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27 / 12 / 2016 | 121 vues
Jean-Claude Delgenes / Abonné
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Syndrome d’épuisement professionnel chez les enseignants : les sept plaies d’un système à rénover

Qui se souvient de Lise Bonnafous qui s’est immolée par le feu dans la cour de son Lycée le 13 octobre 2011 à Béziers ? Cet acte désespéré avait alors sidéré le grand public. Comment un enseignant (porteur des savoirs, transmetteur de connaissances)  pouvait-il en arriver à une telle extrémité ? Comment justifier que le ministère de l’Éducation nationale soit mené depuis quelques années à reconnaître en accidents du travail (ou de service) un nombre conséquent de drames en raison de leur imputation professionnelle ? Comment expliquer que les enseignants qui connaissent une bonne espérance de vie soient par ailleurs très exposés au risque de suicide qui s'élève à plus de deux fois la moyenne nationale ? Cette dernière étant déjà l'une des plus élevées d’Europe avec un peu plus de 16 décès par suicide pour 100 000 habitants ? Les raisons du mal-être des enseignants sont connues.

Reconnaissance en berne du métier d'enseignant

Cette population a d’abord subi une lente mais manifeste érosion de son image sociale qui était bonne il y a une cinquantaine d’années. Dans son livre La gloire de mon père, paru en 1957, l’écrivain Marcel Pagnol avec sa faconde provençale illustre à merveille le rayonnement des enseignants au début du XXème  siècle.  Sans que l’on puisse encore parler d’un véritable désamour des Français vis-à-vis des enseignants, on peut remarquer l’émergence d’une déconsidération propice aux risques psychosociaux et à l’épuisement professionnel. 

Cette déconsidération s’exprime de diverses manières, notamment par l’expression d’une reconnaissance en berne que l’on retrouve au gré de stéréotypes : « L’argent des contribuables est gaspillé dans un système coûteux et inefficace (...) L’Éducation nationale ? Un mammouth que l’on ne parvient pas à dégraisser (...) Les enseignants travaillent peu la semaine et ils sont toujours en vacances (...) Ils sont bien payés par rapport aux autres professions ». À ne pas y prendre garde, on pourrait laisser entendre que l’enseignement est un repaire de planqués, de feignants et de nantis. La réalité est toute autre, bien loin de ces clichés qu’il s’agit de combattre. 

La moitié du budget de l’Éducation en Allemagne est consacré à la rémunération des 758 728 enseignants alors qu’en France cette proportion tombe à 30 %.À l’identique des autres pays, la France consacre chaque année près de 7 % de son produit intérieur brut (soit environ 148 milliards d’euros) à l’enseignement. La dépense moyenne pour un écolier est de 6 190 euros, légèrement supérieure à celle de l’Allemagne, celle d’un étudiant de 11 680 euros. Précisons malgré tout, certaines spécificités de notre système. Ainsi la formation d’un énarque coûtait au début des années 2010, 84 400 euros par an, soit au total 168 000 euros à l’État. La formation de doctorants, elle, stagne. Cette formation est pourtant essentielle dans un monde où la connaissance et la recherche déterminent la croissance économique.  Depuis plusieurs années, cette formation butte sur un plafond à hauteur de 10 000 doctorants par an quand l’Allemagne en forme plus de 15 000 avec une natalité plus poussive. 

La France investit à peu près autant que l’Allemagne dans son enseignement avec des résultats qui sont assez proches (notre voisin d'outre-Rhin se situe au 20ème rang du classement PISA (programme for international student assessment) pour l’OCDE alors que l’Hexagone a reculé à la 22ème place sur les 65 pays étudiés de manière comparative pour la qualité de leur enseignement. 

En revanche, il convient de situer les affectations budgétaires de cet effort financier. La moitié du budget de l’Éducation en Allemagne est consacré à la rémunération des 758 728 enseignants alors qu’en France cette proportion tombe à 30 %. La raison est vite compréhensible. La France compte environ 50 000 établissements d’enseignements alors que l’Allemagne n’en recense que 28 000 du fait notamment d’une meilleure répartition de sa population sur le tout territoire. 

Ainsi, les choix qui ont été retenus dans le passé ont favorisé dans notre pays l’envol des coûts d’infrastructures et de gestion administrative au détriment de la revalorisation récurrente des salaires. Quand on examine les données chiffrées, les 708 551 enseignants français apparaissent bien moins payés que leurs homologues allemands qui perçoivent en moyenne un bon tiers de rémunération en plus.  

Loin des fantasmes, selon la direction de l’évaluation de la prospective et des performances du ministère de l’Éducation nationale (DEPP), les enseignants à temps plein ont en moyenne perçu un salaire net mensuel de 2 460 euros en 2014. Les enseignants ont coutume d’expliquer que l’on termine sa carrière aujourd’hui à un niveau de rémunération (et de pouvoir d’achat) où on la commençait il y a 30 ans... 

Dans une note de juillet 2013, la DEPP  reconnaissait d’ailleurs que le temps de travail des enseignants du premier degré avoisinait les 44 heures par semaine.Un enseignant agrégé débutant sa carrière avec un parcours universitaire de bac + 5 ans d’études et après un concours très sélectif en poche, émarge à environ 1 700 euros nets par mois. Cette rémunération est allouée pour un temps de présence en face à face avec les élèves de 15 heures par semaine. Son collègue capétien touchera 200 euros de moins par mois (soit 1,3 SMIC) pour 3 heures d’enseignement en plus en face à face par semaine. Il convient de préciser de suite que le temps de préparation des enseignements, de correction des copies, les heures de présence dans l’établissement, les heures de réunion avec la hiérarchie, avec les conseils de classe, la documentation, les déplacements scolaires, la rencontre des parents etc. ne sont pas comptés dans ces relevés hebdomadaires. En réalité, les enseignants passent plus de temps de travail, en dehors de la présence que devant leurs élèves. Dans une note de juillet 2013, la DEPP  reconnaissait d’ailleurs que le temps de travail des enseignants du premier degré avoisinait les 44 heures par semaine.

Intensification du travail 

Cette reconnaissance en berne du métier des enseignants est la première plaie du système. Elle s’est combinée à une forte intensification du travail qui en est la seconde. Examinons la question à l’échelle d’une vie avec un exemple. En 1969, quand certains d’entre nous entraient en 6ème, chaque élève bénéficiait de 6 heures de français par semaine de scolarité. Sur ces 6 heures, 3 étaient dédoublées. Un élève et ses 29 camarades travaillaient donc 3 heures dans sa classe plénière et 3 heures dans l’un des deux sous-groupes de niveau, constitués par l’enseignant. S’il consacrait 9 heures d’enseignement en face à face aux élèves de la classe, l’enseignant avait une vraie autonomie pour constituer ses groupes de niveau et donc pour assister de manière adaptée les élèves en difficultés. Le taux de « décrochage » si tant est que l’on puisse accepter une telle formulation était alors faible car il y avait un vrai travail en profondeur qui favorisait « l’accrochage ».  

À l'époque, l'enseignant capétien avait toujours ses 18 heures frontales avec les élèves. Il suivait donc deux classes de 30 élèves, soit environ 60  élèves sur ses 18 heures (2 fois 9 heures). Aujourd’hui, le même enseignant avec la même qualification doit prendre en charge 4 classes, d’environ 25 élèves. Chaque classe bénéficiant de 4,5 heures de cours de français  L’enseignant s’occupe donc d’au moins une centaine d’élèves tout au long de l’année là où auparavant il en suivait seulement 60. Cette densification n’est pas anodine si l'on y ajoute en effet la prise en compte nécessaire de certains troubles sévères dans l’apprentissage ou spécificités chez les enfants. Il n’est pas rare que l’on trouve dans une même classe des enfants dits précoces, des enfants souffrant de dyslexie ou de dyscalculie et des enfants ou adolescents ne maîtrisant pas la langue.

Sur la réduction des heures d’enseignement du français, on est aussi en droit de s’interroger car c’est une discipline vernaculaire qui permet de travailler les autres matières : l’histoire, la géographie etc. La dernière réforme accentue encore ce retrait de l’enseignement du français puisqu’une heure est retirée au profit des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI).  Il est évident que des gains de productivité consécutifs à des améliorations dans le fonctionnement  peuvent être réalisés mais vu les conséquences survenues avec les milliers enfants laissés pour compte, on doit aujourd’hui douter de ces évolutions. Retirer ne revient-il pas à affaiblir ?  

Quoi qu’il en soit, les enseignants ont connu une forte densification de leurs activités pédagogiques avec un recul de leur plaisir au travail et la survenance de nombreuses tâches administratives qui n’étaient pas aussi présentes par le passé de surcroît. 

Par ailleurs, les nombreuses réformes qui se sont succédées ces vingt dernières années avec des méthodes d’accompagnement souvent sous-dimensionnées par rapport aux besoins réels ont contribué à alourdir la tâche des enseignants et à générer une perte de sens dans l’exercice le plus souvent solitaire de leur métier dont le centre de gravité reste la qualité du travail effectué. Ces derniers se sont souvent montrés déçus par les actions déployées par « les talibans de la réforme de gauche ou de droite ». Les enseignants avouent leur désarroi devant des réformes portées par des technocrates qui s’occupent de l’enseignement mais qui n’ont pas vu d’enfants depuis de nombreuses années. 

À noter au titre des réformes que la cohésion des collectifs et la prévention des risques psycho-sociaux ne profitent pas encore à plein de la généralisation des CHSCT et de l'accord cadre du 22 octobre 2013 qui obligeait pourtant chaque employeur public à élaborer un plan d’évaluation et de prévention pour la fin de l’année 2015.  

Perte de sens 

Dans leur grande majorité, les enseignants aspirent comme tous les travailleurs à bien faire leur travail. Aimant leur métier ils cherchent à transmettre des connaissances et à aider les enfants à devenir des citoyens libres et capables de réflexion, d’analyse et d’esprit critique. Cette perte de sens est la troisième plaie du système. Elle attaque les vocations les plus établies. Elle incite à un retrait « a-motivationnel », voire à des démissions chez ceux qui se sentent parfois piégés dans le système.  

Les enseignants ont le sentiment qu’en dépit de la multiplication « des savoirs », une « perte du savoir » s’installe durablement.Prenons un exemple : un enseignant d’histoire cherche à faire étudier à ses élèves les techniques de propagande, par l’analyse d’une affiche. Cette approche qui vise à développer l’esprit critique et la réflexion obéit à une méthode très précise : regarder la date de l’affiche, la situer dans son contexte, rechercher l’émetteur, analyser les commentaires etc. Pour bien maîtriser le protocole et l’appliquer au mieux, les élèves de 4ème doivent y travailler au moins une dizaine de fois. La lourdeur du programme ne le permet pas. Apres trois approches dans l’année, il convient de passer à un autre sujet. Au final, que reste-t-il ? L’apprentissage est non abouti. Les enseignants ont le sentiment qu’en dépit de la multiplication « des savoirs », une « perte du savoir » s’installe durablement. 

L’enseignant exigeant qui ne se retrouve pas dans les fruits de son action se pose alors la question à la fin de l’année : « Que leur ai-je appris ? Qu’en restera-t-il ? ». Cette exigence, source de dépassement, ne peut pas être bafouée très longtemps sous peine de créer une culpabilisation et une atteinte à l’estime de soi. L’enseignant recherche toujours des marges de manœuvre, il tente de s’adapter à ses contraintes y compris en s’appuyant sur les collègues, il n’y parvient pas toujours. Si la situation perdure, si le travail ne le nourrit plus, s’il ne se retrouve plus dans les pratiques qui lui sont imposées, s’il produit une image dégradée de lui-même alors une démotivation en rupture avec sa vocation initiale se manifeste par les attitudes de retrait. Parfois ce repli qui est une forme de protection, ce détachement de l’idéal, peuvent le conduire au cynisme. Cet assèchement émotionnel l’expose alors à un risque d’épuisement professionnel. 

Absence de transversalité 

Cette situation est d’autant plus difficile à porter qu’il y a peu d’échappatoire quand le goût pour l’enseignement s’estompe. L’Université de Bordeaux dans une étude récente en 2013 a montré qu’un tiers des jeunes enseignants aspirait à changer de métier. Il est vrai que le système est rigide. La vocation enseignante ne dure pas forcement toute une vie. Les mobilités (sans repasser les concours) sont réduites vers les autres ministères. Les reconversions voire les démissions sont dissuadées par les rectorats faute d’enseignants. Un gros tiers se trouve donc bloqué dans une profession pour laquelle ils ont moins d’appétence mais qu’ils supportent pour des raisons alimentaires. Cette plaie du système isole l’Éducation nationale des autres secteurs professionnels. L’absence de transversalité appauvrit et enferme.   

Tensions

Ce sentiment d’insatisfaction s’aggrave avec les tensions disciplinaires et les relations avec les parents. L’enseignant moderne passe souvent une partie non négligeable de son temps à faire régner la discipline. Le temps passé à jouer les gendarmes est inversement proportionnel à la qualité de l’enseignement. La difficulté est d’autant plus forte que ce sont souvent les jeunes inexpérimentés qui héritent des établissements et des classes difficiles. Cette cinquième plaie qui en déroute plus d’un un est d’autant plus ouverte quand l’enseignant ne trouve pas de soutien auprès de ses pairs ou de la hiérarchie de l’établissement si ce n’est des parents. Le signalement d’incidents et d’incivilités pouvant même constituer parfois aux yeux des plus rigoristes un aveu d’incompétence : « elle ne tient pas sa classe ». Dans ces situations, l’isolement des enseignants peut être profondément déstabilisant. 

La multiplication des agressions, elle, est incontestable. Elle est significative du recul du sens civique de notre époque. En 2015, près de 70 000 incidents graves ont été signalés. Un grand nombre n’a même plus fait l’objet de déclaration. La violence au quotidien s’est invitée dans les collèges et les lycées. Les professeurs et l’encadrement hiérarchique : proviseurs, conseillers principaux d’éducation (CPE) sont en première ligne, agressés, insultés, intimidés, menacés voire frappés. Cette situation est porteuse d’un profond malaise chez les enseignants. La violence subie, l’humiliation ravalée, la honte redoutée, la peur à dépasser se retrouvent au quotidien pour des milliers de profs. Ces causes ajoutées à d’autres facteurs de tension (faiblesse des rémunérations en particulier) fragilisent les plus solides et peuvent mener à une profonde détresse psychologique. 

À l’image de cette enseignante qui a appris, un vendredi vers 16h00, à la fin d’un cours, qu’il y a eu un vol dans sa classe. Elle a alors demandé aux adolescents de ne pas sortir pour tenter de récupérer l’objet volé. En dépit de l’injonction, les élèves se sont levés et se sont dirigés vers la porte. Elle s’est interposée et a bloqué l’accès à la sortie. Le premier élève ouvrant son sac a alors plaidé pour sortir « Mes parents m’attendent dehors, Madame. Regardez, je n’ai rien volé. Je n’ai rien dans mon sac. On doit partir très loin chez ma tante ».  L’enseignante qui connaissait le sérieux de l’adolescent a alors entrouvert la porte pour le laisser sortir ; les autres élèves se sont engouffrés dans l’espace libéré, la bousculant, la jettant à terre, lui marchant dessus pour sortir et lui donnant même des coups de pieds. Le premier élève sorti, constatant la situation, a alerté la CPE qui est arrivée quelques minutes après. L’enseignante s’est relevée, hagarde. Elle a tenté de faire face. La CPE a rapidement morigéné les élèves. Les a confinés dans la classe et a demandé à l’enseignante de les surveiller. « Tenez votre classe, bon sang ! ». L’enseignante a assumé la surveillance. Elle était en état de choc, tétanisée. Pendant de longs mois, elle n'est plus parvenue à enseigner : stress post-traumatique.

Absence de soutien 

Souvent, les parents ne jouent plus leur rôle de soutien de l’enseignant. Il y a quelques années encore, les parents convoqués par un enseignant appuyaient ce dernier dans son action pédagogique. C’est de moins en moins le cas et c’est la sixième plaie. Il y a vingt ans, le professeur et les deux parents regardaient l’enfant ou l’adolescent en lui reprochaient ses notes. Désormais, l’enseignant se trouve parfois remis en cause par l’enfant ou l’adolescent et ses parents sur le même mode. Ses compétences sont remises en question. Il est nié dans sa fonction. 

À l’analyse, on comprend que les enseignants en représentation permanente devant des classes qui ont beaucoup changé, exerçant un métier très solitaire et plus vraiment reconnu, sont socialement, peu soutenus, confrontés à des exigences fortes tant au niveau émotionnel que professionnel, privés d’évolution de carrière, et sont des sujets exposés à un risque élevé d’épuisement professionnel. Selon la MGEN, environ 18 % de ces derniers seraient exposés à un risque élevé d’épuisement professionnel.

Fort heureusement, des facteurs de protection existent. Le premier d’entre eux est la possibilité de se ressourcer lors des vacances qui sont plus longues que pour les autres professions. «  Sans les congés, je ne tiendrais pas. Je n’y arriverais pas ». Cette compensation favorise la résilience pour une population qui est au front et qu’il convient d’aider plutôt que de la stigmatiser. La France a besoin d’enseignants épanouis. Autre facteur de protection : la passion du métier. La joie procurée par la transmission des connaissances et par les progrès des élèves reste intacte pour l’immense majorité des professeurs. C’est ce qui permet de tenir et de repartir le matin à l’assaut d’une classe difficile.   

Instabilité des doctrines 

À lire les diverses enquêtes internationales, on comprend bien que le pays doit établir un état des lieux précis de son enseignement pour le rénover. Les enseignants méritent que l’on prenne le temps d’un diagnostic approfondi réellement partagé entre toutes les parties. Loin de se précipiter dans une énième mise en œuvre au pas de course, ce diagnostic doit être mis en débat au sein de la Nation. D’autres pays ont réussi de belles mutations en organisant le débat voire la dispute au sens grec du terme entre les diverses parties prenantes, afin de définir les bases de l’enseignement dont ont besoin les enfants. Car à l’évidence les enseignants souffrent de cette septième plaie de l’instabilité des doctrines qui génère depuis trop longtemps des turbulences dans le système éducatif. En attendant cette mise à plat partagée, la Nation doit renvoyer aux enseignants une autre image d’eux-mêmes et de leur rôle si important, cette mise en revalorisation constituant le premier remède à ces sept plaies qui mènent trop d’enseignants à l’épuisement professionnel.

 

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Des plans de prévention doivent être impérativement mis en place pour anticiper ces risques professionnel psychosociaux des enseignants : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=349