Organisations
L’ONF invite ses cadres à porter plainte contre les syndicalistes qui dépassent les limites : « Vos gueules les mouettes ! »
« Des écrits insupportables ont récemment visé des cadres avec des mots ou des images inacceptables », souligne la note de service de l'Office national des forêts (ONF) du 29 mars, proposant sur pas moins de 6 pages une aide complète à l’action pour contrer une « violence » mise au crédit des représentants du personnel. Une façon pour Christian Dubreuil (DG de l’ONF nommé en juillet 2015) d'affirmer le soutien à ses cadres. Un exercice sur lequel péchait son prédécesseur.
Après avoir rappelé le cadre de l’injure et de la diffamation, la direction précise la réaction à tenir à chaud selon que l’agression est écrite ou verbale. « Vous avez été clairement menacé ou simplement attaqué ad hominem, vous-même ou l’un de vos collaborateurs, présent ou non, dans des termes déshonorants, vous devez immédiatement mettre fin à l’entretien ou à la réunion et en informer votre hiérarchie ainsi que le juriste et le chef du service territorial des ressources humaines qui analyseront avec vous et de concert avec les directions centrales, au cas par cas, les suites nécessaires à donner. Il est indispensable que vous vous protégiez contre les agressions, fussent-elles simplement verbales ». À l'écrit, l'usage des caricatures est particulièrement dans le collimateur.
La direction invite donc les cadres concernés à porter plainte, en les assurant que l’ONF sera partie civile et que des actions disciplinaires seront systématiquement engagées.
Un excès de passion
Selon la direction, « la passion pour le métier, l’attachement aux missions de l’ONF et une culture professionnelle fondée sur l’expertise mènent parfois à des échanges exacerbés qui nuisent à l’établissement de relations de travail harmonieuses et peuvent créer un climat de travail nocif ».
En retour l'UNSA a publié un numéro spécial intitulé « Vos gueules les mouettes ! » avec en sous-titre « L'ONF veut inculquer les bonnes manières à ses gens ».
Selon l’UNSA, la source des « échanges exacerbés » est ailleurs que dans la « culture professionnelle » et la « passion du métier », « que faut-il penser des politiques managériales de la DG qui, depuis maintenant 15 ans, supprime toutes les années (donc de façon répétée) personnel et postes, tout en laissant à ceux qui restent le soin d’exécuter des charges de travail toujours plus importantes, dégradant ainsi les conditions de travail et portant atteinte à la dignité et altérant la santé physique et mentale ? Le directeur général et ses cadres peuvent-ils raisonnablement penser que les souffrances des collaborateurs, dénoncées depuis des années par toutes les organisations syndicales, seront mieux écoutées si elles s’expriment de façon très policée ? Parallèlement, nous constatons depuis 15 ans que celles-ci ne sont pas prises en compte par la politique directoriale de l’établissement ».
Et le syndicat de rappeler que la dégradation du climat social est telle que la direction « s’est crue obligée d’instaurer la journée annuelle de convivialité ».
Cette information est extraite du Bip Bip Info n°123, la veille heddomadaire réservée aux abonnés.