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30 / 10 / 2025 | 19 vues
Frédéric Souillot / Abonné
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Une retraite suspendue à un fil !

La réforme des retraites est revenue en boomerang entre les mains du gouvernement ces dernières semaines, allant jusqu’à lier son sort à une promesse de suspension du report de l’âge et de l’allongement de la durée de cotisation.

 

Cette mesure est inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, par le biais d’une lettre rectificative. À circonstances exceptionnelles, procédé exceptionnel.

 

Mais cette suspension ne tient qu’à un fil. D’abord, suspension n’est pas abrogation, c’est pourquoi Force Ouvrière a réaffirmé partout sa revendication pour l’abrogation de la réforme des retraites 2023, réforme qui reste injuste, brutale et injustifiée.

 

La mesure doit encore survivre au débat parlementaire, qui s’annonce semé d’embûches. Au cours du week-end, le président du Sénat a déjà promis que les sénateurs entendaient rétablir la réforme des retraites si l’Assemblée venait à décider de sa suspension.

 

Il s’agit en réalité d’un décalage du calendrier de la réforme qui permettra aux générations allant de 1964 à 1968 de partir un trimestre plus tôt que prévu. Le coût de ce changement est évalué à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027. Pour financer la mesure, le gouvernement entend mettre une nouvelle fois à contribution les organismes complémentaires de santé et les retraités, à travers une taxe pour les uns et un gel des pensions pour les autres.

 

La « suspension », ou plutôt le décalage, de la réforme des retraites serait donc compensée par des mesures qui viennent doublement pénaliser les retraités et futurs retraités. Et pour compléter le financement de nos régimes de retraite, sans augmentation des cotisations ou diminution des pensions, il faudrait travailler davantage !

 

Pour nous, il ne faut pas travailler plus, il faut travailler tous !

 

C’est pourquoi il faut parler emploi, emploi des jeunes, emploi des seniors, aménagement des fins de carrière, pénibilité, égalité entre les femmes et les hommes, pouvoir d’achat des retraités, conditionnalité des aides publiques… Ici se trouvent les pistes de financement, plutôt que les projets de retraite par points ou de retraite par capitalisation que le gouvernement voudrait remettre sur la table !

 

Lors de la réforme avortée de 2020, notre organisation syndicale  n’a eu de cesse d’alerter sur les pièges de la retraite par points et ses conséquences négatives, le principal danger résidant dans l’incertitude quant à la valeur des droits acquis, qui peuvent être ajustés en fonction des conditions économiques, comme l’inflation ou les déficits budgétaires.

 

Notre confédération  s’oppose aussi à la retraite par capitalisation, qui s’appuie sur un principe d’individualisation. Dans ce système, chaque travailleur épargne pour sa propre retraite en investissant des fonds dans des comptes ou des portefeuilles spécifiques. L’un des plus grands risques de la retraite par capitalisation est sa forte sensibilité aux variations des marchés financiers.

 

Une retraite suspendue à un fil, en quelque sorte!

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Le projet de loi de finances (PLF) 2026 est une démonstration éclatante d’injustice fiscale. Sous prétexte de redresser les comptes publics, le gouvernement choisit de frapper les ménages modestes, les retraités et les services publics, tout en épargnant les entreprises et les plus riches.

 

Des mesures symboliques pour les plus fortunés

 

Le gouvernement annonce que les plus riches contribueront à hauteur de 6,5 milliards d’euros sur les 14 milliards d’effort fiscal demandé aux Français. Une taxe de 2 % serait instaurée sur les seuls actifs financiers des holdings patrimoniales dont la valeur vénale excède 5 millions d’euros (hors biens professionnels) pour une recette visée de 0,9 milliard d’euros. La contribution différentielle sur les hauts revenus serait reconduite, avec une imposition minimum au taux de 20 % des foyers fiscaux dépassant 250 000 euros (pour une personne seule). Mais cette mesure, déjà en place, ne génère qu’un faible rendement et ne remet pas en cause les privilèges fiscaux des ultra-riches.

 

Des cadeaux fiscaux aux entreprises

 

Les entreprises seraient les grandes gagnantes, selon les mesures présentées par ce PLF 2026. La contribution exceptionnelle sur les bénéfices, instaurée en 2025, serait prorogée mais divisée par deux. Les entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires verraient ainsi le taux de cette contribution passer de 20,6 % à 10,3 %, soit, en termes de recettes fiscales, un manque à gagner de 4 milliards d’euros pour les caisses de l’État. La CVAE, impôt de production sur la valeur ajoutée des entreprises, est en voie de suppression totale d’ici 2028, deux ans plus tôt que prévu. En 2026, son taux passerait de 0,28 % à 0,19 %, puis à 0,09 % en 2027, avant disparition. Manque à gagner estimé : 1,3 milliard d’euros dès 2026. Exemples concrets d’injustice : TotalEnergies, avec plus de 20 milliards d’euros de bénéfices en 2024, verrait sa surtaxe sur les bénéfices divisée par deux.

 

Une holding familiale détenant 10 millions d’euros d’actifs financiers paierait à peine 200 000 euros de taxe, tout en continuant à bénéficier d’exonérations sur les plus-values et dividendes. Pendant ce temps, un retraité avec 24 000 euros de pension annuelle verrait son impôt augmenter de plus de 300 euros à cause de la suppression de l’abattement de 10 %, prévue par ce PLF. Notre confédération dénonce un projet de loi de finances pour 2026 qui sanctuarise, et toujours sans conditionnalité, les aides publiques aux entreprises (211 milliards d’euros en 2023) et refuse de toucher aux niches fiscales les plus coûteuses. Un projet qui, plus largement, affirme la poursuite d’une politique de l’offre qui préserve les intérêts des plus riches, et fait payer la facture aux salariés, retraités et agents publics.

 

Les mesures proposées portent en elles le risque d’une aggravation des inégalités, d’une dégradation des services publics, sans compter le risque de plonger l’économie dans la récession et sans même réduire les déficits que ce PLF prétend participer à combattre.