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22 / 11 / 2017 | 20 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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« Toujours rechercher l’alliance des expertises et la complémentarité des métiers ou des réseaux, sans trahir notre ADN mutualiste » - Daniel Havis, Matmut

Daniel Havis (président de la Matmut) et Nicolas Gomart (son directeur général) ont bien voulu répondre aux questions de Miroir Social et préciser l'approche de la mutuelle vis-à-vis des évolutions qui se dessinent.

Dans le secteur de l'assurance, en pleine évolution, comment situer la place du groupe Matmut ?
Daniel Havis : Premier constat, le groupe Matmut reste fidèle aux principes qui ont mené à sa fondation, il y a plus de 55 ans. À savoir rendre des services vraiment utiles à ceux qui se regroupent pour assurer les risques auxquels ils sont exposés. Selon la toute récente enquête de satisfaction menée auprès de nos sociétaires, l’indice de satisfaction globale monte à 89 %. Par ailleurs, la satisfaction des sociétaires ayant subi un sinistre, clos est aussi élevée que celle des sociétaires n’en ayant pas subi, preuve du soin que nous mettons à tenir nos engagements. Ces indicateurs sont extrêmement rassurants sur le professionnalisme des collaborateurs du groupe.

Second constat, le groupe grandit, se développe. Plus de 3,3 millions de sociétaires, plus de 6,7 millions de contrats d’assurance gérés, 6 200 collaborateurs et 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires… Le groupe Matmut est un acteur qui compte, dont les principales forces sont indéniablement son potentiel humain et sa solidité financière.

Nicolas Gomart : Notre cœur de métier demeure l’assurance dommages des particuliers. Cependant, le groupe est beaucoup plus diversifié qu’on ne le pense. À titre d’exemple, sur l'exercice 2016, l’assurance de santé a représenté près de 15 % du chiffre d’affaires global du groupe, ce qui nous place parmi les 15 premiers acteurs de ce marché, en France.

Autre illustration, le marché des professionnels. S’il est loin d’être un champ d’investigation nouveau pour la Matmut (puisque, dès 1975, elle créait un contrat d’assurance des professionnels), il est aujourd’hui un relais de croissance important pour nous. En effet, le marché des professionnels a vu sa part dans le chiffre d’affaires du groupe doublé en 2016, à 8 % contre 4 % l’année précédente.

Se diversifier signifie se renforcer et non changer de métier. Si nous proposons des solutions complémentaires, pour le bien-être de nos sociétaires, en lien notamment avec nos partenaires historiques ou des start-ups, nous restons bien sur notre activité historique, l’assurance et n’avons pas pour vocation de devenir une société de services.

Évoquons le volet santé. Comment la Matmut l’aborde-t-elle désormais, suite au rapprochement qu'elle vient d'opérer avec Ociane ?
Nicolas Gomart : Au 1er janvier 2017, nous avons finalisé l’intégration de la mutuelle Ociane, devenue Ociane groupe Matmut. La progression de notre chiffre d’affaires est naturellement largement due à cette intégration puisque l’activité du groupe sur ce marché a été multipliée par 4, avec désormais plus de 600 000 personnes protégées. Si le groupe Matmut a toujours été proche de l’univers de la santé et s’il avait lui-même, dès 2010, proposé une offre de complémentaire de santé, nous passons indéniablement à la vitesse supérieure.

Dans notre façon d’exercer cette activité, les maîtres mots sont accessibilité, innovation et protection. Le lancement récent de notre offre Ociane santé évolution en est la meilleure illustration. Accessibilité car nous n’oublions pas que le phénomène de renoncement aux soins est plus que préoccupant dans notre pays. Nous proposons donc des formules économiques permettant d’être bien remboursé pour les soins importants, avec une cotisation moins chère de 20 %. Innovation, avec par exemple des programmes de coaching de santé en ligne, basés sur les thérapies comportementales et cognitives. Protection, enfin : en dépit de la généralisation de la complémentaire de santé obligatoire pour les salariés, nous estimons primordial de continuer de proposer des solutions d’assurance de santé individuelles performantes et adaptées à la situation de chacun.

Ociane Groupe Matmut témoigne du dynamisme partenarial du groupe. On observe qu’il est à l’œuvre dans l’univers mutualiste mais pas seulement. Quelle est votre stratégie en la matière ?
Daniel Havis : Si les mutuelles ont chacune leur singularité et leur identité propre, il est évident qu’une même conception de nos métiers nous unit. Il est donc naturel pour nous de mettre en place des partenariats et alliances avec des acteurs mutualistes pour au final proposer un service toujours meilleur à ceux qui nous font confiance. Ces opérations très structurantes (avec Ociane Groupe Matmut mais aussi Mutlog et, tout récemment, le groupe Solimut Mutuelles de France) sont l’expression de valeurs partagées et d’une même volonté de nous renforcer mutuellement.

Mais loin de nous l’idée de limiter notre horizon à l’univers mutualiste. En témoigne la société d’assurance commune que nous créons avec BNP Paribas et qui débutera son activité au premier trimestre 2018. Ce partenariat stratégique est une excellente occasion de développement pour le groupe Matmut sur le marché très concurrentiel de l’assurance des dommages en France. C’est surtout une fierté que notre savoir faire, notre professionnalisme et la qualité de nos offres aient été reconnus par un groupe bancaire de la dimension de BNP Paribas.

On le voit, notre approche en matière partenariale est pragmatique, avec l’idée de toujours rechercher l’alliance des expertises et la complémentarité des métiers ou des réseaux, sans trahir notre ADN mutualiste.

Quels sont les principaux chantiers en cours pour préparer l'avenir ?

Nicolas Gomart : Je souligne régulièrement que finalement, le plus grand défi pour les années à venir consiste à accompagner les changements dans les modes de vie de nos concitoyens. À la Matmut, c’est une préoccupation de toujours et elle est encore renforcée avec les tendances de consommation collaborative, la bascule progressive de la propriété du bien à son usage, une approche plus « mobilité globale » et moins « automobile », pour prendre quelques exemples. C’est également vrai pour le marché des entreprises que j’évoquais un peu plus tôt. Elles sont exposées à de nouveaux risques, qui apparaissent avec notre époque, comme les cyber-risques. Tout en les sensibilisant sur cette menace, nous lançons donc une offre a leur attention, dans ce domaine.

Notre projet d’entreprise « #Ambition Matmut 2015-2017 » nous a permis d’adapter notre groupe à la révolution numérique, en soignant aussi bien l’accompagnement de nos sociétaires que celui de nos collaborateurs. Nous travaillons actuellement à jeter les bases d’un nouveau projet.

Daniel Havis : Être une mutuelle (et la Matmut a à cœur de démontrer son attachement à ce modèle), cela signifie apporter la réponse adaptée aux attentes, aux préoccupations de nos concitoyens. Pour ce faire, la remise en cause est permanente car le monde change. Les progrès technologiques, indéniablement, s’accélèrent et expliquent pour beaucoup les changements dans les attentes de nos assurés. Ainsi, notre rôle est d’être en veille permanente pour anticiper les évolutions et adapter au mieux nos offres d’assurance. C’est par exemple le sens de notre participation au projet « Rouen Normandy Autonomous Lab », dédié à la voiture autonome, une première européenne sur routes ouvertes. Nous avons conscience que la voiture autonome est un enjeu d’avenir pour le secteur de l’assurance et hors de question, donc, de ne pas être « en mouvement » sur ce sujet. Ce test est un véritable « laboratoire grandeur nature », notamment sur les questions de responsabilité. Il aura lieu dès 2018 sur les routes de la métropole rouennaise, qui a vu naître notre entreprise en 1961 et qui, aujourd’hui encore, abrite le siège social de notre groupe, renforçant donc encore l’attractivité et le dynamisme de notre territoire, auquel nous sommes tant attachés ».
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