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01 / 09 / 2017 | 3 vues
Didier Gladieu / Membre
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LREM, médecin imaginaire

Vous connaissez les chiffres : 3 500 000 chômeurs de catégorie A et 6 665 000 toutes catégories confondues.

Diagnostic du nouveau pouvoir politique : « il faut rénover le modèle social, libérer la croissance, libérer les entreprises, libérer le travail et faire sauter les verrous ».

Il part du présupposé suivant : les difficultés des entreprises à embaucher ne sont pas liées à l’absence de débouchés commerciaux mais à la complexité du droit social et à l’obsolescence de notre modèle social. Claironné dans tous les médias, il ne fait que reprendre celui qui nous est asséné depuis 30 ans pour justifier l’empilement des réformes successives sur le droit social.

Le diagnostic établi, nos nouveaux médecins prescrivent des ordonnances, dont Muriel Pénicaud (DRH de la France, ministre des employeurs) nous assure qu’elles sont propres à lever « un certain nombre de freins à l’emploi et de limites au dialogue social, de susciter l’envie* d’embaucher des entreprises… » (Le Monde, 27 et 28 août).

Réformer, encore, le code du travail n’est pas la solution.

Le discours, idéologique (Manuel Valls avait le même, d’où le 49-3), consiste à accuser le code du travail de tous nos maux et à le détricoter pour pouvoir licencier plus facilement, réduire et supprimer les insupportables entraves que sont les règles qui organisent les relations de travail (vive Uber, vive Deliveroo…) et baisser le coût du travail, ce boulet.

« Clysterium donare, postea saignare, ensuita purgare », disaient les médecins de Molière, en menant ainsi le patient au trépas. Les nôtres feront-ils mieux ?

Peut-on espérer que ces ordonnances créent massivement des emplois ? Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, répond (Paris-Match, 12 juillet) : « je ne le pense pas. Seuls deux éléments le permettent. D’une part, des investissements, comme les transitions numériques et écologiques, pour innover et faire face aux transformations du monde. D’autre part, l’élévation des compétences et un meilleur accompagnement des salariés… ». Il poursuit : « À chaque réforme, les responsables patronaux se sont livrés à une course à l’échalote pour demander davantage de souplesse et le chômage n’a pas baissé ».

Pour la CFDT Thales, il faut aussi substituer à l’actuel partage sauvage du travail (travailleurs surchargés, travailleurs privés d’emploi), un partage civilisé, contribuant notamment à l’égalité entre hommes et femmes.

Simplifier le dialogue social ou renforcer le pouvoir des salariés ?

Muriel Pénicaud l’affirme : pour « libérer la croissance », il faut simplifier le dialogue social. Pourquoi pas ? Non s’il s’agit de réduire le pouvoir des représentants des salariés. Oui si par « simplifier », elle entend le renforcer ainsi que le syndicalisme.

Pour répondre aux grands enjeux auxquels nous devons faire face, il est nécessaire de rééquilibrer les pouvoirs dans l’entreprise pour redonner du poids à la parole des travailleurs. La quête de « croissance » est à cette condition et à ce prix que peu de dirigeants d’entreprises (actionnaires et managers) sont prêts à payer, les autres subordonnant ou confondant l’intérêt de l’entreprise aux leurs.

La démocratisation des entreprises, principalement des grands groupes internationaux qui ont acquis un pouvoir politique supérieur ou égal à bien des états, est un passage obligé. Utopie ? Un combat. Préférable à l’idéologie en marche de la régression sociale.

* C’est moderne : un patron n’embauche pas parce qu’il a besoin de produire et de livrer un produit ou un service et de faire effectuer un travail mais parce qu’il a « envie ». Un peu comme de pisser, quoi. On apprend ça à HEC ?

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