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09 / 10 / 2024 | 58 vues
Corinne Lefaucheux / Membre
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Icosi : essaimer les valeurs de l’ESS et de la coopération à l’international

Fondé en 1983, l’Institut de coopération sociale internationale (Icosi) est une organisation de coopération au développement qui promeut les valeurs et les structures de l’ESS à l’international, ainsi que les modes de gestion démocratiques. Un travail de longue haleine qui s’illustre depuis plusieurs années au Bénin et au Sénégal.

 

L’Icosi œuvre depuis 40 ans à travers des plaidoyers autour de l’économie sociale et solidaire et de l’entrepreneuriat collectif, et est engagé dans la coopération internationale et la mise en réseau d’acteurs de l’ESS.

 

Ainsi, l’institut soutient des porteurs de projet et essaime des pratiques agricoles innovantes et respectueuses de l’environnement tout en luttant contre les inégalités, notamment des jeunes et des femmes.


Autant de réponses aux enjeux fondamentaux que sont les objectifs de développement durable. Aussi, le soutien apporté par la CG Scop aux activités de l’Icosi fait écho à la Résolution 13 « Solidarité nationale et internationale » du texte d’orientation du Mouvement, qui « développera, soutiendra et accompagnera les initiatives coopératives nationales et internationales, partageant les valeurs du Mouvement ».


Cercle vertueux


L’Icosi développe en partenariat avec les acteurs de son réseau des projets menés depuis 2007 sur la rive sud du bassin méditerranéen et en Afrique de l’Ouest.


L’association a notamment réalisé un projet d’accompagnement des coopératives de pêche au Maroc, un plaidoyer en faveur d’une Loi-cadre sur l’ESS en Tunisie, ou encore une étude financée par l’Association
internationale des maires francophones et intitulée « L’ESS : un levier pour le développement local en Afrique de l’ouest ».


La mise en œuvre d’actions permettant de renforcer le secteur agricole en le rendant plus résilient à travers la promotion de l’ESS est ainsi le cœur de sa mission.


Par ailleurs, l’Icosi dispose d’une grande expérience dans l’accompagnement à la structuration et a ainsi porté, de 2014 à 2016, le projet « Accompagnement à la création d’entreprises de l’ESS, vecteur de
création d’emploi des jeunes en Tunisie » appuyé par la région Île-de-France. Mais aussi, depuis plusieurs années, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD) et de la Fondation de France,
l’institut a mis en place plusieurs projets au Bénin et au Sénégal. « Près de 150 coopératives ont été créées dans toutes les régions du Bénin, dont une centaine est active et près de 70 % sont des coopératives de femmes ! », témoigne Arnaud Breuil, actuel secrétaire général de l’Icosi.

 

Et de citer en exemple :


« À Dogbo au Bénin, les neuf coopératives de la commune améliorent concrètement les conditions de travail et de vie des bénéficiaires, réduisent la pénibilité, renforcent l’autonomie des femmes, augmentent leurs revenus et font monter en flèche le taux de scolarisation des enfants. » Sur les moyen et long termes, les coopératives contribuent à la création d’un cercle vertueux.


À l’origine, les Cuma


Arnaud Breuil raconte : « Il y a une trentaine d’années, des agriculteurs du Sud-ouest français sont allés au Bénin et au Sénégal, où il leur est apparu que la culture du soja et du mil présentait un défi énorme en matière de techniques agricoles et de structuration de coopératives. Ces voyages ont débouché sur une amitié et une coopération entre agriculteurs français, sénégalais et béninois. Mais les besoins à couvrir étaient énormes et il leur était impossible d’y répondre seuls : c’est la raison pour laquelle nous avons monté un consortium, chacun apportant ses qualités et spécificités. C’était la condition pour un changement d’échelle, qui s’est réellement opéré en 2017 avec le premier financement de l’AFD permettant de développer le réseau des Coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) et d’en essaimer les pratiques.
Le modèle Cuma s’est en effet avéré particulièrement adapté au contexte local : se mettre
ensemble pour acquérir du matériel à l’échelle d’un village
. »

 

Les résultats ne se sont pas fait attendre : avec l’acquisition d’un tracteur reconditionné par exemple, pour une même surface cultivée, les rendements et les revenus ont augmenté rapidement. « L’objectif étant d’accompagner les acteurs vers une plus grande autonomie et contribuer au développement socio-économique local grâce à l’entrepreneuriat agricole coopératif et résilient », précise-t-il.

 

Ainsi, ancrer les avantages du système Cuma, comme outil collectif au Bénin et au Sénégal, a permis
de faciliter l’accès à un matériel agricole coûteux mais aussi de travailler autrement.


Une mission comme point d’étape


C’est dans le cadre de ce projet qu’Arnaud Breuil, accompagné de Serge Boureau (membre du Bureau de la Direction nationale de la CG Scop), fort de son expérience coopérative, et de Marie-José Garderes,
de l’association Cuma Bénin à l’origine du projet, qu’une mission s’est déroulée cette année. Cette mission avait plusieurs objectifs concrets : mesurer les réalisations en rencontrant les coopératrices et coopérateurs dans plusieurs départements (Sud et Centre du pays), organiser une session de formation aux activités de plaidoyer avec la structure faîtière - l’Union nationale des coopératives d’utilisation de matériel agricole (Uncuma), son conseil d’administration et les animateurs du consortium, présents dans tous les départements du Bénin, et installer un collège des jeunes.

 


Les illustrations sont nombreuses : un travail de terrain qui a donné aux femmes, dans plusieurs coopératives de transformation, la possibilité d’acquérir le matériel nécessaire à leur activité. Par exemple,
des râpes mécaniques et des bassines de cuisson pour la transformation du manioc en Tapioca. Il en est de même pour le karité en beurre et le soja en tofu. Chaque coopérative est composée d’une quinzaine de femmes qui gèrent désormais démocratiquement leur outil de travail.


« Le projet permet la vente du matériel à prix préférentiel avec des prêts à taux zéro, qu’elles
remboursent progressivement. Cela assure la pérennité du village entier et permet un revenu suffisant et, par conséquent, la scolarisation des enfants »
, relate Marie-José Garderes.


Et Arnaud Breuil d’ajouter : « À Dassa, en région centrale du Bénin, nous avons engagé des actions de plaidoyer avec le conseil d’administration, réuni les animateurs et installé le collège des jeunes qui a élu une femme comme présidente ! Les actions de plaidoyer s’appuyant sur un échange de bonnes pratiques : comment contacter la presse locale, les radios, nouer des partenariats avec les collectivités, etc. Les actions entreprises lors de ce voyage permettent à l’Uncuma de se renforcer et de poursuivre sa mission : participer au développement d’une agriculture économiquement et socialement viable, c’est ce que permet la coopérative. »

 

Convaincu depuis plus de 20 ans que l’ESS représente un modèle de développement vertueux en matière de gestion démocratique, de partage de la valeur, d’intelligence collective, de coopération et de solidarité, Arnaud Breuil se réjouit : « Un point d’étape qui nous a permis de mesurer l’impact d’un travail engagé depuis de nombreuses années. Il aboutit sur la professionnalisation des coopératives vers le chemin d’autonomie totale. »


Coopérer, la meilleure façon de travailler ensemble


Les synergies et la réciprocité entre les différents acteurs garantissent un impact positif sur les bénéficiaires et sont un moyen privilégié pour générer des pratiques innovantes. En effet, les projets de l’Icosi ont toujours été inscrits dans une démarche pluri-acteurs, essentielle à leur bonne conduite. La complexité qu’impose le pilotage d’initiatives pluri-acteurs a progressivement pu être appréhendée et maîtrisée grâce au mode de gouvernance promu par l’institut : gouvernance démocratique, libre adhésion, co-responsabilité, réciprocité et engagement.

 

Cette méthodologie de coopération permet par ailleurs un partage d’expériences et d’expertises. C’est ce qu’il s’est passé avec les projets au Bénin et au Sénégal, l’association Cuma Bénin et l’association Vétérinaires et éleveurs du Millavois, partenaires historiques dans les deux pays, qui regroupent des professionnels de l’agriculture, de l’élevage, des services vétérinaires, des professionnels des Cuma, mais aussi de la mécanique agricole : c’est cette diversité d’expertises et de parcours qui sont indispensables à la réussite des projets.

 

Ainsi, la coopération entre les multiples acteurs encourage la recherche de solutions solidaires et conduit
à placer la personne humaine au cœur des choix économiques. 

 

En savoir plus : https://icosi.org

 

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