Participatif
ACCÈS PUBLIC
10 / 11 / 2015 | 51 vues
Jacky Lesueur / Abonné
Articles : 1877
Inscrit(e) le 04 / 03 / 2008

La banque du temps des aidants : un échange de services sans argent

Interview exclusive de Malia Belkacem (belkacemmalia@gmail.com), vice-présidente de l'association L'Échange Heure qui développe une approche et une démarche originales en direction des aidants.


Alors que la question de l'aide aux aidants s'avère de plus en plus importante, pouvez nous présenter votre association TempOh-L'Échange Heure, l'originalité de votre démarche et votre approche ?
En France, on dénombre plus de 8 millions d’aidants. Il faut distinguer les aidants bénévoles et les aidants professionnels, salariés. La plupart du temps, les aidants bénévoles sont de la famille de la personne aidée. Ils se sentent souvent prisonniers du service qu’ils rendent et aimeraient parfois pouvoir souffler un peu. Notre association TempOh, créée en 2013, propose à ses adhérents d’échanger du temps contre des actions solidaires via notre plate-forme L’Échange Heure.

Ces échanges réciproques se font entre les gens, entre les associations, entre une association et ses adhérents ou encore entre associations et collectivités. Cette année, nous avons lancé la première banque du temps destinée aux aidants, avec l’appui du conseil régional d’Île-de-France. L’idée est simple, l’aidant fait appel à un autre aidant pour compléter son action, voire le remplacer en échange d’heures ; ces heures sont créditées sur son compte temps et peuvent ensuite être utilisées pour recevoir un autre service, quel qu’il soit, de la part un autre adhérent de la banque du temps.

Les professionnels des services et de l’hébergement des personnes âgées sont des partenaires de la banque du temps des aidants.

Une heure est équivalente à une heure, non monnayable en euros. Important : nous appartenons au mouvement des monnaies locales complémentaires, lesquelles n’ont rien à voir avec une monnaie comme le bitcoin. La recherche d’aides et l’enregistrement des échanges peuvent aussi être réalisés sur un smartphone.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre plate-forme d'échanges et la banque du temps?
La plate-forme L’Échange Heure a été déclinée en une plate-forme d’échange de temps pour les aidants.

Le site est www.noustaidons.fr et cette plate-forme est prête à fonctionner. Son utilisation commence dans les prochaines semaines. Nous avons deux ans pour la créer et sommes à la
recherche de gens motivés pour nous accompagner ou de structures intéressées par ce
projet. Nous sommes ouverts à toute proposition, l’essentiel étant qu’elle vienne du terrain et
d’acteurs motivés par le renforcement des liens entre citoyens et d’amélioration des conditions de vie des gens.

Au moment où les besoins d’aide augmentent et les moyens financiers stagnent, la banque du temps des aidants est un nouveau dispositif qui contribuera à favoriser le maintien à domicile
des personnes en perte d’autonomie.

Le système d’information permet de réaliser en toute sécurité et en temps réel les échanges
entre les aidants adhérents.

Géographiquement, quels sont les départements ou les régions couvertes par votre initiative ?
Pour l’instant, le déploiement de la banque du temps des aidants se fait en l’Île-de-France.
C’est déjà pour notre association un gros travail. Nous sommes ouverts pour mettre à disposition notre expérience et nos outils pour des associations qui souhaiteraient la déployer dans d’autres régions.

Nous soutenons en parallèle 3 autres projets :
  • Écotemps,le réseau local d’échanges de services de Nanterre ;
  • la Chenille au Pré Saint-Gervais,  une  banque de temps mise en place par des associations locales ;
  • L’Échange Geure/asso, une banque de temps interassociative, en cours de construction. Cette banque vise à encourager les échanges de services entre les associations.
Nous savons que cela se fait déjà par solidarité mais aussi du fait de la crise et de la réduction
des subventions aux associations qui n’ont parfois plus beaucoup de moyens pour louer des salles, organiser des événements ou simplement financer leur activité administrative…

Quels sont vos projets de développement ?

Notre priorité est de faire connaître notre association pour pouvoir rencontrer des partenaires
associatifs, professionnels et des collectivités avec lesquels nous pouvons imaginer la construction de beaux projets. Nous savons que nous sommes au cœur de l’économie sociale et solidaire et dans l’ère du « co » : collaboration, co-­‐construction, coopération… Nous espérons que, dans quelque temps, les banques du temps seront aussi répandues que les agences bancaires qui fleurissent dans nos quartiers. Nous pensons que, contrairement à ces dernières, les banques du temps passeront d’internet à l’agence physique et deviendront un élément essentiel dans le maintien du lien social qui manque dans notre société.

Des partenariats avec le mouvement mutualiste et les entreprises du secteur de l'économie sociale et solidaire vous paraissent-ils envisageables ?
Tout à fait, nous savons tous que le mouvement mutualiste est un pilier de l’économie sociale et solidaire et un acteur de la protection sociale, qui continue d'être à la pointe de la conquête du bien-­‐être social. D’autre part, le secteur de l’économie sociale et solidaire est centré sur un fonctionnement humaniste avec une grande capacité à créer ou recréer du lien social et de la convivialité, en donnant la priorité à des solutions pour améliorer vraiment les conditions de vie des gens.
Pas encore de commentaires