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30 / 01 / 2018 | 412 vues
Laurent Dupont / Membre
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UMEN : un bilan dépassionné du départ de la mutuelle du spectacle

Un an après son départ du groupe Audiens, un bilan du départ de la mutuelle maison rebaptisée UMEN reste difficile à dresser. Partie en quête d’autonomie, celle-ci semble aujourd’hui faire partie d’un groupe sur lequel elle n’a qu’une influence infime.

Une absence de « vision partagée sur la stratégie et la gouvernance » avait conduit la mutuelle Audiens de la presse, du spectacle et de la communication à quitter le groupe Audiens en janvier 2017. C’est en tout cas l’une des principales raisons évoquées à l’époque.

Nous savons aujourd´hui qu’elle n’était pas la seule. La mise en place du groupe prudentiel Audiens (sous forme de SGAPS) avait « cristallisé les tensions », selon Laurent Joseph, président de la mutuelle Audiens de la presse, du spectacle et de la communication. Le dirigeant accusait en outre le groupe d’avoir bloqué « toute tentative de rapprochement avec des mutuelles des autres groupes de l’alliance pro » et critiquait le projet de création d’un centre médical qui serait entré en concurrence avec le centre René-Laborie, alors géré par la MRSSC.

La répartition du portefeuille de santé avait également pesé sur la décision finale. « La généralisation de la complémentaire de santé exigeait de revoir le positionnement de la mutuelle uniquement sur l’individuel sous peine d’être voué à disparaître », a expliqué Laurent Joseph.

1 % du réseau

Toutes ces raisons ont fini par pousser la mutuelle Audiens de la presse, du spectacle et de la communication et la MRSSC à accélérer leur départ. Six mois après le divorce, elles ont rejoint le groupe Harmonie, décision que le groupe Audiens a salué tout en rappelant que la marque demeurait « l’entière propriété du groupe Audiens ». La mutuelle « démissionnaire » devait changer de nom.

Rebaptisée UMEN, la mutuelle en a profité pour rejoindre le groupe VYV en adhérant à l’union Agrume, ce qui n’a pas manqué de faire sourire les connaisseurs du dossier. Partie en quête d’« autonomie », la mutuelle finissait par rejoindre une union de groupe mutualiste dont elle ne représente qu’un très modeste 1 %, le groupe Agrume étant composé de 50 mutuelles représentant plus de 5 800 000 adhérents au total.

La mutuelle disait ne pas avoir pu trouver sa place au sein du groupe Audiens. Mais la trouvera-t-elle au sein d’un « partenaire » cent fois plus gros ? C’est difficilement imaginable. On peut en revanche facilement imaginer que, privée de tout pouvoir décisionnaire, elle aura le plus grand mal à défendre les spécificités de ses propres adhérents, comme n’avaient cessé de le dénoncer les syndicats.

Influence limitée

Certaines voix s’inquiètent de voir la nouvelle mutuelle se livrer à la pratique du dumping tarifaire afin de conserver ses clients historiques et de faire face aux importants problèmes de rentabilité que seule la stabilité du groupe Audiens lui permettait d’atténuer. La mutuelle UMEN de son côté avance que son autonomie retrouvée, elle pourra servir au mieux ses adhérents et que rien ne changera pour ces derniers.

Si la vérité se trouve probablement entre ses deux affirmations contradictoires, Audiens conserve un avantage compétitif indéniable : le fonds collectif du spectacle pour la santé. Ce fonds, mis en place par les professionnels du secteur, a été élaboré sur mesures pour le régime des intermittents du spectacle afin de compenser les périodes d’activité aléatoires indues à la profession.

Dans ces conditions, les adhérents s’interrogent sur la possibilité pour la nouvelle mutuelle de leur offrir un niveau de prestations aussi ajusté, en particulier en matière de retraite et de prévoyance.

« Était-ce la bonne décision ? », se demandent aujourd’hui les adhérents, les experts et probablement les dirigeants des mutuelles démissionnaires. S’il est difficile de répondre à leur place, force est de constater que les inquiétudes et les incertitudes ne sont pas moins nombreuses aujourd’hui qu’au moment du divorce et que les principaux objectifs annoncés à l’époque (à savoir la quête d’autonomie et la défense du centre de santé René Laborie) ne semblent pas être atteints. En effet, la tutelle du centre de santé a été confiée au groupe VYV, autre signe de la capacité limitée d’influence de la mutuelle UMEN au sein de son nouveau groupe.

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