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22 / 05 / 2017 | 4 vues
Didier Cozin / Membre
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Le mythe de la gratuité en formation professionnelle des adultes

Si aux États-Unis on a coutume de dire « si vous ne payez pas le produit, c'est que vous êtes le produit », en France le problème semble être différent : nous ne payons guère les services que nous consommons (éducation, formation, transports collectifs, santé et logement) et, de ce seul fait, nous les dévalorisons (car ils ont un coût, donc un prix).

Parmi les dogmes français qui perdurent aujourd'hui, celui de la gratuité totale de l'éducation et de la formation est de plus en plus intenable (notamment dans l'éducation des adultes).

L'éducation et la formation peuvent être un commerce.

Dans un monde à la fois ouvert, libre et apprenant, c'est bien par la vente de ses services (et de ses produits) que les Français pourront assurer leur avenir économique et social, loin de modèles étatiques ou planificateurs de la société industrielle.

La formation des adultes a un coût que personne ne pense devoir assumer.

Le capital humain, la culture et l'éducation sont devenues stratégiques, principales richesses d'un individu et des organisations telles que les nations. Mais pour les développer, il faut investir (pas seulement dans l'école).

Contrairement à ce que prétendent certains (qui « militent » pour un monde à l'arrêt et fermé), l'intelligence humaine ne peut se déployer que dans l'évolution, l'adaptation, l'échange et la confrontation (des concepts, des doctrines, des produits et des services commerciaux).

L'éducation et la formation sont devenues des commerces à travers le monde :

  • parce que l'éducation est un trésor (dixit Jacques Delors) et que lorsqu'il y a production de richesses il y a forcément des activités commerciales ;
  • parce qu'il existe une offre mondiale et immense de services éducatifs et que ces services mêlent à la fois la culture (sans culture, l'éducation n'est que de la répétition), la concurrence et les innovations ;
  • parce que les télécommunications et internet permettent à la fois des apprentissages en réseau, les savoirs collaboratifs mais aussi la comparaison des systèmes éducatifs (entre TED international et FUN français, les Terriens auront vite fait leur choix) ;
  • parce que ce qui est gratuit est grandement dévalorisé, maltraité ou peu performant au XXIème siècle.

La concurrence améliore le sort des êtres humains et leur mobilité (sociale) car elle permet de changer et de s'adapter.

La confrontation commerciale de notre culture, de nos concepts, de nos programmes ou de nos produits est sans doute la meilleure manière  d'améliorer un système, de l'adapter ou d'en changer.

Si l'école n'a pas su évoluer en France depuis les années 1970, c'est parce qu'elle révère son passé, les Lumières et Victor Hugo sans se rendre compte qu'internet et la mondialisation ont changé la donne en matière de développement.

L'Occident n'est plus seul à guider une planète qui comptera bientôt 10 milliards d'habitants (pour la plupart connectés) et les avantages éducatifs acquis par les pays riches sont remis en question à la fois par de nouveaux acteurs (la Chine notamment) mais aussi par les machines elles-mêmes et l'intelligence artificielle.

L'école et les systèmes de formation sont confrontés à un tripe défi :

  • comment lutter (ou s'adapter) à la concurrence informationnelle, culturelle et sociale d'internet ?
  • comment s'inscrire dans le nouveau paradigme de la formation tout au long de la vie et de la société de la connaissance ?
  • comment retrouver créativité et agilité dans un monde où la rapidité des changements prime sur la lourdeur des États et des organisations bureaucratiques ?

Pour s'insérer et se développer, il faut être performant, volontaire et bien outillé.

Chaque chose a un prix et il faudra retrouver un jour celui de l'éducation et de la formation.

La société post-industrielle dans laquelle nous sommes entrés il y a une quarantaine d'années (première crise de l'énergie) implique une éducation à la fois inventive, inclusive et adaptative, loin des normes des années 1960 (NF).

L'entreprise ne doit plus être diabolisée par le système éducatif ; elle est l'incarnation de nos compétences et le reflet de notre adaptation au monde. Aux États-Unis, les études (payantes) apportent plus de promotion sociale qu'en France (lire à ce sujet la tribune édifiante d'une centaine de doctorants, tribune parue le 18 mai 2017 dans le journal Le Monde).

Chaque chose a un prix et il faudra retrouver un jour celui de l'éducation et de la formation.

La formation et l'éducation (après 16 ans) vont devenir des secteurs économiques majeurs (créateurs de richesses) dans le monde et il faut nous interroger si la gratuité totale en éducation est encore un enjeu du siècle.

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