La France ne doit pas perdre la bataille du numérique
Les acteurs de cette économie ne sont pas tous de la même taille ni de même nature. En effet, les enjeux liés au numérique concernent aussi bien les entreprises que les États. Or, un pays qui souhaite devenir un acteur à part entière dans cette nouvelle économie doit soutenir ses entreprises ; c’est là toute la complexité à laquelle ils sont désormais confrontés.
Des enjeux stratégiques pris en compte très tôt par certains acteurs
Désormais, presque tout et tout le monde est connecté. Un flot ininterrompu de données gravite, s’échange, se vend et traverse les continents chaque seconde de chaque jour et ces données sont précieuses…Le numérique permet un accès instantané à des données financières, météorologiques, boursières et même personnelles, en bref des données stratégiques pour les entreprises et pour les pays. Les entreprises cherchent à récolter ces données mais se battent également pour ne pas qu’on accède aux leurs.
Les États-Unis et leurs entreprises excellent dans ce nouveau jeu car leur stratégie numérique a été mise en place au lendemain de la guerre froide. Celle-ci a pour objectif de faire des États-Unis la superpuissance du numérique.
Aujourd’hui, vous créez un compte Google (entreprise américaine) avec votre nouveau téléphone Apple (entreprise américaine) tout en étant sur votre Twitter ou votre Facebook (aussi entreprises américaines). Lors de cette situation, paraissant anodine, vous transmettez énormément de données parfois extrêmement personnelles sur vous et potentiellement sur votre entreprise. Or, ces mêmes entreprises américaines utilisent ces données dans leurs intérêts, ce qui a parfois fait l’objet de scandales entre les États-Unis et l’Europe (comme l’affaire Snowden, par exemple).
Ne préfèreriez vous pas avoir le choix ? Entre un Facebook français et un américain, ne préfèreriez-vous pas soutenir le projet français plutôt que la plate-forme américaine qui transmet vos informations aux services de renseignements américains au nom, officiellement, de la lutte anti-terroriste ?
D’autre part, nous passons quasiment tous par Google pour effectuer nos recherches sur internet. En d’autres termes, nous trouvons comme résultat ce que Google accepte de nous donner. Si des informations, disponibles et échangeables numériquement, vont contre les intérêts de Google, pensez-vous qu’elles apparaîtront à la première ligne de la première page de ce moteur de recherche ? C’est pourquoi, dans ce monde qu’est le numérique, il faut encourager nos entreprises, soutenir notre stratégie pour ne pas être dépendants d’autres acteurs étrangers.
Les atouts français sont nombreux
La France s’est clairement fixé comme objectif de favoriser l’émergence des talents et des start-ups françaises de demain, de les aider à se développer à l’international et de promouvoir l’écosystème français à l’étranger.
Par ailleurs, la France est une nation qui innove dans le secteur du numérique. La preuve est faite qu’elle dispose d’un véritable arsenal de combat : des ingénieurs reconnus mondialement pour leurs compétences, des domaines d’expertise et des politiques en sa faveur, comme la French Tech'.
La stratégie française est lancée, l’enjeu est désormais de la soutenir en encourageant nos entreprises afin d’en faire des fleurons et ainsi retrouver une indépendance numérique.
Il apparaît que certaines entreprises françaises ont déjà pris en compte tous les enjeux liés au numérique et s’efforcent de prospérer dans cette économie. Le combat est rude car ces dernières sont dispersées et font face à des géants qui souhaitent tous imposer leur vision et ainsi régir la norme actuelle et future. Il est primordial de fédérer les acteurs français du numérique, surtout au vu du caractère vital des enjeux liés à cette économie, pour rééquilibrer le combat.
Il est donc nécessaire de soutenir et d’ériger des fleurons industriels français du numérique et de ne pas réitérer les erreurs du passé qui se sont avérées extrêmement dures d’un point de vue stratégique (perte de la branche la plus fructueuse d’Alstom rachetée par une entreprise américaine). L’État et les entreprises doivent avancer de concert, servir les mêmes intérêts pour tirer leur épingle du jeu. Les atouts sont bien réels. Nous ne manquons pas de talents, loin de la, et il suffit de les rassembler, de les fédérer autour d’un objectif commun : faire de la France un acteur majeur du numérique au niveau mondial.