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03 / 08 / 2009 | 46 vues
Elsa Fayner / Membre
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Le télétravail : une très bonne variable d'ajustement

« Les évolutions technologiques récentes en matière d’outils de communication à distance permettent d’envisager de nouveaux modes d’organisation du travail associant souplesse et réactivité pour un meilleur service aux clients externes et internes et assurant une compétitivité renforcée de l’entreprise, tout en offrant aux salariés qui le souhaitent la possibilité de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale, ou de limiter leurs trajets en exerçant une partie de leur activité à domicile », résume l’accord télétravail signé chez Renault en janvier 2007.

Moins de trajets, moins de pollution, des économies et l’accès à un vivier d’embauches plus étendu : le télétravail, régulièrement promis, se répandrait enfin, à la faveur de « la baisse du pouvoir d’achat », du réchauffement climatique et de la crise financière qui inciterait les entreprises à réduire la surface de leurs bureaux.

Définition à géométrie variable

Selon une étude de l'Insee, 22 % des entreprises nationales utilisaient le travail à distance en janvier 2008, contre 16 % un an plus tôt. Cependant, la définition retenue reste très large : il suffit que deux salariés travaillent au moins une demi-journée par semaine en dehors des locaux. Concernant le nombre de télétravailleurs effectifs en France, en revanche, sur 22 millions de salariés en France, seuls 440 000 pouvaient être considérés comme des « télétravailleurs à domicile » en 2004, soit 2 % des salariés. Et depuis, même dans les grandes entreprises qui promeuvent le télétravail et le font savoir, les effectifs concernés restent limités. Teleperformance France teste ainsi le télétravail pour SFR avec une centaine de salariés. Tandis que, chez Renault, fin mai 2009, 303 dossiers de télétravail ont été traités. Voilà qui représente 0,74% des effectifs et 1,51% sur le périmètre du siège et des établissements d'ingénierie qui drainent 284 dossiers. 73 % des télétravailleurs de Renault ont opté pour travailler 2 jours à domicile, 21 % pour travailler 3 jours à domicile et 6 % pour travailler 4 jours à domicile.

« Dans ces métiers, on a toujours besoin d’avoir un plus expert que soi à proximité » - Elisa Ara-Fontaine, Microsoft
La possibilité d’exercer son activité depuis son domicile se limite à trois jours par semaine chez France Télécom, et à deux chez Michelin, Alcatel-Lucent ou Microsoft. « Nous considérons que c’est un bon équilibre entre la volonté de se faciliter la vie, et la nécessité de maintenir un lien fort avec le site », constate Elisa Ara-Fontaine, responsable chez Microsoft du projet d’entreprise My Campus, dans le cadre duquel un accord télétravail a été signé pour les 140 ingénieurs supports. « Dans ces métiers, on a toujours besoin d’avoir un plus expert que soi à proximité ». Dans certaines équipes, les ingénieurs se sont d’ailleurs entendus pour fixer un jour de présence commune au bureau.

« Quelques managers se sont même montrés un peu plus prudents et ont préféré limiter à un jour par semaine le télétravail à domicile », poursuit Mme Ara-Fontaine. Car les freins sont avant tout culturels : les managers préfèrent avoir leur équipe à portée de vue, quand les salariés craignent d’être oubliés s’ils s’éloignent durablement. Les candidats ne se bousculent donc pas aux portillons. « Les salariés sont pour l’instant dans une logique d’attente », constate Olivier Carrot, directeur général adjoint de Teleperformance France. « Ils veulent d’abord voir quels liens les premiers volontaires gardent avec l’entreprise, s’ils bénéficient des mêmes possibilités d’accompagnement managérial et d’aide qu’au bureau ».

Pas si économique que ça

Par ailleurs, le télétravail coûte cher. L’accord national interprofessionnel sur le télétravail de 2005 fixe en effet l’obligation, pour l’employeur, de fournir, installer et entretenir les équipements nécessaires au télétravail. Si le télétravailleur utilise son propre équipement, l’employeur doit en assurer l’adaptation et l’entretien. Enfin, l’employeur prend en charge, dans tous les cas, les coûts directement engendrés par ce travail, en particulier ceux liés aux communications. La proposition de loi adoptée le 10 juin à l’Assemblée Nationale étend d’ailleurs l’accord à tous les salariés et l’inscrit dans le Code du travail. Des dépenses supplémentaires, donc, en perspective pour installer le télétravail, tandis que la surface des bureaux n’est pas immédiatement réduite.

Sauf à l’occasion d’un déménagement, d’une « restructuration », ou d’un « plan de mobilité ». Mais là encore, les employeurs délimitent avec parcimonie les publics concernés. Ainsi, chez Microsoft, qui déménage, l’accord ne s’adresse qu’aux ingénieurs supports. « Cet accord est clairement fait pour retenir ces experts-clés », estime Priscille Bellenger, déléguée syndicale CFE-CGC. « D’ailleurs, les assistantes de la division support n’y ont pas droit, alors qu’elles vont connaître les mêmes difficultés de trajet. Mais la direction doit estimer qu’elles ne sont pas irremplaçables. »

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