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Salaires à la Sécurité sociale : le Comex ou l’art du camouflage
Les dernières offres du comité exécutif (Comex) de l’Union des caisses nationales de Sécurité sociale (UCANSS) en matière de rémunération montrent, s’il en était encore besoin, l’art qu'a cette instance d'ignorer superbement la vraie problématique des salaires dans la protection sociale et de camoufler la timidité des propositions (dans tous les sens du terme) en « aumônes mirifiques ».
Rappel de la proposition n° 1 du Comex : attribuer une prime aux 10 % aux salariés (évaluation UCANSS) ayant perdu du pouvoir d’achat sur une période donnée.
Attribuer une prime ? Quoiqu’il arrive, la plus belle prime du monde ne pourra donner que ce qu’elle a : c'est-à-dire aucune prise en compte pour les cotisations sociales, et le coup ne sera tiré qu’une seule fois. Entrerons-nous ensuite dans une nouvelle période de disette de 6 années ? Accessoirement, quid des « intérêts de retard » ? Seulement 10 % des salariés ? Comme toujours, le Comex mélange volontairement les choux et les carottes dans un tour de passe-passe dont il a le secret, en amalgamant sans scrupule les mesures collectives et individuelles. Pour notre part, nous constatons la triste évolution de la valeur du point par rapport à l’inflation entre le 1er janvier 2005 et aujourd’hui, effet induit de la classification de 2004, présentée à l’époque comme un « booster » de la valeur du point et qui l’a en fait « plombée » en s’y substituant dans l’incohérence et l’injustice. Or, le SNFOCOS considère toujours que l’évolution de la valeur du point est la priorité des priorités et dans ce schéma-là, c’est bien 100 % du personnel qui est concerné, n’en déplaise au Comex. Quel est le périmètre de la « période donnée » ? Pour le SNFOCOS, la période qui fâche démarre en 2005, lors de la mise en œuvre de la classification de 2004, point de départ des restrictions.
Rappel de la proposition n° 2 du Comex : passer de 14 à 13 mois en répartissant la prime de vacances.
Le Snfocos a déjà expliqué que cette proposition constitue une nouvelle tentative d’« arnaque », dont la mise en application se révèlerait très pénalisante pour les futurs embauchés et dans certains cas pour les agents déjà en place. Quoi qu’il en soit, et contrairement à ce que tente de faire croire l’UCANSS, une répartition du salaire annuel sur 13 mois au lieu de 14 n’apporte strictement aucune « augmentation mécanique » au bout du compte. Notre salaire annuel aura simplement été réparti différemment.
Rappel de la proposition n° 3 du Comex : étendre les primes de résultat à tous les cadres à partir du niveau 5A.
C’est encore une nouvelle tentative pour étendre l’individualisation de la rémunération, très en vogue depuis 2005. Faudrait-il déjà nous préciser quels seraient les critères objectifs d’attribution, c'est-à-dire le périmètre précis des missions supplémentaires confiées pour espérer obtenir cette prime. Si l’on se réfère aux arguments très imprécis et à géométrie variable, pratiqués par les organismes pour l’octroi des primes aux niveaux 8 et 9, nous ne sommes pas au bout de nos interrogations ! À moins que le Comex ne possède déjà la réponse en créant des primes « par équipe », à répartir ensuite avec la facilité que l’on imagine et l’opacité habituelle ?
N.B : Le camouflage est l'art de créer un phénomène d'illusion d'optique, pour ne pas être vu… C’est bien souvent aussi un moyen de survie. Chacun pourra constater que mis à part en trompe l’œil, nous ne voyons guère les augmentations mais que le Comex, lui, survit bien…