Thales-Safran : un rapprochement qui menace l'emploi
Les syndicats de Sagem Sécurité (groupe Safran) s’alarment du projet de fusion d’activités « industriellement absurde » pour l’aéronautique et la défense, menaçant les emplois des salariés.
Après la forte mobilisation des salariés de Sagem, dont plus de 800 (soutenus par leurs collègues de Safran) ont manifesté le 8 juin, des Invalides jusqu’au Ministère de la Défense, un autre rendez-vous revendicatif était fixé pour le 20 juin, pour un rassemblement au salon du Bourget. Il a été suspendu, les syndicats ayant été reçus à l’Élysée le 17 juin. Appelée par FO, la CGT, la CFDT, la CGC et la CFTC, cette manifestation exprimait l’exaspération « face à la tentative de passage en force de l’État pour imposer des échanges absurdes industriellement » pour les deux groupes d’aéronautique et de défense, s’insurgent les syndicats. Ceux-ci ont remis aux représentants du ministre de tutelle, M. Longuet, la pétition de 3 000 salariés qui s’alarment des conséquences sociales désastreuses pour la pérennité de leurs emplois et des sites.
En guise de réponse, le cabinet ministériel a tenté de se dédouaner en renvoyant à la responsabilité des directions de Thales et Safran. Les syndicats ont d’ores et déjà déposé une procédure de délit d’entrave à Sagem et une procédure visant à faire désigner un expert par le tribunal de commerce.
Le 24 mai dernier, les représentants des personels avaient claqué la porte du comité central d’entreprise de Sagem défense sécurité, à la suite du manque d’information de la part de la direction sur ces rapprochements d’activités. Car le délégué général à l’armement, Laurent Collet-Billon, interviewé par Les Échos le 10 mai, révélait que « nous traitons actuellement les frontières entre Thales et Safran sur le périmètre suivant : toutes les activités et compétences de navigation inertielle [système fournissant la position d’un avion à l’aide d’accéléromètres extrêmement précis. Safran, via sa filiale Sagem, est devenue le spécialiste mondial en ce domaine – NDLR] et toutes celles d’optronique [technique permettant de mettre en oeuvre des systèmes utilisant l’optique et l’électronique – NDLR] chez Thales », groupe d’électronique spécialisé dans l’aérospatiale, la défense et les technologies de l’information, dont il est un des leaders mondiaux. « Ce projet politique risque de nous conduire vers un carnage industriel. Il ne pourra bénéficier qu’à quelques nantis, mais surtout pas aux salariés. Le gouvernement, actionnaire à hauteur de 30 % de Safran, doit tenir compte du volet social », estime FO métaux.
En 2005, une autre fusion avait eu lieu : celle de Sagem et de la Snecma, donnant naissance au groupe Safran. « Une affaire excellente sur le papier pour les actionnaires, mais pas pour les salariés de Sagem où plusieurs branches du groupe ont été supprimées », rappelle le syndicat.