Organisations
Malaise persistant chez les agents selon l'observatoire interne de Bercy
Réalisé en octobre et novembre 2008, auprès de 3304 agents des ministères de Bercy, répartis entre toutes les directions, cette enquête confirme que l’environnement de travail est toujours impacté fortement par les réformes.
Des réformes de plus en plus mal vécues
Un tiers des agents du MEIE (Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi) et 53% de ceux du MBCPFP (Ministère du Budget, des Comptes Publics et de la Fonction Publique) considèrent que le rythme du changement est trop rapide.Cette perception demeure contrastée entre les directions. Entre les 14% de la DPAEP (Direction des Personnels de l’Adminstration et de l’Environnement Professionnel) et les 63% de la Douane, la fourchette est large.
Nous pouvons noter la persistance d’un écart conséquent sur ce point au sein même de la DGFiP, entre les ex DGI qui considèrent à 63% un rythme trop rapide des réformes, alors que les ex DGCP sont 42% à partager cette opinion.
Notons enfin l’évolution très marquée à l’INSEE (43% à comparer au 28% de mars 2008), que nous retrouverons d’ailleurs tout au long des résultats de cette enquête.
Des réformes incomprises
Tout en estimant majoritairement comme réelle ou indispensable la modernisation tant pour leur travail que pour les usagers, le changement est perçu de plus en plus défavorablement. Seul 18% le perçoivent favorablement (-7), avec de fortes variations par rapport à la dernière enquête (-10 à la DGFiP; -7 à l’INSEE).A l’évidence la mise en place concrète de la RGPP amplifie l’inquiétude des agents dans chaque direction.
Un mauvais climat social
Le climat social paraît mauvais pour plus d’un agent sur deux (58%), avec pour cette question une certaine harmonisation entre les directions sauf à la DPAEP et l’ex DGE (Direction Générale des Entreprises) où une majorité pense le contraire.
81 % des agents de l'Insee se déclarent prêts à des actions revendicatives Depuis plusieurs enquêtes, la tendance est à une détérioration du climat social dans nos ministères, même si les sondés estiment minoritairement que les agents sont prêts à participer à des actions revendicatives. Exception faite, là encore, de l’INSEE, qui avec 81%, pulvérise le résultat d’une moyenne située à 26%.
Nous pouvons relativiser largement cela au regard des résultats de la journée d’action du 29 janvier, où plus de 50% des agents ont cessé le travail.
Un moral en berne, mais une motivation intacte
Tout comme l’enquête précédente, le pessimisme à long terme est majoritaire. 51% des agents pensent que leur situation personnelle va se dégrader dans les prochaines années (contre 12% qui pensent qu’elle va s’améliorer).
A cette question, hormis la DPAEP, plus optimiste, dans toutes les directions c’est la même fourchette de résultats.
80% des personnels sont satisfaits de travailler dans nos ministères
Malgré tout, 80% des personnels sont satisfaits de travailler dans nos ministères, et 79% sont motivés dans leur travail, avec là encore peu de variations directionnelles.
Nous pouvons toutefois remarquer que la motivation de près d’1/3 des sondés est jugée en diminution, alors que pour seulement 10% elle serait en progression.
De la même façon, l’engagement professionnel des agents reste solide avec près de 80% qui se déclarent fortement ou beaucoup impliqués dans leur travail.
- Sur ce dernier point, la question ne précise pas si cette implication est volontaire ou subie.
Un environnement professionnel perfectible
Si une large majorité se considère satisfaite de ses horaires de travail (94%), du contenu de son travail (81%), des possibilités de formation (78%), des conditions matérielles de travail (75%), d’autres paramètres ont des résultats beaucoup moins brillants.
Il en est ainsi des possibilités de promotion (38%), de la reconnaissance du travail (42%), de la rémunération (50%).
Un environnement de travail dégradé
Tous les indicateurs sont dégradés par rapport aux enquêtes précédentes.Pour 61% les conditions de travail se dégradent, 48% pensent la même chose concernant l’organisation et les méthodes de travail, 45% sur l’écoute des agents par leur hiérarchie.
Nous sommes là au coeur de la perception des réformes et de leur mise en oeuvre sur le quotidien des agents. A l’évidence, toutes les réformes sont perçues très négativement pour l’environnement de travail. Ce résultat est l’exact contraire du discours officiel sur « une réforme au service des agents ».
Halte à la frénésie des réformes
C’est un peu le cri d’alarme lancé par les sondés, qui estiment à 78% qu’il faut s’assurer que les projets sont menés à terme avant d’en lancer de nouveaux. 80% estiment qu’il est indispensable ou important d’améliorer les compétences et la formation des agents et 68% qu’il faut que l’Administration clarifie mieux ses objectifsL’information syndicale privilégiée
Confirmation de l’importance de l’information syndicale, mais également lourde responsabilité de leurs responsables, 60% des sondés la privilégie comme source d’informations, contre 42% à la hiérarchie locale, 51% à Alizé. Seul l’intranet retrouve un score analogue aux syndicats.Ce baromètre bi-annuel demeure une photographie du climat social dans nos ministères et des attentes des agents, même si certains points mériteraient d’être détaillés ou perfectionnés.
Ces résultats confirment le fort taux de pessimisme des agents, perceptible déjà depuis plusieurs années, mais amplifié depuis l’automne 2007.
L’accumulation des réformes, via la RGPP en particulier, et surtout leur mise en oeuvre au quotidien cristallisent cette dégradation du climat professionnel et social dans les directions de Bercy.
Nos ministres devraient bien prendre la mesure de ce mécontentement plutôt que de nous abreuver de leçons de morale, telle que les derniers propos de Monsieur Woerth :« les fonctionnaires devraient faire preuve de plus de civisme et de moins de revendications ».
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Les ministres sauront ils en tirer les conséquences qui s'impos