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18 / 03 / 2019 | 118 vues
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Les investisseurs ont un rôle essentiel à jouer dans la transition énergétique

Les investisseurs doivent se sentir concernés à la fois dans leur rôle d’acteur et d’influenceur pour lutter contre le réchauffement climatique et basculer vers une économie bas carbone. Marie Luchet, Directrice Europe Continentale des Principes pour l’Investissement Responsable (PRI), souligne l’urgence d’agir pour une transition écologique et juste.


Promouvoir un système financier plus responsable, telle est l’ambition affichée à travers le monde par les PRI. Fondée en 2006 avec le soutien des Nations Unies, l’association a en effet vocation à aider les investisseurs institutionnels (fonds de pension, caisses de retraite, mutuelles) et sociétés de gestion à intégrer les enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement.
 

« Notre association vise à apporter des outils et des grandes lignes directrices pour aider ces investisseurs à intégrer les sujets ESG et climatiques dans toutes les classes d’actifs », précise Marie Luchet. Force est de constater que l’association a su rallier le monde de la finance à sa cause.


Les PRI comptent aujourd’hui plus de 2 200 investisseurs répartis dans 52 pays (dont 200 en France), totalisant 83 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. L’engagement des acteurs financiers dans la lutte contre le réchauffement climatique constitue d’ailleurs un enjeu crucial pour la transition énergétique. « Nous estimons que les investisseurs, et plus particulièrement les investisseurs institutionnels, ont en effet un rôle essentiel à jouer », évoque Marie Luchet. « Les Objectifs de Développement Durable (ODD), voulus par les Nations Unies, ne pourront pas être atteints sans le monde financier. »


De fait, le financement de ces 17 ODD, déclinés en 169 actions concrètes, est estimé par l’organisation internationale, la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement), entre 5 000 et 7 000 milliards de dollars par an. « Sur ce total, les gouvernements ne seraient en mesure de financer que 1 000 milliards de dollars par an. On voit bien que le rôle de la finance est donc essentiel ! », note Marie Luchet.
 

Vers des investissements bas carbone
 

L’urgence est réelle. Lors de la conférence des Nations Unies sur le climat de décembre 2015 en France (COP 21), les dirigeants du monde entier se sont en effet engagés à réduire le réchauffement climatique à 2°C d’ici à 2100. Or, « avec les réglementations actuelles sur les limitations des gaz à effet de serre (GES), nous sommes sur une trajectoire de réchauffement comprise entre 3°C et 4°C. Nous sommes bien loin des 2°C promus par l’Accord de Paris et du signal d’alerte du GIEC lors de la récente COP 24 en Pologne, qui est à 1,5°C. Il est donc essentiel que les investisseurs jouent leur rôle en réallouant massivement leurs capitaux vers des investissements bas carbone », souligne Marie Luchet.


L’échelle de temps des investisseurs étant supérieure à celle des cycles électoraux, il est dans leur intérêt de pousser les responsables politiques à adopter des réglementations stables en matière de réduction des émissions de GES afin de pouvoir appréhender le contexte de leurs futurs investissements. « Si nous n’arrivons pas à changer de paradigme, le risque est que les pouvoirs politiques, acculés face à la multiplication des conséquences des changements climatiques, prennent des décisions brutales et perturbatrices pour les marchés financiers vers 2025-2030 », prévient Marie Luchet.


Les investisseurs ont également un rôle majeur à jouer afin d’influer sur le comportement des entreprises en matière d’intégration des enjeux ESG, notamment via le vote et le dialogue et les coalitions d’investisseurs.
 

Adopter une « transition juste »
 

Les PRI incitent et favorisent le dialogue entre les investisseurs et les entreprises. Certains investisseurs se sont d’ailleurs réunis au sein de la coalition Climate Action 100+ afin de dialoguer avec les 160 sociétés les plus émettrices de gaz à effet de serre dans le monde. « Cette coalition leur demande des comptes sur trois sujets majeurs : l’efficience énergétique pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, la transparence à travers notamment le reporting, et la prise en compte de la question climatique dans leur gouvernance », énumère Marie Luchet.
 

Enjeu majeur pour nos sociétés, la transition écologique ne pourra toutefois pas se faire au détriment de la prise en compte des enjeux sociaux et de gouvernance. « On ne pourra pas réaliser une transition écologique en laissant quiconque sur le bord du chemin », avance Marie Luchet. « Il est extrêmement important que la question sociale soit intégrée dans la transition énergétique, en positif en termes de création d’emplois ou en négatif en termes d’analyse des populations qui risquent d’être impactées par ce changement de paradigme. La ‘transition juste’ est un enjeu fondamental et nous invitons les investisseurs à réfléchir à ce sujet et à agir ».

 

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