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21 / 10 / 2015 | 5 vues
Brigitte Wartelle / Membre
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Inscrit(e) le 20 / 10 / 2015

Un dialogue sur le dialogue pour bâtir la confiance entre partenaires : inventer le style « à la française »

Il est courant de dire que le dialogue social en France est insuffisant.

Le dernier forum de Davos avait classé la France au 137ème rang des 144 pays examinés pour la qualité de la coopération dans les relations du travail ; avec ses 7 % de syndiqués, elle est en queue de peloton de l’Europe.

La France tend toujours à se regarder sur son versant le plus négatif, à se le répéter, considérant que sur le sujet du dialogue social, l’herbe est bien plus verte ailleurs. Certes nos relations sociales sont complexes et souvent bâties sur une logique de confrontation. Mais la France n’est-t-elle pas dans le peloton de tête en Europe pour le taux de couverture des salariés par une convention collective ?

Alors pour tenter de sortir d’une vision par trop négative, pourquoi ne pas miser sur la construction d’une relation de confiance entre les partenaires sociaux, qui donnerait aux spécificités françaises une tonalité plus positive ? Un pari pascalien en somme puisque les acteurs ont moins à perdre à le tenter qu’à ne pas y croire.

Si on commençait demain ?

Une relation de confiance entre partenaires sociaux ? Certains crieront à la naïveté. Et pourtant... Si, comme le dit le philosophe allemand Georg Simmel : « la confiance est la suspension provisoire du doute », alors bâtir la confiance consistera à travailler sur les éléments clefs de la relation multipartite permettant à chacun de maintenir son doute suspendu.

Choisir le moment et donner des signes

Aujourd’hui, c’est encore souvent lorsque les relations sociales sont conflictuelles que se développe une sorte de « rêve » d’autre chose, particulièrement quand les échéances électorales approchent car les relations déjà crispées peuvent se tendre davantage pendant cette période, chacune des organisations syndicales ayant le souci de « marquer » son territoire de façon visible vis-à-vis de ses électeurs potentiels.

Le dirigeant rêve de faire changer les équilibres du passé et de réformer le dialogue social ressenti comme trop conflictuel.

Ce moment n’est pas celui des grands changements mais peut être propice à produire des signes de cette volonté, sans mettre les organisations syndicales en campagne en porte-à-faux.

Le premier signe pourrait venir d’un appel en direction des salariés pour qu’ils s'engagent à voter.

En appelant à aller voter, l’entreprise initie plusieurs changements.

  • Elle montre très clairement que le sujet des élections professionnelles et la qualité du dialogue social sont essentiels à ses yeux ; elle incite les salariés à s’intéresser aux propositions de ceux qui se présentent. Elle invite chacun à prendre sa responsabilité d’être acteur du sujet.

En dehors de ce moment particulier des élections professionnelles, il existe certainement, dans la vie de l’entreprise, des sujets (de changement d’organisation, de mise en place d’un nouveau processus etc.) sur lesquels de nouveaux modes de concertation peuvent être envisagés et essayés.

Agir au plus près possible du terrain, là où les effets seront visibles et prendront tout leur sens.

Le sondage récent du CEVIPOF sur la confiance des Français est édifiant : depuis 4 ans, leur confiance est en chute libre, particulièrement vis-à-vis de ce que sont les « institutions d’en haut » Mais il semble que les Français conservent une certaine confiance en eux, leur milieu familial et les institutions proches d’eux, ancrées dans la réalité de leur vie (école, hôpital…).

Pour réinstaurer de la confiance en France, ne faudrait-il pas aller au plus proche du terrain, là où les actions prendront un sens plus fort et une réalité tangible ?

  • L’étude sur le dialogue social territorial, menée pour la CFDT dans le cadre de l’IRES (« réaliser un état des lieux et outiller le dialogue social territorial », novembre 2012), montre à quel point ce dialogue social qui vit sur le territoire, bien que pas encadré (il n’a pas de règles propres et ne produit pas de normes) génère pourtant de réelles avancées et des résultats concrets.

Aujourd’hui, la France a besoin de se recentrer sur des sujets comme ceux-là, concrets, portés par des partenariats ouverts et intelligents, sur de vrais enjeux.

Ce qui est vrai pour ce territoire et sur ce sujet pris en exemple a toute chance de l’être pour une entreprise qui veut travailler localement avec les autres acteurs (autres entreprises, collectivités territoriales, DIRECCTE, associations, syndicats…) dans des partenariats concrets, ouverts et porteurs de sens.

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