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29 / 06 / 2024 | 39 vues
Gilles Kreckelbergh / Membre
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Banque de France : la délicate gestion des contradictions

Chaque année, la Banque présente aux élus du CSE Central la situation économique et financière chiffres à l’appui.


Dans son rapport annuel, la Banque se félicite de la gestion rigoureuse et exemplaire des moyens avec une baisse de 15% des dépenses nettes d’activité sur la période 2015-2023 passant de 1 049 millions d’€ à 895 Millions d’€ comme prévu dans son premier plan stratégique « Ambitions 2020 » et renouvelé dans le cadre de Construire ensemble 2024.


Les effectifs ont été réduits de 27% sur la même période passant de 12196 ETP à 8959 ETP à fin 2023.


Malheureusement, cette rigueur a eu des effets très négatifs sur les rémunérations des agents actifs avec une ridicule revalorisation du point d’indice, bien loin de compenser l’inflation et détériorant ainsi notre pouvoir d’achat.


À noter que cette rigueur dans la gestion s’est faite durant une période où notre institution a engrangé d’importants bénéfices grâce aux revenus générés par une politique monétaire non conventionnelle sous l’effet de taux d’intérêt négatifs.


Ainsi, près de 32 milliards d’Euros ont été versés à l’État entre 2011 et 2022 sous forme d’impôts et de dividendes !


Mais la donne a changé avec le retour à une politique monétaire conventionnelle et une remontée rapide des taux d’intérêts à partir de 2022 pour contrer l’inflation induite par des chocs exogènes, la conséquence pour les comptes de la Banque est une perte de plus de 12 milliards d’euros en 2023.


La Banque se veut rassurante et présente un résultat net à 0 grâce à la reprise du Fonds pour Risques Généraux.


Seulement, ce cycle de déficit des comptes de notre banque centrale ne fait que débuter et le retour à une situation de politique monétaire conventionnelle générant des bénéfices sera long et incertain.


Dans ce contexte, la gestion rigoriste et tueuse d’emploi à la Banque sera-t-elle encore de mise ?


Ou au contraire nos gouvernants seront-ils capables de changer de politique et de nous surprendre en récompensant enfin justement la contribution des femmes et des hommes qui font la force de notre institution la rendant ainsi véritablement attractive pour les jeunes talents qui souhaitent nous rejoindre durablement ?

 

Le meilleur service au meilleur coût : Quelles limites ?


Véritable tarte à la crème de nos hauts dirigeants, cet anathème renvoie systématiquement tous sujets qui, selon eux seraient financièrement déraisonnables et injustifiables, au rayon des échecs du dialogue social.


De moues dubitatives, à des refus méprisants en passant par des stupéfactions faussement gênées, les représentants du personnel savent depuis trop longtemps que la dernière réponse qu’ils reçoivent en contrepartie de leur pugnacité à défendre de légitimes revendications dans le domaine de l’amélioration du
pouvoir d’achat et des conditions de travail, est donc ce poncif : « cet argent ne nous appartient pas, la Banque de France doit rendre le meilleur service au meilleur coût ».


Ces quelques mots ont un caractère tellement éculé qu’ils paraissent relever d’un théorème pour les tenants de la doctrine libérale défendue par nos dirigeants. Mais si un théorème se démontre en mathématique, ce raisonnement se heurtent à de graves limites quand il s’agit du domaine social, de la gestion du personnel, de tout ce qui fait en vérité, la richesse et l’efficacité de la Banque de France n’en déplaise à nos dirigeants dans leur obsession à la technicisation.


Cette phrase sans cesse martelée appartient à celles et ceux qui n’ont plus d’argument quand ils tentent encore en vain, de justifier leur propos par la responsabilité dont ils doivent faire preuve pour maitriser les dépenses.


Mais qui fixe les équilibres, qui fixe les méthodologies, qui fixe les moyens et pour quels objectifs ?


Toujours les mêmes avec leur délétère vision ! « Rendre le meilleur service au meilleur coût » suggère qu’un service public se doit d’être rentable. Vaste sujet !


Il n’en demeure pas moins que lorsque qu’une gestion d’entreprise déployée sur la base de ce dogme et articulée autour de plans stratégiques successifs, se heurte à la réalité du vécu des employés et confirmée par une expertise légale, il est grand temps pour nos dirigeants d’arrêter de tutoyer les limites, d’épargner les agents d’encarts de communication et de questionnaires, de lever la tête des tableaux de bord pour enfin reconsidérer les partenaires sociaux et restituer au personnel une partie des gains de productivité que la Banque a réalisé bien malgré lui depuis de nombreuses années.

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