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28 / 09 / 2011 | 3 vues
Denis Garnier / Membre
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St Nazaire : cité sanitaire ou cité mortuaire ?

Le 20 septembre, les organisations syndicales ont été invitées par le DRH à une réunion de présentation des premières conclusions du « groupe de travail cadre » concernant l’organisation et les conditions de travail du personnel de soins dans la future cité sanitaire de St Nazaire. On appelle cité sanitaire ce qui n’est ni un hôpital, ni une clinique. Le gouvernement tente une nouvelle fois de marier le service public au secteur privé. Toutes les autres expériences échouent, mais le gouvernement persiste ne tirant aucun enseignement des précédents échecs comme c’est le cas pour l’hôpital sud-francilien. Le partenariat public-privé (PPP) est un échec pour le service public, mais un marché (juteux ?) pour Eiffage et la Banque Dexia.

Le prix de l’incompétence

Rappelons que ce projet débouche sur un hôpital qui loue les murs. C'est un peu comme pour les cliniques où les propriétaires se servent de la hausse des loyers des murs qu'ils possèdent pour camoufler les bénéfices. Sauf qu'à St Nazaire, « l'entreprise hôpital » est locataire pour 27 millions d'euros par an, payés aux propriétaires banquiers !
Avant, il suffisait de faire un emprunt pour bâtir un hôpital. Aujourd’hui, on paie plus cher pour être locataire !

  • À St Nazaire, c'est un peu comme la Grèce et les banques. Pour que l'hôpital puisse survivre, il suffit de réduire les frais de fonctionnement car le loyer est devenu prioritaire et incontournable alors que les personnels sont devenus secondaires et malléables.


Pour embrasser cette modernité, la direction de St Nazaire veut organiser les équipes de soins comme l'entreprise Renault a organisé son technocentre, ou comme France télécom a fait tournoyer ses agents pour les rendre plus mobiles, plus polyvalents.

Nous connaissons aujourd'hui les résultats de cette organisation du travail sur la santé et, malheureusement, la vie des agents. Nous nous félicitons d’ailleurs de la condamnation de Renault pour faute inexcusable car, selon les juges, il aurait dû comprendre les conséquences de l'organisation du travail sur la santé de ses salariés. Les « patrons » de l'hôpital de St Nazaire devraient le comprendre.

La mobilité est le maître mot

Elle concernerait l’ensemble du personnel de l’établissement, y compris les secrétaires médicales, sauf les grades des métiers spécifiques de soins (IADE, IBODE, puéricultrice, infirmier psy, sage femme).

L’idée générale de la direction est de « parfaire » le cursus professionnel du personnel en organisant un turn-over (pour le moment, pour tous les agents de 5 à 7 ans d’ancienneté), sur 4 grands secteurs (spécialités médicales, urgences, chirurgie et médecine polyvalente et gériatrique).

Ainsi, selon la direction, ils vont devenir de « bons professionnels » polyvalents, multi-compétents, comme à France télécom ou à Pôle Emploi, répond le syndicat FO.

Par ce principe, la direction entend éviter « le burn-out des agents qui effectuent une mono-carrière » (carrière dans un seul service). Ce principe est retenu comme obligatoire pour répondre à la « non-attractivité » de certains pôles.

Des amateurs pour gérer le personnel

Mais « les études abordant l’organisation du travail sous l’angle des postes fixes ou mutualisés ont montré que les affectations à des postes variables ne permettent pas de réaliser d’économies substantielles, alors qu’elles entraînent une dégradation de la qualité des soins donnés et du stress chez les soignants » [1]. D’où un risque d’erreur aggravé et une plus grande volonté de quitter le métier.

Ces amateurs de la gestion du personnel feraient bien de prendre quelques cours en sciences sociales car, pour mener des hommes (en l’occurrence des soignants), il faut les comprendre. Or, ces plus ou moins jeunes, formatés des écoles, ou déformés de certitudes, sont les bourreaux des temps modernes qui compensent leur incompétence par de l’autorité ou par des formules toutes prêtes qui les empêchent de réfléchir. Il faut qu’ils comprennent qu’un hôpital est un collectif de travail qui se construit par de la fidélité, de l’attractivité et de l’initiative individuelle, source incontournable du mieux-être. À force de référentiels, de contrôles de procédures et d’ordres incompréhensibles, ils robotisent le travail et le rendent inintéressant.

Faudra-t-il que des procès soient engagés, des directeurs condamnés, pour faire entendre raison ?

FO pense que des moyens supplémentaires peuvent dégager de substantielles économies.

Si la cité sanitaire de St Nazaire est gérée comme le technocentre de Renault, France Télécom ou Pôle Emploi, il faudra s’attendre aux mêmes conséquences. Ce sont des drames pour les familles, un énorme gâchis pour l’hôpital et un risque majeur pour la qualité des soins. Le syndicat FO de St Nazaire est bien décidé à ne pas laisser faire.

Une cité sanitaire n’a pas pour vocation de devenir mortuaire !

En conséquence, FO demande qu’un investissement particulier soit effectué sur ce nouvel outil de travail pour que les agents qui y travaillent retrouvent un plaisir oublié.

[1] Madeleine Estryn-Behar, Santé et satisfaction des soignants au travail en France et en Europe, éditions Presses de l’EHESP, 2008, p. 279.

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