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Prime Macron : rétropédalage du Père Noël chez Ausy
C'est suffisamment rare pour le souligner : le 19 décembre 2018, une intersyndicale CFTC, CFE-CGC, CFDT et CGT a adressé un courriel à la direction générale d'Ausy (donc à son président François Beharel) et du groupe Randstad France.
La demande portait sur « l’application rapide de la prime de fin d’année chez Ausy, par paliers en fonction de la rémunération nette mensuelle plafonnée à 3 600 €, et sur le long terme la mise en place d’un accord d’intéressement permettant le partage des bénéfices », faisant référence à « la prime exceptionnelle » promise par Emmanuel Macron*.
11 janvier, première communication du DG aux salariés
Le vendredi 11 janvier 2019, Gérald Fillon (directeur général d'Ausy France) écrivait aux salariés :
« Les collaborateurs d'Ausy recevront donc une prime exceptionnelle selon les modalités suivantes :
- un montant unique de 350 € versé en mars 2019,
- pour tous les collaborateurs du groupe Ausy en France,
- présents dans les effectifs du groupe du 1er janvier au 31 décembre 2018,
- dont la rémunération annuelle est inférieure à 1,5 fois le SMIC 2018 (incluant salaire et variable) ».
Le tout en précisant également que 4 200 salariés du groupe Randstad France (toutes filiales confondues, dont Ausy) en bénéficieraient.
Version revue et corrigée du 31 janvier
Jeudi 31 janvier 2019, l'ensemble des salariés d'Ausy France a reçu une seconde communication du même Gérald Fillon, leur annonçant que :
« La prime exceptionnelle sera donc versée selon les nouvelles modalités suivantes :
- un montant dégressif d’un maximum de 350 €,
- pour tous les collaborateurs du groupe Ausy en France,
- ayant un contrat de travail au 31 décembre 2018,
- et dont la rémunération annuelle est inférieure à 1,21 fois le SMIC 2018 (incluant salaire ou toute rémunération soumise à cotisation) ».
La direction justifie cette correction par « une instruction du Ministère des Solidarités et des Comptes publics venue ajouter des conditions aux modalités d’attribution » et vante le fait que « ces nouvelles modalités nous permettent d’attribuer cette prime à plus de 10 000 salariés toutes filiales et tous collaborateurs compris au sein du groupe Randstad France ».
Sur quel critère la dégressivité dont parle Gérald Fillon porte-t-elle ?
Dans la deuxième modalité d'attribution, cette loi autorise l'employeur à moduler le montant de cette prime entre les bénéficiaires, en fonction, entre autres, de la durée de présence effective pendant l’année 2018. Qui recevra quelle somme ?
Les élus d’Ausy avaient estimé à environ 150 salariés (sur plus de 3 500) le nombre de salariés concernés par la première annonce d’une prime de 350 € (rémunération annuelle < 26 972,46 €).
- Le fait d’abaisser le plafond de la rémunération des salariés pénalise grandement ceux dont la rémunération est comprise entre 1,22 SMIC (21 757,80 €) et 1,5 SMIC (26 972,46 €).
Pourquoi ce rétropédalage est-il annoncé le 31 janvier 2019 ?
Ce rétropédalage a été annoncé le 31 janvier 2019, soit plus de trois semaines après qu’une instruction interministérielle** ait précisé quelques points. Hasard du calendrier ? Non. Le 31 janvier était la date limite pour éviter d'avoir à négocier un accord avec les délégués syndicaux qui avaient demandé bien plus que cela, pour davantage de salariés.
Aujourd’hui, certains salariés ont déjà dépensé tout ou une partie de cette somme promise, pour se faire plaisir durant les soldes...
Bien joué, Père Noël : vos salariés dépités ne pourront même plus s'offrir un gilet en serpillère, même en solde !
* La « prime Macron » a été confirmée par la loi du 24 décembre 2018 (JORF n° 0298 du 26 décembre 2018).
**L’instruction interministérielle n° DSS/5B/5D/2019/2 du 4 janvier 2019 précise les modalités d’application de l’exonération de cotisations et contributions sociales prévue à l’article 1er de la loi n° 2018-1213 sous la forme de questions/réponses.