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19 / 12 / 2013 | 8 vues
Laurent Aubursin / Abonné
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Les visiteurs médicaux n'avalent pas la pillule

Les finances du laboratoire allemenad Boehringer Ingelheim sont au beau fixe. Comme l'indique la revue FO Hebdo de cette semaine : un chiffre d’affaires de 14,7 milliards d’euros pour le groupe (en hausse de 12,5 % en 2012), avec une filiale française qui progresse de 4,3 % sur un an, on a connu des conjonctures plus difficiles.

Pourtant, « le projet de PSE qui vise la filiale française se traduit par la suppression de 178 postes : 143 visiteurs médicaux* (soit 40 % des effectifs) et 35 postes de fonctions support », indique Jérôme Juillard, délégué syndical FO. Près de 180 croix ont donc été symboliquement plantées dans le jardin du laboratoire, le 26 novembre, pour contester ce PSE.

Mais en réalité, plus de 377 postes sont exposés car tous les visiteurs médicaux restants recevront un avenant à leur contrat de travail modifiant leur secteur d’intervention et la nature de leur métier (moins de déplacements chez les clients et plus de contacts dématérialisés). En cas de refus de signature, ces salariés pourraient alors également faire l’objet d’un licenciement.

  • La suppression de 40 % des effectifs des visiteurs médicaux vise à réorganiser la profession : continuer à rendre visite aux gros clients du laboratoire et recentrer les contacts avec les plus petits clients à travers des sollicitations électroniques : courriels, web conférences etc. Cette évolution de la relation de contact avec les médecins est dénoncée par les salariés.

En effet, l’un des médicaments phare du groupe, le Pradaxa (un anticoagulant administré par voie orale) fait partie d’une classe de médicaments (les NACO) qui a récemment fait l’objet d’une mise en garde de l’Agence nationale de sécurité du médicament : 5 à 10 % des prescriptions de ce traitement correspondent « à des indications non validées, éventuellement dangereuses », selon elle. Or, ce mésusage risque de s’accroître : « Moins  de visiteurs médicaux implique moins d’informations aux médecins et donc un accroissement des risques de mésusage », dénonce Jérôme Juillard.

La manifestation de fin novembre (qui a rassemblé un tiers des effectifs) est une première pour cette entreprise. Elle a d’ores et déjà permis de poser les bases d’un rapport de force permettant d’ouvrir des discussions la semaine suivante et d’obtenir de premières avancées concernant l’accompagnement social du PSE. Pour autant, de fortes inquiétudes persistent pour le groupe.

En effet, le Spiriva (médicament bronchodilatateur) représente 40 % du chiffre d’affaires de Boehringer France. Or, ce médicament entrera dans le domaine public en 2016 et cette évolution touchera les résultats de l’entreprise, qui sont aujourd’hui florissants. « Le CHSCT a  lancé un droit d’alerte sur le risque réel et sérieux des effets de ce PSE sur l’état de santé des collaborateurs de l’entreprise », rappelle le délégué FO.

Au-delà de ce PSE massif, c’est donc bien la question de la pérennité du groupe en France à court terme et du manque de visibilité qui inquiète tous les salariés.

* Salariés chargés de faire la présentation et la promotion des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux auprès des médecins.

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