussi auprès des fondations opératrices, gestionnaires d’établissements, comme le Fonds Kerpape, la Fondation Santé des Etudiants de France, etc. 

 

Dans le cadre que vous venez de décrire, je me souviens que vous vous étiez exprimée sur les réseaux sociaux de manière assez intense lors des débats parlementaires sur la 1ère version du projet de loi de finances pour 2025. En ce début d’année, quels sont vos messages ?  

 

Les messages restent les mêmes qu’en octobre 2024. 
 

Les acteurs de la recherche, de la prévention santé, du soin et de l’accompagnement des personnes malades, vulnérables ou dépendantes subissent le contexte de restriction des ressources. Les tensions économiques pèsent sur les comptes et la capacité à rénover, investir ou innover, voire menacent les établissements d’éventuelles fermetures si aucune solution n’était trouvée avec les financeurs publics et donc la continuité des soins. Il existe des tensions sociales en conséquence, qui s’accentuent depuis plusieurs années : manque d’attractivité des métiers et dégradation des conditions de formation, de travail, de coopération. Les soignants en établissement comme au domicile sont confrontés à une charge de travail plus intense, avec les défis de l’âge, des maladies chroniques, de la santé mentale, qui font naître aussi de nouvelles exigences ou postures des patients et de leurs aidants. Les membres d’ESS France dont le CFF fait partie attirent donc l’attention des parlementaires, du Gouvernement et des agences de l’Etat sur le nécessaire soutien à apporter aux acteurs sanitaires et médico-sociaux privés non-lucratifs. Comme nous l’avions travaillée à l’automne, une mesure sur les taxes sur les salaires pourrait constituer un premier niveau de réponse. 

 

Dans ce contexte, pour préserver et développer la place de la France dans la recherche médicale et/ou tout simplement pour assurer les services essentiels à la santé des Français, l’apport des fonds privés à l’intérêt général doit être protégé, voire augmenté. D’un PLF à l’autre, les attaques sur le mécénat ciblé comme une niche pour les plus aisés, ou une dépense pour l’Etat, oublient trop que l’Etat a réduit la présence des services publics depuis 40 ans, et a souvent délégué à des acteurs privés, non-lucratifs ou même lucratifs, des interventions en santé, recherche, éducation, culture, transition écologique ou logement. Quand elle est utilisée, dans deux tiers des cas environ, la déduction d’impôt n’est que partielle,40%, 60%, 75% exceptionnellement, comme nous venons de le voir pour le soutien à Mayotte. Ces fonds privés réunis au sein des fonds et fondations génèrent une valeur considérable, que nous allons encore investiguer, mesurer afin de développer la connaissance.  

 

En attendant, je vous invite à consulter la campagne #surperpouvoirdudon qui vient de s’ouvrir et je remercie tous les donateurs, mécènes, acteurs et soutiens de la générosité. 

 

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