Organisations
Protection de l’enfance : alerte au village d’enfants d’Amboise
Salariés victimes d'épuisement professionnels, de malaises répétés sur le lieu de travail, d'arrêts maladie et d'interventions des pompiers pour enfants : le changement des rythmes de travail, imposé l’an dernier au village d’enfants d’Amboise en dépit des préconisations d’expertises commandées par le CHSCT, n’en finit pas de produire ses effets délétères sur les 48 salariés et la cinquantaine d’enfants dont ils ont la responsabilité.
Mettre le conseil départemental, principal financeur, devant ses responsabilités
Une situation suffisamment grave pour que la fédération de l’Action sociale FO et l’Union départementale d’Indre-et-Loire décident d’organiser une réunion publique à Amboise le 16 septembre. Son principal objectif était d'alerter les institutions responsables de la protection de l’enfance, dont le conseil départemental.
En effet, ce dernier est le principal financeur de la « maison d’enfants » qui accueille actuellement une cinquantaine de jeunes en danger placés sur décision d’un juge, dans dix pavillons.L'organisation du travail permet une grande flexibilité
Jusqu’à l’an dernier, les éducateurs familiaux travaillaient 24 heures sur 24 pendant huit jours et bénéficiaient ensuite d’une semaine complète de récupération. Des éducateurs d’appui, qui travaillaient, eux, à un rythme de 35 heures par semaine, étaient présents dans la journée en renfort des éducateurs familiaux.
Avec la nouvelle organisation du travail, la fonction d’éducateurs d’appui a disparu et les éducateurs familiaux sont désormais astreints à un planning de travail à l’année, qui introduit une grande flexibilité.
Les conditions de travail et de vie se dégradent.
Résultat, les conditions de travail et de vie se dégradent. De nombreux salariés témoignent d’un épuisement en lien avec des charges de travail trop importantes, des temps de repos insuffisants et un étiolement des liens sociaux et familiaux.
Dix-huit licenciements ont eu lieu dans le cadre de deux plans sociaux et deux salariés protégés sont aujourd’hui sous la pression de menaces de licenciement. Les départs ont été remplacés par des CDD et le renouvellement est devenu très important.
Enfants soumis à une grande insécurité
Quant aux enfants, déjà fragilisés par des situations familiales difficiles, ils sont en manque de repères. « Ils ont perdu les « figures d’attachement » adultes que représentent pour eux les éducateurs, ils ne savent pas toujours qui va s’occuper d’eux et cela déclenche en eux une grande insécurité », témoigne une éducatrice.
Une exigence : la mise en place de moyens en adéquation avec les besoins
« Nous dénonçons une rupture des missions de service public assurées par la protection de l’enfance. Nous exigeons la mise en place de moyens décents en adéquation avec les besoins », indique Corinne Pette, secrétaire fédérale FO.
La fédération de l’Action sociale FO a déposé un recours devant le Tribunal de grande instance de Paris, pour faire respecter le doit à la santé et au repos des travailleurs, conformément au droit européen. Le syndicat a également retiré sa signature de l’accord d’entreprise.
Conclusions défavorables des expertises
Si la situation au village d’enfants d’Amboise est particulièrement critique, le syndicat porte aussi son attention sur les neuf autres établissements et sur le siège social de la fondation Action enfance, qui emploie au total environ 700 salariés. Deux villages d’enfants, Soissons (Aisne) et Cesson (Seine-et-Marne), ont également mis en place le nouveau rythme de travail l’an dernier, en dépit de conclusions défavorables d’expertises et d’un vote défavorable dans les instances du personnel.
Au niveau national, la fondation fait actuellement l’objet d’une enquête préliminaire pour des « dépenses sans fondement », selon Le Canard Enchaîné. FO veillera aux résultats de cette enquête.
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