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22 / 06 / 2011 | 42 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Les commerciaux des Pages Jaunes sous pression financière

Les VRP du groupe Pages Jaunes étaient en grève le 7 juin, pour dénoncer la future organisation commerciale de l’entreprise et leurs nouvelles conditions de travail.

« Nous sommes une super boîte avec des super produits, rentables ; nous sommes l’un des rares annuairistes d’Europe à avoir réussi le passage du papier au numérique. Malheureusement, nous avons attrapé la maladie financière », résume Philippe Bourguignon, délégué FO du groupe Pages Jaunes.

L’ancienne régie publicitaire, filiale d’Havas, a été rachetée en 1998 par France Télécom.Ce dernier crée le groupe Pages Jaunes, qu’il introduit en bourse en 2004. Et en 2006, France Télécom vend sa participation de 54 % au fonds de pension américain KKR, « premier du genre et inventeur du rachat par LBO, en collaboration avec Goldman Sachs », précise le délégué FO. Pour acquérir Pages Jaunes, KKR l’endette à hauteur de 2,5 milliards d’euros. La créance court jusqu’en 2016. « Aujourd’hui, il faut que ça tourne pour rembourser », ajoute Philippe Bourguignon.

Le temps du botin aux pages blanches et jaunes est bien révolu. L’annuaire électronique représente désormais 60 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, qui s’élevait à 1,1 milliard d’euros en 2010. Le groupe, qui emploie 4 200 salariés (dont près de la moitié de commerciaux, VRP ou télévendeurs), a pour ambition de devenir numéro un du conseil en publicité et de la promotion en ligne. Il propose du renseignement téléphonique, de la création et de l’hébergement de sites internet, des petites annonces, des services géographiques...

  • Pour faire face à toutes ces évolutions, la direction vient d’annoncer une nouvelle organisation commerciale baptisée « Jump ». Les VRP, dont les contrats sont déjà très flexibles, auront un salaire à 60 % fixe et à 40 % lié à des objectifs imposés unilatéralement, sans revenu minimal garanti. Ils devront se spécialiser dans certains domaines, auront des zones géographiques élargies et un rythme de travail plus intense. Les syndicats, le CE et le CHS-CT, expertises à l’appui, y sont unanimement défavorables.


Pour dénoncer un « fourre-tout qui sert d’alibi à la direction pour modifier les contrats de travail », trois cents personnes venues de toute la France ont manifesté, le 7 juin, devant le siège social du groupe à Sèvres (92), à l’appel de l’intersyndicale. « Les contrats seront vidés de leur sens et de leur substance si on perd les garanties liées au statut de VRP, comme l’autonomie, on préfère encore devenir cadres, même si c’est la mort dans l’âme », ajoute Philippe Bourguignon, VRP depuis vingt-cinq ans. Les salariés dénoncent aussi une baisse de salaire de 11 % depuis 2006 et des taux de commission inchangés depuis 2002.

Dans un premier temps, seulement 237 postes « Jump » sur 1 200 sont ouverts dans le cadre du volontariat. « Les jeunes télévendeurs qui voudraient passer VRP y voient un tremplin et sont prêts à s’investir à fond. Il suffit qu’un commercial accepte de se spécialiser pour modifier tout l’équilibre de l’ensemble. Il y a un risque de fracture et de tensions dans les agences. Volontaires ou pas, nous sommes tous concernés », déplore Philippe Bourguignon.

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