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23 / 11 / 2011 | 2387 vues
Dansou Gbenouvo / Membre
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Safran/Thalès, le serpent de mer d'une fusion

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Depuis plusieurs années, et par périodes régulières, l’histoire de la fusion Thalès/Safran ou Safran/Thalès revient au-devant de la scène médiatique, presse écrite et radios.


À en croire même nos homologues syndicalistes jusqu’aux alentours de 2007, tant du côté de Thalès que de Safran, les jeux étaient faits et Safran était purement et simplement absorbée par Thalès avant de prétendues annonces officielles qui devaient avoir lieu.

Il est vrai qu’à cette époque-là, nous étions dans les tous premiers mois de la création de Safran, issue de la fusion Snecma/Sagem. C’était le temps où la guéguerre entre « les Snecma » et « les Sagem » était à son paroxysme et « les couteaux sur la table ».

À ce moment-là, c’était « les Sagem » qui poussaient fort à l’absorption de Safran par Thalès, histoire de faire disparaître « les Snecma » de la direction du nouveau groupe et ainsi placer à sa tête « leur élu de cœur » qui, depuis, n’a jamais montré nulle part le potentiel que « les Sagem » lui trouvaient. Il est vrai que c’était son parrain, son père spirituel qui était à la tête du conseil de surveillance du nouveau et jeune groupe Safran. Ce sire se permettait même au temps de sa splendeur éphémère d’aller discuter dans les Ministères et à la direction de Thalès dans le dos du président du directoire de Safran de l’époque, Jean-Paul Béchat, l’architecte bâtisseur de l’ex-Snecma, aujourd’hui groupe Safran.

  • C’était le scénario imaginé et rêvé par « les Sagem » pour prendre leur revanche sur « les Snecma ». Le ver était alors dans le fruit.

Créer des synergies

Constatant l’échec de la tentative de leur fusion, les deux groupes s’étaient alors entendus  avec l’État fin 2008 pour procéder à des échanges d’actifs afin d’arriver à un regroupement d’activités, avec l’optronique des deux groupes chez Thalès et la navigation inertielle des deux groupes chez Safran.

Ces négociations visant toujours les mêmes objectifs, créer des synergies entre les deux groupes.

À propos de ces nouvelles perspectives pour les deux groupes, le président du directoire, Jean-Paul Herteman, qui venait de succéder à Jean-Paul Béchat, se disait : « tout à fait ouvert » à des transactions avec Thalès dans les activités optroniques et navigations inertielles, sous quelque forme que ce soit : échanges d’actifs ou joint-venture (déjà)… ! Une démarche soutenue déjà par le Ministère de la Défense et la DGA (Direction générale de l’armement), pour éviter les redondances entre les deux groupes hexagonaux, dans le but de créer des champignons français à l’international, de mettre un terme à la compétition entre les deux groupes et également éviter que l’État, à travers la DGA ne finance plus les mêmes études dans les bureaux d’études des deux groupes.

  • Le comité stratégique de Safran aurait même donné son feu vert pour cette opération.

Négociations interrompues  puis relancées

En mai 2010, les négociations ont été interrompues. Le groupe Safran avait alors fait une communication interne pour annoncer la fin officielle des discussions.

Mais un an plus tard, en avril 2011, l’État relance à nouveau la reprise des négociations. Et pour bien montrer sa volonté d’aboutir cette fois, il nomme en juin 2011 un médiateur en la personne d’Aldo Cardoso, du cabinet d’Andersen.

Malgré cela, ce dossier ne cesse de passer d’un état à l’autre, avec tantôt, de l’optimisme pour une issue, tantôt, la phase basse, avec à nouveau un éventuel report des négociations pour 2012, après les élections présidentielles et législatives.

Et ce qui devait arriver est arrivé : la fièvre mobilisatrice des salariés s’est exprimé pour la défense de leurs emplois. Logique...

  • Le bruit a même couru que des salariés qui n’avaient pas l’habitude de faire grève et même des syndicats auraient été poussés, encouragés par leurs directions à faire grève.

Mais, à quoi joue-t-on, entre l’État, Dassault/Thalès et Safran ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Dans cette opération, ce sont hélas, les salariés concernés des deux groupes qui seront au final les grands perdants.

Car enfin, les arguments avancés aujourd’hui par la DGA, le donneur d’ordre des deux groupes, Safran et Thalès dans l’armement (rappelés plus haut) vont-ils par miracle s’évanouir demain, après les élections présidentielles et législatives de 2012 ?

 
L’UNSA groupe Safran appelle les acteurs : État, Dassault/Thalès et Safran à la tempérance. Il faut mettre un terme à cette situation d’incertitude qui mine la santé des salariés des deux groupes concernés par cette opération d’échange d’actifs. Le plus tôt sera le mieux.

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Plus d’un millier de salariés de Safran, groupe d’électronique et de défense, ont manifesté le 9 novembre à Paris, à l’appel de FO, CGT, CFDT, CGC et CFTC. Ils exprimaient ainsi leur opposition au projet de démantèlement de la Sagem, filiale de Safran, sacrifiée par le rapprochement de cette dernière avec Thales, groupe d’électronique et de défense spécialisé dans l’aérospatiale. Ce projet «poussé très fortement par l’État est absurde industriellement et aura des conséquences désastreuses en termes d’emploi et de compétitivité de l’industrie française», s’alarment les syndicats. La manifestation du 9 novembre suivait celles des 13, 20 et 27 octobre derniers rejetant ce «projet néfaste et suicidaire». Les manifestants ont défilé du siège social de Safran, dans le XVe arrondissement, jusqu’au ministère de l’Industrie à Bercy. Des arrêts de travail et des manifestations de protestation ont également eu lieu en province, dans les établissements de production de Sagem à Dijon, Montluçon, Poitiers, Valence, ainsi qu’à la SNECMA au Creusot et à Messier-Bidos (Pyrénées- Atlantiques). Ce projet de rapprochement date de deux ans. Aujourd’hui, il se concrétise par un schéma de restructuration, via deux «joint-ventures», l’une concernant l’optronique (équipements optique et électronique), contrôlée par Safran, et l’autre la navigation inertielle (permettant à un engin de s’orienter en position autonome), sous tutelle de Thales. À terme, cela signifie l’éclatement pour la Sagem qui se voit dépossédée de sa spécialisation, l’optronique, son domaine d’excellence, au profit de Thales. Cela avec des conséquences sociales désastreuses pour l’ensemble de ses sites, du fait notamment de la casse des collectifs de travail et des nombreuses mobilités géographiques qui généreront de très nombreuses suppressions d’emplois. Un rapport d’étape devait être soumis au conseil d’administration de Safran le 9 novembre, finalement repoussé au 15 décembre. Il mentionne sans ambiguïté le démantèlement des activités de la Sagem «sur la base de perspectives économiques inatteignables et totalement irréalistes: croissance forte des chiffres d’affaires dans cette période de crise budgétaire et de réduction des budgets militaires, résultats à deux chiffres!», s’indignent les syndicats. Ce «Monopoly» impulsé par l’État, actionnaire à 30% de Safran et de Thales à 27%, risque aussi de «fragiliser l’industrie française de défense», estiment-ils. Ils ont engagé de multiples démarches auprès du ministère de la Défense, de l’Élysée et des responsables locaux. Le comité central d’entreprise a enclenché une procédure pour délit d’entrave contre la direction du groupe, ainsi qu’un droit d’alerte. Une motion de soutien aux salariés a été votée à l’unanimité par le comité de groupe Safran. Le 2 novembre, lors de l’entrevue avec le P-DG de Safran, M. Herteman, ce dernier a affirmé aux syndicats qu’il tiendrait compte de l’avis des salariés si ceux-ci exprimaient massivement un rejet du rapport d’étape pour le rapprochement avec Thales. Ceux-ci ne désarment toujours pas contre un projet qui, s’insurge la Fédération FO des Métaux, «peut conduire vers un carnage industriel ne bénéficiant qu’à quelques nantis, mais surtout pas aux salariés ».