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Les caisses d'allocations familiales au bord de l'explosion
Les caisses d’allocations familiales sont au bord de l’explosion et les 33 000 agents des CAF n’en peuvent plus d’avoir la tête sous l’eau.
Les raisons de cette situation inédite par son ampleur
Avec la crise économique, l’augmentation de la pauvreté et de la précarité provoque depuis bientôt trois ans un afflux grandissant d’allocataires dans les caisses.Dans le même temps, la tutelle ministérielle a mené une politique de réduction des effectifs dans les caisses, qui se sont vu appliquer la révision générale des politiques publiques (RGPP), avec le non-remplacement d’un emploi sur deux.
Tout cela alors que de nouvelles missions ont été confiées aux CAF, comme le passage d’un versement annuel à un versement trimestriel de l’allocation adulte handicapé (AAH) ou l’instruction des dossiers de RSA (revenu de solidarité active), un dispositif très complexe.
- Résultat, un peu partout en France les dossiers s’empilent dans les CAF.
En tête des caisses en difficulté, la CAF du Val-d’Oise affiche un retard moyen de 19 jours dans le traitement des dossiers. « Il faut savoir qu’on finit aujourd’hui de traiter certains dossiers qui datent du mois de janvier », indique Lionel del Angelo, secrétaire de la section syndicale FO. Depuis deux ans et demis, à Argenteuil et à Sarcelles (Val-d’Oise), la direction ferme l’accueil au public deux semaines par mois pour tenter de résorber les retards.
En vain. Ces agences ont même fermé leurs portes pendant six semaines consécutives en septembre et octobre derniers. « La direction fait en outre appel aux heures supplémentaires, le plus souvent sur la base du volontariat, cela depuis des années. C’est la démonstration que le problème n’est pas ponctuel et qu’il faut embaucher », souligne Lionel del Angelo.
- Le nombre d’allocataires dans le Val-d’Oise est passé de 141 000 en 1991 à près de 200 000 en 2011. Dans le même temps, 120 emplois ont été supprimés sur un effectif total d’environ 700 salariés.
De nombreuses CAF connaissent une situation critique. La CAF de l’Isère cumule un stock de dossiers qui représente quinze jours et demis de retard et celle des Bouches-du-Rhône quatorze jours.
La CAF du Val-de-Marne figure au sixième rang national des caisses d’allocations familiales les plus en difficulté. Elle accuse quinze jours et demis de retard dans le traitement des dossiers.
Alors que le gouvernement a annoncé son intention d’imposer des économies à la branche famille pour combler son déficit d’ici 2016 et que la discussion sur la convention d’objectifs et de gestion (COG) entre l’État et la caisse nationale d’allocations familiales est en préparation, le personnel des CAF s'est fortement mobilisé. Des mouvements de grève locaux se sont développés ces derniers mois.
Le conseil d’administration de la caisse nationale d’allocations familiales a lui aussi tiré le signal d’alarme. Dans une lettre au gouvernement rendue publique le 12 mars, il déclare que les CAF connaissent « une charge de travail insupportable », et que leurs employés sont « au bord de la rupture ». « Une décision qui viserait à réduire les effectifs aurait des conséquences inéluctables sur le climat social et serait de nature à embraser le réseau des CAF », écrit le président du conseil d’administration de la CNAF, Jean-Louis Deroussen (CFTC).
« S’il n’y a pas de budget, je ne vois pas comment on va s’en sortir sans embauches », indique Jean-Marc Bilquez, secrétaire confédéral FO chargé de la protection sociale. FO avait donné un avis défavorable à la précédente convention d’objectifs et de gestion (COG 2009- 2012) car cette feuille de route entérinait des baisses d’effectifs.
Pour la COG 2013-2016, le gouvernement n’a pas encore donné d’indications précises. Ce devrait être chose faite rapidement.