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20 / 09 / 2025 | 33 vues
Valérie Forgeront / Membre
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Les droits des travailleurs dans le viseur du Medef

En cette rentrée, sur fond de trouble politique, le patronat hausse le ton. Le 13 septembre, Patrick Martin, le président du Medef, a ainsi menacé le futur gouvernement d’une mobilisation en cas de hausse de la fiscalité des entreprises.

 

Fin août, le Medef a présenté trente-cinq propositions visant à une baisse de la fiscalité des entreprises (dont les impôts de production, déjà abaissés de onze milliards d’euros sur les vingt prévus) ― avec en partie la décentralisation de cette fiscalité ―, à une contrainte des dépenses publiques par une règle d’or inscrite dans la loi, à des réformes structurelles et à des réductions de dépenses publiques.

 

Les droits des travailleurs dans le viseur

 

Est ainsi préconisé de réduire ces dernières de 8 points, de supprimer plus de 20.300 collectivités locales et de réduire de 1,5 million le nombre d’agents publics, cela assorti d’une restriction du statut général.

 

Le patronat demande par ailleurs d’ « augmenter la durée du travail des personnes en emploi par un choc d’heures supplémentaires et complémentaires », et avec plus de pouvoir à l’employeur.

 

Il demande aussi d’aller vers une « TVA sociale », en supprimant les cotisations patronales famille et maladie, soit un montant total de cotisations de 113 milliards d’euros.

 

Il préconise aussi de « travailler jusqu’à 64 ans et au-delà, avec l’introduction d’un âge pivot variable ».

 

Concernant les seniors au chômage, il prône « la dégressivité des allocations après six mois », ou encore la fin du « maintien des droits entre l’âge d’ouverture des droits et l’âge de départ à taux plein ».

Autre dureté?

Concernant « les dispositifs de carrières longues, d’usure et de départs anticipés », il s’agirait de « mieux prendre en compte la durée réellement cotisée, en étendant le critère de 43 à 45 ans et en limitant les trimestres validés sans cotisations effectives, et de renforcer les départs pour inaptitude ou incapacité avérée ».

 

Le patronat propose aussi un gel des pensions de retraite pendant quelques années et d’« aligner » la fiscalité des retraités (la CSG, qui a déjà augmenté en 2018) sur celle des actifs.

 

Et de supprimer l’abattement fiscal de 10% sur l’impôt sur le revenu, ainsi que le souhaitait l’ex-Premier ministre, François Bayrou.

 

Pour le Medef, qui par ailleurs souhaite un système de retraite en partie par capitalisation, il s’agirait aussi de « ne plus calculer la pension du régime général sur les vingt-cinq meilleures années, mais sur trente ou trente-cinq, ce qui diminuerait le taux de remplacement ».

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Plus nécessaire qu’un alarmisme budgétaire, la hausse des recettes !

 

 

M ais que cessent les discours alarmistes sur l’état des finances publiques, déclarent des économistes de l’OFCE (l’Observatoire français des conjonctures économiques). Ils entraînent une perte de confiance, entre autres, des ménages, lesquels renforcent alors leur épargne et consomment moins.

 

Conséquences : moins de commandes pour les entreprises, donc moins d’emplois, indique l’Observatoire qui alertait au printemps contre le risque découlant d’un plan budgétaire très sévère, soit « des effets récessifs, sur le marché du travail, le chômage ou encore le pouvoir d’achat.

 

L’effet établi de la politique fiscale de l’offre

 

Plus largement, l’OFCE soulignait en juillet dans une étude consacrée à la dégradation des finances publiques françaises, par rapport à celles de ses voisins, que celle-ci n’est pas attribuable à une augmentation plus marquée des dépenses publiques (…), mais plutôt à une diminution significative des recettes publiques françaises (- 1,6 point de PIB), tandis que celles-ci sont restées stables au sein de la zone euro.

 

Cela renvoie à la poursuite de la stratégie de politique fiscale de l’offre engagée avec l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en 2017.

 

Une politique comprenant notamment la baisse de l’impôt sur les sociétés, la poursuite des exonérations de cotisations sociales patronales et les réductions des impôts sur la production, et s’accompagnant, liste l’OFCE, de la suppression de l’impôt sur la fortune, de celle de la première tranche de l’impôt sur le revenu, mais aussi de la taxe d’habitation, de la redevance audiovisuelle et de la défiscalisation des heures supplémentaires.

 

Toutes ces réformes combinées ont conduit à une diminution de 2,5 points de PIB du niveau des prélèvements obligatoires entre 2017 et 2024.