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10 / 11 / 2020 | 97 vues
Léo Martin / Membre
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Inscrit(e) le 09 / 11 / 2020

État d’urgence sanitaire : les chauffeurs routiers, maillons essentiels de la chaîne logistique

Les routiers, maillons essentiels d'une France confinée

 

 

L’intransigeance passée du gouvernement sur la fermeture des aires de repos et de services a laissé un goût amer aux principaux utilisateurs de la route, les chauffeurs routiers, pourtant largement salués pour leur dévouement pendant la crise.

 

Les « héros oubliés »…

 

Ils font partie des héros reconnus de la crise sanitaire, ceux qui envers et contre tout, par nécessité professionnelle et fidélité au poste, ont permis d’assurer le fonctionnement de la vaste et complexe chaîne d’approvisionnement et de logistique française. Pour autant, les chauffeurs routiers n’ont pas été applaudis chaque soir durant le premier confinement. Peu leur importait, finalement, eux qui peuvent passer des semaines entières sur la route. Ils se définissaient alors avec une certaine humilité comme la « seconde ligne » de défense, derrière les soignants. La profession ne court pas après les flashes ou les honneurs, trop habituée à la solitude au volant.

 

Mais s’il y a bien une chose qui est vraiment mal passée à l’époque, c’est la fermeture quasi-intégrale des aires de repos sur autoroute, et des relais routiers implantés tout le long de nos routes nationales. Pour cause de confinement, le gouvernement a alors imposé la fermeture de l’ensemble des infrastructures de restauration et de repos des chauffeurs routiers, leur interdisant de fait l’accès aux toilettes et aux sanitaires. Au-delà des questions d’hygiène, c’est aussi tout un pan de la vie sociale de ceux qui vivent sur le bitume qui a disparu du jour au lendemain.

 

Si l’intention sanitaire a pu sembler louable à l’époque, la dégradation des conditions de travail est rapidement devenue insupportable pour ceux dont la France entière a découvert le caractère indispensable de leurs activités. Dans la perspective d’un nouveau confinement, le souvenir de cet épisode est encore suffisamment pénible pour aujourd’hui obtenir une belle unanimité des syndicats de salariés et patronaux sur des revendications que l’on peut résumer en quatre mots : « plus jamais comme ça ».

 

Mobilisation du secteur du transport

 

Personne dans la profession ne conteste la nécessité d’un reconfinement et, quoi qu’il arrive, il faudra continuer d’approvisionner les supermarchés, les entreprises qui continuent de travailler ou les entrepôts d’Amazon (oui, Amazon fait aussi beaucoup travailler la logistique française…). Mais les chauffeurs routiers n’entendent pas revivre l’épisode du printemps à l’identique : « Aujourd'hui, sur les autoroutes, il n'y a que des sandwiches sous cellophane. Sur les nationales et les départementales, certains relais sont ouverts mais ils proposent des plateaux-repas froids. Donc à l'approche de l'hiver, nos collègues vont devoir manger froid, dans leurs véhicules, sans accès aux sanitaires et surtout, sans cet esprit de famille qui caractérise les relais. C'est inacceptable », expliquait Patrick Blaise, secrétaire général de la CFDT route, la semaine dernière au Figaro. « On n'a jamais vu de cluster chez les routiers, il n'y a donc aucune raison que les relais restent fermés », complétait par ailleurs le président de la fédération générale des transports CFTC, Thierry Douine.

 

Le gouvernement traîne des pieds et argue de « problèmes administratifs ». En attendant, tout un secteur monte au créneau. Les routiers « ont un métier de bagnard, mal payé et, aujourd’hui, on leur demande, alors que l’hiver arrive, de manger seuls des plateaux-repas dans leur camion, sur un parking, sans accès à des sanitaires », dénonce Laurent de Saulieu, directeur de la chaîne des Relais routiers, créée en 1934. La chaîne n’est pas la seule à se mobiliser pour les chauffeurs routiers : parmi les sociétés concessionnaires, bien connues des professionnels de la route, Vinci Autoroutes est la première à prendre l’initiative d’une réouverture de ses aires de repos et de services.

 

Lors du premier confinement, la quasi-totalité du trafic de voitures s’est évaporée. Seuls restaient les poids lourds pour animer tout ce petit monde. Début novembre, Vinci Autoroutes annonce donc son dispositif en faveur des routiers : distribution de carburant, toilettes et sanitaires, espaces de restauration, espaces commerciaux… tout restera accessible aux professionnels de la route, dans le respect des règles de protection sanitaire en vigueur et quel qu’en soit le coût pour le concessionnaire.

 

L’initiative de Vinci Autoroutes et la mobilisation syndicale du secteur sont payantes : le 4 novembre, à l’issue d'une réunion téléphonique avec Jean-Baptiste Djebbari, Ministre délégué aux Transports, les routiers ont obtenu l’ouverture « dans un premier temps, dès samedi, de 250 relais routiers par arrêtés préfectoraux de 18h00 à 10h00, pour les conducteurs routiers, sur présentation de leur carte professionnelle ». Ce n’est qu’un début, nul doute que les autres sociétés concessionnaires d’autoroutes vont emboîter le pas à Vinci. Cette dernière s’est également engagée à poursuivre le remboursement des péages pour le personnel soignant, initiative que Vinci Autoroutes avait lancée lors du premier confinement, « pour participer à l’effort national ». La crise est là, économique et sanitaire, mais sur la route ou sur les aires de repos, le secteur du transport entend bien jouer la carte de la solidarité.

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