Participatif
ACCÈS PUBLIC
06 / 10 / 2010 | 15 vues
Guillaume Pertinant / Membre
Articles : 30
Inscrit(e) le 05 / 10 / 2010

L'absence n'est pas absente de sens

Comment définissez-vous l’absentéisme ?

Il me semble que l’acte d’absence n’est pas absent de sens, loin s’en faut. L’absentéisme, ce n’est pas une négation de la présence, mais une positivité de l’absence. C’est une prise d’initiative consciente ou inconsciente correspondant à la nécessité de satisfaire un besoin fondamental.

Quel besoin fondamental l’absent cherche-t-il à exprimer ?

Il y en a plusieurs. Citons, le besoin de sécurité, le besoin d’identité (qui ici est la volonté de se distinguer des autres), le besoin de liberté, le besoin de prendre une initiative qui procure une sensation d’existence.

Quel est donc le message de l’absentéisme ?

Le message de l’absentéisme est aussi vieux que la partie de notre cerveau qui en est l’origine. Ce message est : « il y a un danger, fuyons ». Comprendre le message de l’absentéisme, c’est comprendre ce que l’on désire éviter et ce que l’on désire obtenir par l’évitement.

Est-ce un processus volontaire ?

C’est un processus complexe, plus réactif qu’actif, dont la partie la plus ancienne de notre cerveau (le cerveau dit reptilien) est à l’origine. Il est la réponse automatique à la perception d’un danger qui menace la satisfaction de nos besoins fondamentaux.

Ce processus automatique est-il identique pour chacun de nous ?

La réaction instinctive est automatique mais notre intelligence s’exprime en second lieu au travers de la perception de l’agent stressant qui est, elle, individuelle et est fonction de nos histoires personnelles. Dans le cas de l’absentéisme professionnel, la réaction peut être déclenchée par un événement qui concerne ou pas l’entreprise.

Spécifiquement, quelles causes peuvent permettre d’expliquer l’absentéisme ?

Il faut mentionner en premier lieu le besoin de sécurité. La sécurité est un besoin fondamental pour les êtres humains. Ce qui la menace dans la vie privée comme professionnelle entraîne des réactions d’évitement et de fuite dont l’absentéisme est une des manifestations.

Comment définissez-vous la sécurité dans le cadre professionnel ?

En premier lieu, cette sécurité est intérieure ou extérieure. La sécurité, c’est la complémentarité de deux polarités que nous tendons naturellement à satisfaire : la sûreté et la liberté. La sûreté externe dans le cadre du travail est relative à un environnement matériel, physique, et moral fiable. Quand à la liberté, elle peut se définir comme la capacité à être libre de ses mouvements, de sa pensée, de ses choix.  En ce sens, elle est similaire à ce que certains préventeurs qualifient de latitude décisionnelle. La réaction de notre cerveau reptilien dans cette circonstance est basée autour de la question « y a-t-il un danger perçu à aller travailler » ?

Y a-t-il donc une logique à l’absentéisme ?

Avec Laborit, je réponds oui. C’est la logique de notre cerveau reptilien qui agit par l’évitement pour nous défendre lorsque nos besoins fondamentaux sont menacés.

Comment utiliser la logique émotionnelle pour prévenir l’absentéisme ?

L’idéal serait pour la personne absente et pour l’entreprise de prendre le risque de considérer l’acte d’absentéisme dans son intelligence, dans sa logique émotionnelle. L’absent évite le travail pour se protéger de ce qu’il perçoit comme une menace. L’entreprise peut utiliser cette information pour l’interpréter et en tirer profit.

Spécifiquement, que peut faire l’entreprise ?

Chaque personne a son histoire et l’entreprise n’a pas toute la responsabilité dans ce mécanisme émotionnel et n’a certainement pas tous les leviers pour le prévenir. Cependant une certaine latitude existe au sein des organisations. Les responsables d’encadrements pourraient, par exemple, se familiariser et intégrer les processus émotionnels qui sont vulgarisés dans les travaux scientifiques de Maslow et Laborit pour comprendre et interpréter l’absence, et ainsi apprendre à la prévenir. Pour favoriser cette interprétation, l’entreprise peut créer et favoriser des espaces d’échanges, d’écoute et de réflexion.

Quelle proposition complémentaire pouvez-vous formuler ?

Je pense que l’entreprise gagnerait à développer la médiation pour gérer une telle problématique. La possibilité d’avoir recours à un médiateur, qui fait en sorte que les personnes concernées puissent s’exprimer en confiance à un tiers, a démontré son efficacité.

Une note d’espoir pour finir

Si le monde est complexe, la logique émotionnelle qui régule nos instincts n’est pas difficile à comprendre.

Pour en savoir plus > Catherine Aimelet-Perisol; « Comment apprivoiser son crocodile », Éditeur Pocket. 

 

Afficher les commentaires

Réponse à Gérard,

2 commentaires : 

Question : quelles sont les causes qui entraîne le fait que le salarié est-il "suffisamment malade" ?  J'ai eu quelques grippes quand j'étais salarié. Bizarrement surtout quand ... j'étais épuisé et avec des soucis professionnels. La séparation entre le corps et l'esprit est à mon sens un mythe. Il est maintenant assez bien démontré que si le stress ne rend pas malade, il augmente la probabilité de le devenir. Le stress chronique abaisse les défenses immunitaires et dans ce cas vous êtes plus fragile aux microbes ou, et aux phénomènes anxieux et dépressifs. C'est un des drames du stress, il répond à une logique circulaire : vous êtes en souffrance au travail, vous tombez malade, vous êtes encore plus en souffrance. 

 -  Mon propos étaye un fait statistique. Je vous accorde que quelques cas d'absentéisme sortent de ce cadre, mais statistiquement je pense que la proposition est vérifiée. 

 Cordialement

 Guillaume