Se défier des postures libérales
Chaque fois que le capitalisme se trouve confronté à une crise, à une menace, il invente de nouvelles théories de l’entreprise afin de regagner la confiance des publics qui assistent au jour le jour à ses prédations.
C’est ainsi que sont apparus le « social-business » ou, aux lendemains de la crise de 2008, la loi PACTE. Sans rien changer au système, il s’agit de donner une nouvelle image aux entreprises libérales ou pire de maintenir dans le marché des publics appauvris par le développement des inégalités.
- Avec le microcrédit, Mohamad Yunus fut le modèle de l’application de ces emplâtres au point de recevoir un prix Nobel de la Paix !
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) demeure le plus souvent la chose des services de communication des grandes firmes.
La loi PACTE, issue du rapport Senart-Notat, fut d’application volontaire. Bien que les entreprises à missions demeurent en un nombre dérisoire, elle permet des discours ronflants sur le renouveau du capitalisme !
Mais voilà, Danone s’est vite débarrassé de son patron qui avait voulu doter sa multinationale de la fameuse « raison d’être » et Korian, au plus fort du scandale Orpéa, s’est promptement déclarée « entreprise à mission ».
S’agissant des nouvelles structures, le Mouvement Impact-France, qui entend représenter les entrepreneurs sociaux, revendique un millier d’adhérents (pour plus de 160.000 entreprises de l’ESS), mais déploie néanmoins un grand lobbying.
Dans tout cela il n’y a pas, comme on l’entend trop souvent, pollinisation du capitalisme par l’ESS mais plutôt vampirisation de celle-ci par les libéraux cherchant des postures dans une ESS qu’ils rejettent par principe et discriminent souvent dans leurs pratiques.
Les vraies entreprises dotées au cœur de leurs statuts d’une « raison d’être », d’une « mission » sont les entreprises de l’ESS. Bien sûr, elles ont constamment à vérifier leurs pratiques au regard des engagements de leur pacte social. Ainsi, en cherchant sa « raison d’être » la Macif a su mobiliser par milliers ses salariés, ses délégués voire ses adhérents dans une démarche de démocratie mutualiste.
Face aux aspirations, notamment de nombreux jeunes, à des formes renouvelées d’entreprises et de participation active, comme le proclame ESS-France dans son plaidoyer pour l’année à venir, il est important que les acteurs de l’ESS s’engagent dans de nouvelles innovations sociales et environnementales pour renforcer leur inscription dans la société et résister à la prégnance libérale.