RPS : permettre aux salariés de passer d’un statut de victime à un statut d’acteur
Les risques psychosociaux, connus sous le sigle RPS, mettent en jeu des contraintes professionnelles étroitement liées aux pratiques managériales destinées à renforcer la rentabilité (secteur privé), ou à réduire les coûts (Fonction publique). Elles conduisent à des conditions de travail dégradées et à une souffrance mentale des salariés.
Les travaux du biologiste Henri Laborit (auteur de l’ouvrage Éloge de la fuite) montrent que, dans un milieu clos, l’individu confronté à une situation difficile peut se libérer de son angoisse par la fuite ou par le combat. En revanche, s’il ne peut le faire, il se retrouve dans une situation d’inhibition de l’action qui altère sa santé, notamment par une sécrétion excessive de cortisol.
La fuite professionnelle consiste habituellement à démissionner. Elle devient inenvisageable en période de chômage. Les autres stratégies d’évitement (absentéisme, désinvestissement personnel, etc.) sont également écartées car, à terme, elles mettent l’emploi en péril.
Le combat est pour sa part risqué. Là encore, la peur du chômage est dissuasive : se taire et ne pas faire de vague devient la ligne de conduite de rigueur pour préserver son poste. Comme chacun le sait, les syndicalistes combatifs sont peu appréciés des directions...
Coincé dans un milieu professionnel fermé, le salarié croit souvent n’avoir d’autre choix que de se soumettre aux exigences de la direction, au détriment de sa santé physique et mentale, en oubliant les obligations de protection de la santé qui pèsent sur les employeurs... Au travers du Code du travail, ces obligations dotent en fait les travailleurs de marges de manœuvre substantielles.
La principale ambition du livre « Les risques psychosociaux en milieu professionnel » (GERESO Édition) est de permettre aux salariés de passer d’un statut de victime à un statut d’acteur, en mettant en évidence ces marges de manœuvre. À cette fin, l’ouvrage ne se limite pas à un apport de connaissances théoriques et juridiques. Son originalité est de se placer sur un terrain résolument pratique, en abordant la problématique des RPS sous différents angles :
- Celui du représentant du personnel, dont la vocation est de promouvoir la prévention des risques et qui a besoin de connaître les divers leviers d’action qui pourraient se révéler efficaces.
- Celui du salarié qui s’efforce de soutenir des collègues en détresse et se demande comment s’y prendre au mieux, en termes de posture et de moyens à mobiliser.
- Celui du salarié en souffrance, qui cherche à la fois à comprendre ce qui lui arrive et ce qu’il peut faire pour sortir de sa situation.
La prévention des RPS passe nécessairement par une intervention active des salariés et leurs représentants, notamment parce qu’eux seuls sont en capacité de dénoncer les politiques de sous-dimensionnement des effectifs mises en œuvre par les dirigeants : elles sont un facteur essentiel de RPS.
À cet égard, l’on observera que les documents uniques d’évaluation des risques (DUER) établis par les entreprises sont d’une pauvreté déconcertante en matière de RPS. Au lieu d’un véritable plan d’actions s’attaquant aux racines du mal, ils se limitent le plus souvent à des mesures factices (« sensibilisation des salariés », « groupes de travail », « cellules d’écoute », « stages de gestion du stress », etc.) qui ne servent qu’à un remplissage de façade.
L’ouvrage précité fournit de nombreuses pistes de réflexion sur lesquelles le CSE pourra s’appuyer pour élaborer des recommandations d’actions. En effet, faire des propositions de prévention pertinentes est un moyen d’obliger l’employeur à agir :
- Elles peuvent prouver une faute inexcusable (article L452-1 du Code de la Sécurité sociale).
- Si l’employeur refuse de les appliquer, il doit s’en expliquer dans l’annexe au rapport annuel (article L2312-27 du Code du travail).
Pour accéder au sommaire et à un extrait du livre « Les risques psychosociaux en milieu professionnel » (éditions Gereso).
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