Organisations
Envisagez-vous sérieusement de quitter Canal+ ?
Question 77 de l'enquête « Engagement » : « À l'heure actuelle, envisagez-vous sérieusement de quitter Canal+ ? »
Il faut dire que cette rentrée 2010 est véritablement placée sous le signe d'un bouleversement des organisations de la DTSI, la direction technique (qui regroupe la DTD ou direction technique distribution, la DTE ou direction technique édition et la DSI ou direction des systèmes d'information).
Sans oublier la DEC, cette nouvelle direction de l'expérience Canal, péniblement constituée cet été, entre une DTSI jalouse de ses prérogatives et un pôle édition ne cédant rien ou presque sur son périmètre...
Dans tous ces secteurs, sans exception aucune, les périmètres bougent, les responsables valsent, les équipes sont malmenées.
Depuis trois ans, c'était plutôt la distribution qui était concernée par des mouvements browniens. Elle continue de l'être : le directeur commercial vient par exemple de se faire remercier après quelques mois seulement de bons et loyaux services, mais il n'est pas le seul... L’édition aussi dans une moindre mesure, pour l’instant, comme avec le départ rapide du directeur de la chaîne Infosport, remercié avant l’été.
Nous constatons d'ailleurs que la roue tourne de plus en plus vite dans tous les secteurs, y compris dans les services de soutien, comme la DRH. Dernier exemple en date : l'éviction manu militari du directeur des affaires sociales après seulement quelques mois d'exercice et toujours pas remplacé. Le recrutement n'est pas une science exacte, même pour les DRH les plus chevronnées. Enfin...
DTSI : les bouleversements en cours et à venir !
C'est la DTD qui a ouvert le bal dès le premier comité d'entreprise de rentrée avec une présentation light, très light, de la nouvelle direction de ce pôle qui évoquait alors dans sa présentation une évolution.
Nous avons dénoncé cet abus de langage lorsque nous avons découvert l'ampleur de la restructuration. Dans cette direction, tous les périmètres changent, l'ensemble des directeurs de services sont nouveaux, tous les salariés de ce pôle, plus d'une centaine, sont touchés, soit parce qu’ils changent de patron ou de périmètre, soit parce qu’ils sont affectés à de nouvelles tâches, souvent, sans discussion possible.
Depuis septembre, les salariés n'entendent que des messages tronqués, parfois mensongers. « Ne vous inquiétez pas.... » Euh, quand ça commence comme ça... « Vous conserverez votre périmètre... Vos compétences sont reconnues... Vous serez consultés... »
Or, nous avons plusieurs dizaines d'exemples qui nous démontrent le contraire. Si la première ligne hiérarchique (les N-1) peut être concernée par ces discours, il n'en est rien des N-2 et encore moins des N-3 !
Nous avons évoqué cette situation lors de ce premier comité d'entreprise de rentrée et la réponse des directions opérationnelles, comme de la DRH, fut banal : « Bien sûr que nous nous soucions des femmes et des hommes de ces services... Évidemment que personne ne restera au bord du chemin... C'est tout à fait normal, dans ces moments-là tout le monde est inquiet... »
Nous constatons un peu plus chaque jour les dégâts que commence à provoquer cette précipitation dans la réorganisation globale de la DTSI
Le calendrier social n'est pas respecté
Dans tous ces secteurs, la représentation sociale de l'entreprise est bafouée. Partout, les organisations sont déjà constituées sans même que le comité d'entreprise ou le CHSCT ne soient consultés. C'est tout simplement illégal... Alors que des déménagements sont déjà programmés, aucune instance n'est consultée ou informée !
Elle n'a visiblement que faire des institutions représentatives du personnel... Aucun calendrier n'est respecté. Nous allons le constater avec la réorganisation en cours de la DTE ou de la DSI... Là aussi, des périmètres ont bougé, mais nous l'apprenons par la bande, par des rumeurs, et même par l'extérieur de Canal+ ! Un comble.
Résultats : une inquiétude grandissante pour des dizaines de salariés, une démotivation galopante. Dans tous ces secteurs, des salariés sont inquiets et ils sont très nombreux. Ce sont ceux-là qui craignent pour leur avenir parce qu’ils ont compris que leur place n'était plus forcément dans le groupe, ou parcequ'ils découvrent qu'ils n'auront pas d'alternative à ce que leur propose leur nouveau patron.
Un plan social larvé
Au regard de l'ampleur de ces restructurations et des départs acceptés ou forcés qu'elles engendrent, nous pouvons considérer que nous sommes dans un plan social larvé. Nous ne cessons d'accompagner depuis de longs mois des salariés qui sont remerciés, et cela ne se dément pas, bien au contraire, depuis quelques semaines.
Les patrons ne prennent plus de gants ! « Le turn-over doit doubler, et comme on ne recrute pas, une seule solution : que vous partiez... ! »
Alors que la direction s'assied à la table pour négocier avec les syndicats des accords portant sur la gestion des carrières ou encore sur l'accompagnement des seniors, elle ne cesse en réalité de virer des salariés et d’abord ces fameux seniors, ces salariés qui approchent la cinquantaine ou qui ont le malheur d’avoir plus de 5 ans d’ancienneté dans le groupe ! À la DTSI, il paraît que le couperet est même fixé à 4 ans… Mais que nos patrons s’appliquent à eux-mêmes ces préceptes idéologiques d'un autre temps !
Le moindre écart de langage où vous feriez comprendre qu'un projet externe pourrait vous intéresser et vous êtes professionnellement mort, votre carrière s’arrête à Canal+ !
Et mes compétences... les laissés pour compte
Madame, Monsieur compétences, votre histoire, vos capacités... Nous pouvons nous en passer ! Il faut renouveler et comme cela ne va pas assez vite, la méthode douce fait place à une méthode plus musclée, où les nouveaux patrons appliquent à la lettre les consignes de la DRH et d'abord celle du « renouvellement global ».
Nous n'avons pas encore compris les raisons de cet emballement comme nous n'avons pas encore compris la stratégie de Bertrand Méheut lorsqu'il impose la création de cette direction de l'expérience Canal+... Sauf à faire entrer dans le marigot un nouveau crocodile et entretenir ainsi de bonnes rivalités constructives !
Nous rencontrons beaucoup d'entre vous aujourd'hui, mais nous savons aussi que certains restent en retrait, espèrent, attendent... N'attendez pas : le temps joue contre vous !
Notre direction doit comprendre que ces méthodes ne sont pas dignes de Canal+ et qu'elles déstabilisent une très grande partie de l'encadrement.
Ces méthodes ne rendent pas service non plus à l'entreprise. Alors que nous vivons sous ce régime depuis plusieurs années, nous sentons bien, nous qui sommes aussi des opérationnels, nous qui écoutons beaucoup de salariés partout dans tous les secteurs, que l'entreprise fonctionne de plus en plus mal, que partout on bricole, que le manque de compétences et de moyens se font cruellement ressentir chaque jour un peu plus... Y compris dans les services centraux où des pannes à répétition affectent durablement les équipements et les outils, comme ce fut le cas à la comptabilité cette semaine pendant plusieurs jours.
Et l’enquête d’engagement ?
Vous êtes nombreux, très nombreux, à nous questionner sur la confidentialité des réponses apportées à l’enquête menée par le cabinet Towers Watson. Oui, au regard des premières questions et même de l’adresse internet personnalisée, cette question de la confidentialité est légitime.
Mais ne croyons pas que la cabinet Towers Watson prendrait un risque tel qui remettrait en cause sa crédibilité et son avenir. C’est pour cela que nous conseillons de répondre avec franchise aux questions posées… Sauf peut-être à la question 77. « À l'heure actuelle, envisagez-vous sérieusement de quitter Canal+ ? » Bof. Franchement, Mme Watson, ça ne vous regarde pas...