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Le Crédit Mutuel vient en aide aux entrepreneurs, pas Arkéa
Confrontés à de drastiques baisses d’activité en raison du confinement, les clients professionnels du Crédit Mutuel auront néanmoins la chance d’être parmi les rares en France à être soutenus par leur bancassurance. Tous sauf ceux de la fédération bretonne Arkéa qui, en refusant de verser la prime, renie par la même occasion ses valeurs mutualistes et ses engagements passés.
Un coup de pouce plus que bienvenu et un sacré pavé dans la mare. Le Crédit Mutuel vient de faire d’une pierre deux coups, en annonçant qu’il va indemniser ses clients professionnels pour les pertes d’exploitation qu’ils ont subies pendant le confinement. Mercredi 22 avril, le groupe bancaire mutualiste et sa filiale CIC ont ainsi annoncé que, d’ici le début du mois de mai, ils allaient verser une prime d’un montant moyen de 7 000 euros, pouvant aller jusqu’à 20 000 euros, mobilisant en tout près de 200 millions d’euros. « Face à l’urgence de la situation et bien que, contractuellement les garanties pertes d’exploitation ne soient pas applicables aux circonstances actuelles, les assurances du Crédit Mutuel et CIC Assurances proposent une prime de relance mutualiste, forfaitaire et immédiate à leurs clients ayant souscrit une assurance multirisque professionnelle avec perte d’exploitation », a déclaré la banque dans un communiqué.
Nicolas Théry : « Notre approche est celle de la responsabilité morale »
Concernant quelque 30 000 clients du Crédit Mutuel, la prime sera financée sur le résultat du groupe et sur ses fonds propres. « Nous souhaitons soutenir nos assurés artisans, commerçants et professionnels pour qu’ils tiennent le cap jusqu’au déconfinement. Beaucoup d’entre eux ont besoin de ce coup de pouce pour redémarrer leur activité. Sans cela, c’est la clef sous la porte. Il existe un vrai risque de disparition de nos entrepreneurs et de nos savoir-faire. C’est pour cela que nous allons vite et fort », a justifié Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel, dans les pages du Figaro. Et celui-ci d’expliquer que cette prime « correspond à la vision qu’ont les assurances du Crédit Mutuel de la mutualisation des risques ».
Une vision que ne partagent d’évidence pas les autres assureurs français qui, dans leur écrasante majorité, ont refusé d’indemniser leurs clients professionnels confrontés aux conséquences de la pandémie de covid-19, décision qui a provoqué un véritable tollé dans le pays. Seuls le Crédit Agricole, la BPCE (deux autres banques mutualistes) et la Société Générale ont décidé de s’aligner sur la position du Crédit Mutuel et du CIC.
Nicolas Théry poursuit : « il n’y a pas de débat. Nous savons que cela est utile. (…) Notre approche est celle de la responsabilité morale : des clients nous ont fait confiance ; on leur fait confiance à notre tour. Nos assurances ont accumulé des réserves pour les jours sombres : on considère qu’aujourd’hui, nous devons les utiliser pour cette priorité-là ». Et le banquier de conclure : « une expression du nord de la France dit « grand diseux, petit faiseux », nous voulons faire le contraire en étant « petit diseux, grand faiseux » ».
Arkéa, la seule fédération à refuser de verser la prime
En employant cet adage, Nicolas Théry pense-t-il à l’unique fédération du Crédit Mutuel ayant refusé de verser la prime à ses clients ? En effet, le Crédit Mutuel Arkéa (CMA), qui regroupe les fédérations de Bretagne et du sud-ouest, ne participera pas à l’effort de solidarité en faveur des entrepreneurs affectés par la crise. Un comportement aux antipodes des valeurs mutualistes du groupe.
Un comble, surtout pour une banque qui se fait fort de défendre la Bretagne et les emplois locaux. Enfin, un reniement de ses engagements passés, Arkéa se vantant depuis toujours d’être la banque préférée des start-ups mais plus en période de gros temps, manifestement. Pourtant, ces mêmes start-ups n’avaient pas hésité à défendre leur banque dans ses projets. Une reculade qui aura, sans doute, de quoi donner à réfléchir aux clients d’Arkéa...