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21 / 10 / 2024 | 26 vues
Alain Arnaud / Abonné
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Nos concitoyens sont en effet en attente d’autre chose que des postures politiciennes d’où qu’elles viennent

La longue et curieuse séquence politique qui vient de se dérouler dans notre pays depuis les élections législatives anticipées s’est achevée avec la nomination d’un nouveau gouvernement.

 

Alors que nos concitoyens se sont retrouvés en grande fraternité dans l’euphorie des Jeux Olympiques et Paralympiques, après avoir fait preuve d’une salutaire responsabilité en faisant front républicain lors des élections, la classe politique quant à elle n’a jamais été aussi divisée, fracturée, et dans l’incapacité de se mettre en situation d’efficience alors que les problèmes économiques, sociaux et environnementaux s’étalent sous nos yeux.

 

Selon une récente étude d’Ipsos, 78% des français estiment que le pays va dans la mauvaise direction, ce qui est considérable et indique que l’on est au-delà des clivages politiques traditionnels. Nos concitoyens sont en effet en attente d’autre chose que des postures politiciennes d’où qu’elles viennent, et souhaitent très majoritairement apaisement et solutions consensuelles et efficaces pour résoudre les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

 

Or ce n’est pas le spectacle affligeant offert actuellement par la classe politique qui est de nature à les rassurer et à les encourager à aller voter la prochaine fois.

 

Pourtant, nous aurions pu penser qu’à la suite de la fin annoncée d’un cycle économique mondial à bout de souffle, caractérisée par les crises successives de cette dernière décennie,
 

- le repli des Etats sur eux-mêmes, ce qui rebat les cartes de la mondialisation économique et jette un froid sur la capacité à agir des institutions internationales face aux conflits géopolitiques,

- l’accroissement des inégalités dans la répartition des richesses créées,

- la prédation des ressources naturelles et les atteintes à l’environnement,…,


Qu'il y ait un sursaut d’union nationale pour mettre en œuvre, en co-construction, les indispensables mesures pour dans un premier temps redresser le pays, et ensuite pour s’engager dans la voie d’un futur meilleur.

 

On n’en prend pas le chemin, et les premières annonces du nouveau gouvernement ressemblent beaucoup aux recettes éculées des années passées :
 

– politique de l’offre et théorie du ruissellement

– diminution des moyens publics et limitation des politiques sociales pour réduire la dépense budgétaire

– tandis que revient au goût du jour l’insupportable stigmatisation des fonctionnaires et des retraités qui coûteraient trop cher.

 

On constate que les mesures proposées au débat parlementaire sont celles qui sont généralement inspirées par la doxa de l’économie néolibérale de marché, en s’appuyant sur le dogme de la concurrence, l’affaiblissement des moyens des services publics, la réduction du périmètre des solidarités.

 

On dénoncera en particulier la pression mise sur les acteurs de l’économie sociale et solidaire, notamment la mise à contribution des mutuelles pour réduire le déficit de l’assurance-maladie et la baisse de 25% des crédits alloués aux entreprises et organisations de l’ESS, ce qui met en risque certaines associations en première ligne pour l’action sociale et solidaire plus que jamais indispensable. Il en est de même pour les collectivités territoriales auxquelles il est demandé une diminution de 5 milliards d’euros qui manqueront inévitablement dans la mise en œuvre des politiques publiques locales tournées vers la transition économique, sociale et environnementale.

 

Certes, il faut réduire le déficit budgétaire et réduire l’endettement public. Mais cela ne peut se faire au détriment des politiques tournées vers les populations fragilisées par un contexte économique difficile. En outre, ces mesures de court terme, purement et aveuglément comptables ne sauraient constituer le projet de société dont nous avons besoin.

 

Or il faut un changement, un vrai changement, celui qui a été demandé par les urnes, en rompant avec le modèle d’une économie financiarisée trop souvent spéculative, qui se nourrit des crises en enrichissant les plus riches et en appauvrissant les plus pauvres.

 

Il faut passer à un modèle qui réponde aux besoins réels des populations, un modèle qui organise les solidarités nécessaires et qui privilégie la mutualisation plutôt que l’individualisation, qui soit garant concret de l’intérêt général au-delà des seules régulations le plus souvent inopérantes, et qui sauvegarde les biens communs et l’environnement.

 

Pour y parvenir les solutions existent, ce sont celles mises en œuvre dans les territoires par les acteurs publics et ceux de l’économie sociale et solidaire. Si l’action publique locale est bien connue de nos concitoyens, celle de l’économie sociale et solidaire n’est pas toujours bien identifiée.

 

C’est pourquoi toutes les initiatives visant à promouvoir l’ESS et à mieux faire connaître ses objectifs et ses fondamentaux sont soutenues par le CIRIEC dont la vocation historique est de mener des recherches et d’informer sur les modèles économiques et sociaux qui sont tournés vers l’intérêt collectif.

 

Dans ce contexte troublé de grande mutation, il est donc indispensable de redonner tout son sens à une action publique qui se doit d’être entreprenante et souveraine, et conforter la volonté de l’économie sociale et solidaire de contribuer à la création de valeur en entreprenant autrement pour tendre vers une économie qui soit avant tout au bénéfice de l’intérêt général et des populations.

 

C’est cette considération qui depuis 77 ans justifie la raison d’être du CIRIEC et l’engagement de son réseau mondial de chercheurs. ▪

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