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EDF : fin de l’aventure américaine dans le nucléaire aux États-Unis
Le 9 août, par communiqué de presse, EDF annonçait la cession de 49,9 % de Constellation Energy aux États-Unis qu’elle avait acquise à vil prix en 2008. Comme le précise un article du Figaro du 10 août, la cession s’est réalisée au prix de 753 millions d’euros alors que ces titres étaient valorisés dans les comptes d’EDF à 1,9 milliard d’euros. Le résultat de cette aventure américaine, dont les 49,9 % avaient été achetés 4,5 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) en pleine crise financière, est donc désastreux.
Les conditions de l’acquisition de cette société en 2008 durant la présidence de Pierre Gadonneix, sur fond de bataille boursière avec le milliardaire Warren Buffet, avaient amené l’administrateur FO de l’époque à voter contre cette acquisition. Non seulement le prix paraissait très élevé (puisqu'EDF achetait le double du prix de Warren Buffett) mais à cela s’ajoute le fait que la réglementation américaine interdisait à une société étrangère de détenir plus de 50 % d’un exploitant nucléaire, ce qui représentait une fragilité de départ évidente. Or, la justification principale de cet investissement de la part de ses promoteurs était de pouvoir construire des EPR aux États-Unis, notamment à Calvert Cliffs dans le Maryland, dont les terrains appartenaient à Constellation.
Les faits nous ont malheureusement donné raison. Alors que c’est EDF et elle seule qui a sorti cette société américaine en grande difficulté financière de l'eau, nos « amis » ont unilatéralement décidé d’abandonner le projet de Calvert Cliffs en 2010, une fois leur situation assainie. EDF a ensuite été dans l’impossibilité de trouver un nouveau partenaire américain pour construire des EPR, d’autant que la révolution du gaz de schiste, déjà entamée lors de l’acquisition, a affaibli la rentabilité des centrales.
Dans son rapport sur la stratégie internationale d’EDF, la Cour des comptes a noté en novembre 2015 que « l’opération du développement du nucléaire sur le marché américain s’est révélée être un échec coûteux, imputable dans une large mesure à une erreur d’appréciation commise par EDF en 2009 au moment de nouer les conditions de son partenariat avec Constellation ». Il n’y avait donc plus d’autre choix que de vendre cet actif à Exelon, devenu majoritaire dans CENG, dans les conditions les moins mauvaises possibles, cet actif n’ayant aucune utilité industrielle, ne générant aucun dividende et dont la vente permet de désendetter le groupe.
Cela avait été rendu possible par une renégociation des accords avec Exelon en avril 2014, sous Henri Proglio, dont l’un des principaux éléments a été la possibilité pour EDF de se désengager de CENG (entre 2016 et 2022) et de vendre cette participation à Exelon à « sa juste valeur ». Mais cette aventure américaine aura coûté très cher à EDF et ses salariés (plus de 2 milliards d’euros) et il importe de tirer le bilan objectif de ces aventures internationales.
Plus largement, cela montre une nouvelle fois que l’objectif principal de notre groupe, c’est d’abord et avant tout d’assurer le meilleur service public au service des citoyens français et que le développement international doit d’abord passer par des coopérations industrielles et non par des prises de participation capitalistiques aux conséquences potentiellement lourdes.