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30 / 03 / 2020 | 867 vues
SUD SFR / Membre
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Chômage partiel : SFR use de la solidarité nationale pour améliorer sa rentabilité

Le 23 mars dernier, dans une conférence téléphonique, Grégory Rabuel (DG de SFR) a annoncé qu'une partie des salariés du pôle de télécoms du groupe Altice France allait être mise en « activité partielle » (chômage partiel). Décision suivie d'un courriel envoyé à tous les salariés du pôle.

Profitant de la crise sanitaire liée au covid-19, la direction a ainsi annoncé répondre à « une baisse significative de notre activité ».

Dans une lettre du 24 mars 2020 adressée à Alain Weill (PDG du groupe Altice France a qui SFR appartient), le CSE-central a annoncé que 60 % des salariés du pôle de télécoms seraient concernés. Le même jour, Patrick Drahi annonçait les excellents résultats de Altice Europe pour 2019 :

  • Altice Europe a généré un chiffre d'affaires de 14,8 milliards d'euros, en hausse de plus de 5 % sur un an, dont 10,8 milliards d'euros générés par SFR.
     

SFR a donc les moyens de maintenir les salaires de tous ses salariés, même ceux temporairement privés d'activité.

Pour reprendre les écrits de Patrick Drahi du 19 mars 2020, « nous sommes un grand groupe, international et solide, qui traversera cette crise mondiale et accompagnera ses équipes dans la durée ».

Quels services chez SFR ne peuvent pas télétravailler ?
 

Si les salariés des boutiques ne peuvent vendre ou assurer le service après-vente en télétravail, l'immense majorité des autres salariés peut mener ses missions en télétravail (hors soucis de manque d'ordinateurs portables fournis par l'entreprise). À ce jour et à la connaissance de l'équipe de SUD, les salariés travaillant à la supervision du réseau (Paris et Lyon) et quelques salariés de l'exploitation en charge des salles d'hébergement dans nos « net centres » sont encore présents sur le site.


La direction se refusant de nous fournir ces informations malgré nos demandes et relances incessantes, nous nous basons sur les informations que nous avons réussi à obtenir du terrain. À notre connaissance, pour le reste des services, l'activité à été basculée en télétravail.

Qu'en est-il de la baisse de l'activité ?
 

Si les boutiques SFR sont effectivement fermées depuis le 16 mars, qu'en est-il du reste du pôle des télécoms ? L'enquête menée par l'équipe de SUD montre le contraire.
 

  • Les équipes commerciales entreprise croulent sous les sollicitations.
     

Cela s'explique du fait du passage en télétravail d'une bonne partie des travailleurs français ; les besoins des entreprises ont explosé. Les équipes commerciales font donc face à des demandes d'augmentation de débit, de souscription de nouvelles lignes mobiles pour les flottes d'entreprise, de souscription de Box 4G etc.

Pourtant, la direction met une bonne partie de ses équipes commerciales en activité partielle, imposant à ceux basculant en activité partielle de donner leurs « affaires » à leurs collègues restant en activité menant ces derniers à une surcharge de travail et générant des tensions entre collègues du fait de la rémunération futures des ventes de ces affaires à ceux-ci.

  • L'administration des ventes est en pleine clôture mensuelle. L'activité ne manque pas en cette période. Pourtant, il leur est demandé de basculer des salariés (jusqu'à 70 % dans un des services) en activité partielle.
     
  • Côté réseau et SI, le travail ne manque pas mais ces projets sont à l'arrêt complet du fait que la direction de SFR impose des mises en activité partielle.


Les motivations de ce passage en activité partielle ?
 

Si côté commerce, administration des ventes et réseau SI, l'activité ne manque pas, toutes ces activités étaient jusque là, traitées en télétravail. Alors pourquoi SFR bascule 60 % de ses salariés en chômage partiel ?


Lorsqu'une entreprise met du chômage partiel en place dans ses équipes, elle peut demander la prise en charge d'une partie des sommes versées aux salariés dont l'activité est réduite ou arrêtée. La prise en charge s'effectue alors via nos impôts et la Sécurité sociale.


Dans le décret 2020-325 du 25 mars 2020 relatif à l'activité partielle, il y est précisé que dans le cadre de la crise du coronavirus, la prise en charge par l'État passe d'un fonctionnement forfaitaire à une prise en charge intégrale plafonnée :
 

  • Avant ce décret, les entreprises de moins de 250 salariés avaient droit à une prise en charge à hauteur de 7,74 €/h ou 7,23 €/h si plus de 250 salariés. Après le décret, c'est 100% de prise en charge plafonnée à 31,97 €/h.


Solidarité nationale
 

En cette période de crise sanitaire qui tombe en même temps qu'une crise financière, la solidarité nationale est de mise.

Le syndicat SUD refuse l'usage du chômage partiel par SFR car cela revient à socialiser une partie de ses coûts de fonctionnement alors que l'entreprise est en pleine activité voire en excellente santé et que ses revenus ne sont à ce jour pas touchés (ils le seront à terme mais de façon plutôt faible par rapport aux autres entreprises).

Comble du mépris, SFR invite ses clients à être solidaires avec les hôpitaux en donnant 5 €. En faisant ce choix, SFR abuse de la solidarité nationale plutôt que d'y participer.

Dans ce contexte, nous pensons que SFR a pour obligation morale de maintenir l'intégralité des salaires de ses travailleurs sur ses fonds propres, et, à l'instar d'Air France, le groupe Altice Europe doit renoncer à verser des dividendes. Les travailleurs, la solidarité nationale, la garantie d'un réseau stable à nos clients, les licences 5G et le déploiement du réseau doivent passer avec la finance.

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