L'aide sociale appelle au secours, le 115 en état d'alerte !
Pendant quelques heures le « 115 » ne répondait plus. Un silence voulu pour alerter l'opinion sur la situation des associations de réinsertion sociale.
Les services d'urgence sociale sont eux-mêmes en grande difficulté. La réduction des budgets publics risque d'avoir des conséquences désastreuses sur les populations déjà en grande précarité.
Réduction des moyens en cours
Peu importe les options politiques, l'idée même de laisser à l'abandon des populations qui sont déjà dans la précarité est inacceptable dans une société contemporaine. Qu'un gouvernement souhaite réorienter sa politique en matière de logement d'urgence peut se comprendre tant la situation actuelle est insatisfaisante, mais encore faut-il ne pas commencer par réduire les moyens existants.
C'est en quelque sorte le message contenu dans le mouvement social sans précédent qui a été lancé il y a quelques semaines par la coordination nationale des professionnels de l'urgence sociale, ceux qui répondent habituellement au 115, le numéro national pour les interventions des équipes qui vont à la rencontre des milliers de personnes qui vivent dans la rue.
Démission spectaculaire
En lançant un mouvement inédit de grève auprès des 6 000 travailleurs qui oeuvrent dans les équipes et associations de l'urgence sociale, la coordination accentue la pression sur les pouvoirs publics, pression déjà mise spectaculairement par la démission de Xavier Emmanuelli * de son poste de président du SAMU social.
Les équipes se battent contre la réduction des crédits et la fermeture de places d'hébergement, alors que les 115 000 places recensées dans toute la France sont déjà bien insuffisantes face à l'explosion du nombre de personnes sans domicile, qui vivent dans la rue.
Le gouvernement justifie sa position en expliquant vouloir donner priorité à l'accès à un véritable logement pour les SDF, et plus à un développement des hébergements d'urgence. Un principe qui ne serait pas absurde s'il ne se heurtait pas aux difficultés déjà connues du manque de logements sociaux.
Hôpitaux sollicités
Dans les grandes agglomérations, les associations de réinsertion sociale font état d'un taux de refus de 80 à 90 % pour les demandes quotidiennes d'hébergement d'urgence. Les hôpitaux se voient de plus en plus sollicités par des personnes démunies qui leur demandent un lieu pour dormir, au moins une nuit. Les travailleurs sociaux sont mis dans l'impossibilité de remplir leur rôle. Or, il s'agit de nourrir et d'héberger des familles et des enfants.
On ose espérer qu'il ne faudra pas attendre l'hiver pour que pouvoirs publics et services d'urgence trouvent un compromis où l'aspect budgétaire n'aurait pas la priorité sur le devoir humanitaire.
* Annoncée dans un entretien exclusif à Charlie Hebdo le 20 juillet 2011.
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