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31 / 05 / 2011 | 13 vues
Trouillet Michel / Membre
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SEIU contre Sodexo : ouverture d'un nouveau front

Dans son combat qui l’oppose à Sodexo depuis 2010, SEIU n’a jamais manqué de moyens, ni de détermination pour satisfaire son objectif : devenir le seul syndicat représentant les employés du groupe, s’assurant ainsi de confortables revenus issus des cotisations. Pour réaliser cette véritable OPA sur les employés du groupe, le syndicat a entamé une vaste campagne de déstabilisation contre Sodexo. Pour faire plier l’entreprise, un seul leitmotiv : attaquer et détruire sa réputation. Au risque de s’oublier dans une lutte frénétique devenue irréfléchie et discréditant totalement le syndicat. SEIU ou comment sacrifier les salariés qu’il prétend défendre ?

SEIU met les moyens financiers pour abattre Sodexo

Pour défaire la réputation de Sodexo, le syndicat a élaboré une stratégie dont l’analyse démontre l’absence totale de spontanéité, à la différence de celle dont peuvent se targuer les syndicats français. Pour ces derniers, le plus grand danger serait d’écouter les sirènes américaines. SEIU s’est ainsi organisé pour concentrer un feu nourri sur l’image de Sodexo, pourtant éthiquement sur-récompensé. Accusation d’entorses aux Droits de l’Homme, persécutions syndicales, mauvais traitements de ses employés etc., SEIU fait tout pour décrédibiliser Sodexo aux yeux du monde, car le terrain de chasse du syndicat s’étend sur plusieurs pays. Les syndicats étrangers et les étudiants des deux côtés de l’Atlantique sont autant de relais et de pions dont le but est de faire pression sur les principaux soutiens de l’entreprise : clients, investisseurs, agences de notation éthiques...

Au-delà de l’analyse de cette campagne de déstabilisation, de ses acteurs et de ses mécanismes, plusieurs éléments sont de nature à amoindrir la recevabilité du discours du syndicat. Car l’inventivité de SEIU, par trop poussée, recèle en elle-même des failles. Pour renforcer ses accusations d’atteintes aux Droits de l’Homme, le syndicat a ainsi rémunéré TransAfrica Forum, une organisation prétendue indépendante, pour qu’elle publie sous son nom un rapport pourtant rédigé par le syndicat. L’étude des mouvements financiers issus du syndicat ont mis en lumière différents rouages de sa stratégie. Les flux financiers à destination des syndicats alliés et des mouvements étudiants, soi-disant relais spontanés d’un mouvement intersyndical en faveur des travailleurs, montrent à quel point seul l’argent permet d’acheter les soutiens du syndicat.

Les attaques de SEIU au détriment des employés de Sodexo

Aujourd’hui, SEIU ouvre un nouveau front et s’en prend au cœur de métier de l’entreprise attaquée. Alors que SEIU avait jusqu’à présent focalisé ses attaques sur la réputation de l’entreprise, le syndicat accuse l’entreprise de ne pas respecter les normes nutritionnelles dans l’État du New Jersey. L’attaque du syndicat s’appuie sur un document « Serving Failure At Sodexo », préparé par Campaign For Quality Service, une initiative de… SEIU. Selon SEIU, les données proviennent du Département de l’Agriculture de l’État du New Jersey.

Étrangement, il n’est aucunement question de liberté syndicale, c’est une nouvelle audience à laquelle SEIU adresse un nouveau message, taillé et ciselé sur mesure. Sur leur site, une pétition propose d’écrire au président de Sodexo afin de lui demander de fournir une nourriture saine aux enfants des États-Unis. Cependant, comment une telle pétition peut-elle être assumée alors que sur un tout autre front, le syndicat incite les étudiants à pétitionner les présidents des universités pour mettre fin aux contrats faisant de Sodexo le prestataire de services de ces universités ? À nouveau, ce trop-plein d’attaques ne peut que nuire à la recevabilité des revendications syndicales.

L’intérêt de mentionner cette attaque réside moins dans la défense de Sodexo, ou dans la démonstration de l’approximation des propos tenus, que dans le décryptage du contexte de cette nouvelle offensive. Il est difficile de juger si SEIU est dans son rôle en dénonçant le travail réalisé par les employés qu’il cherche à défendre. D’autant plus que le syndicat n’hésite pas à s’en prendre aux employés du groupe quand ils menacent de quitter SEIU. Il est en tout cas certain que ce genre d’attaque, en montrant la minutie avec laquelle SEIU s’acharne contre l’entreprise, contribue à démontrer à quel point la tactique du syndicat est de mettre à terre Sodexo. Cette énergie que l’on ne peut nier à SEIU constitue cependant en elle-même une certaine faiblesse pour le syndicat.

L’aveuglement destructeur de SEIU

Déjà, la diversité des parties prenantes et de leurs intérêts respectifs possède un tel poids qu’il est difficile de justifier leur harmonie. SEIU, dans une optique purement financière, souhaite s’approprier les salariés de Sodexo. Les étudiants, animés par des motivations sociales, souhaitent une revalorisation salariale des employés de leur campus. Quitte à se débarrasser de Sodexo pour installer un prestataire qu’ils jugeraient plus respectable. Chacun semble pour le moment sur la même longueur d’onde, jouant avec les mêmes pions à l’image de Carina Mieses qui appelle les États-Unis à se débarrasser de Sodexo, oubliant ainsi, comme beaucoup d’autres, que les employés de Sodexo aux États-Unis sont près de 100 000. Mais à y regarder de plus près, les stratégies de chacun, et leurs démonstrations n’aident pas à pérenniser la certitude que les employés sont véritablement au sein des préoccupations de ces parties acteurs gravitant autour du groupe.

À trop vouloir acculer Sodexo, à trop vouloir dresser la totalité des parties prenantes contre le groupe, SEIU prend le risque d’un énorme retour de bâton : la décrédibilisation et l’émiettement de sa réputation de défenseur des faibles. En faisant feu de tout bois, le syndicat s’installe un peu plus dans le rôle de l’ennemi acharné et aveugle, et démontre à nouveau son désintérêt pour l’entreprise, et par là même, pour ses employés.

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