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27 / 04 / 2023 | 231 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Protection Sociale : « le regroupement n'est pas la voie unique de l'évolution » - Phillipe Mixe

Philippe Mixe, Président de la FNIM (La Fédération nationale indépendante des mutuelles)(*) a bien voulu répondre à mes questions et nous donner son sentiment sur les évolutions du système de protection sociale.

 

Le système de santé est confronté à des enjeux majeurs et à des difficultés considérables. Quelle est votre analyse de la situation ?

 

Notre système de santé est à la convergence de trois tendances. Il y a, en premier lieu, l’augmentation des attentes de nos concitoyens. En synthétisant, on peut dire que nous sommes dans une société où tout va vite et où tout est disponible. Ils ont le sentiment que ce n’est pas le cas dans le domaine de la santé. La seconde tendance est bien connue, c’est le vieillissement de notre société. Cela ne touche pas que la problématique de la retraite, tant s’en faut.  Les conséquences pour le système de santé sont indéniables.


Enfin, il y a une certaine volonté de maîtriser les budgets publics, qui est en contradiction avec les deux premiers éléments. De cette volonté naît la mise en place d’un hyper encadrement normatif de tous les aspects du système. Pour les professionnels de santé, pour les usagers et pour les financeurs. Dans une certaine mesure, cela sécurise le système. Mais cela nuit très fortement à sa capacité d’adaptation et ne manque pas d’aggraver tout aussi fortement la situation.

 

Et pour les financeurs que sont les organismes complémentaires ?

 

Je ne parlerai que pour les mutuelles, et encore plus pour celles qui gardent un véritable lien avec l’adhérent. L’époque est extraordinairement confuse et paradoxale. Alors même que le rôle des complémentaires est plébiscité comme étant un élément crucial de l’accessibilité financière des soins, les pouvoirs publics nous considèrent comme de simples appendices des régimes publics. Là où nous voyons complémentarité, d’autres veulent nous cantonner au rôle d’accessoire. Ce n’est pas acceptable…

 

Vous pouvez préciser ?

 

Je prendrai deux exemples. Le premier concerne la Complémentaire santé solidaire, essentiellement financée par les organismes complémentaires. Ces derniers ont été spoliés de leur rôle d’assureur du risque et réduits à celui de simples gestionnaires pour le compte de l’État. Et pourtant ce dernier ne manque pas une occasion de nous clouer au pilori. Le second exemple se trouve dans la réflexion sur les rôles respectifs de l’assurance maladie et des complémentaires. Ce qui devait être un chantier de fond, initié par l’opposition unanime de tous les acteurs à l’idée de la « Grande Sécu » chère à un ancien ministre des solidarités est réduit à peau de chagrin. Il suffit de voir comment fonctionnent les « comités Théodule » comme celui consacré au suivi de la réforme du 100% Santé ou celui, encore plus obscur, chargé des relations entre Sécurité sociale et complémentaires et dont le rôle, finalement, semble bien n’être que de définir ce que l’État va demander de prendre en charge à ces complémentaires.

 

Comment alors positionner les mutuelles ?

 

Il faudrait d’abord nous sortir de la situation qui nous fait courir derrière la dernière réforme tout en restant devant la prochaine. Cela crée une insécurité juridique majeure qui nuit à tout esprit d’initiative ou d’innovation. Nos mutuelles de proximité ont de nombreux atouts liés, justement, à leur positionnement aux côtés de leurs adhérents. La confiance est là et nous pouvons intervenir pour rendre les comportements plus vertueux. C’est le principe même de la prévention. Rares sont nos structures qui ont le loisir de le faire sérieusement car elles sont sous le couperet de l’imagination fertile de notre haute administration qui ne cesse de nous inventer de nouvelles règles. Tous les économistes vous expliqueront que l’incertitude des règles nuit au développement et à la sécurisation des structures.

 

Vous ne pouvez faire abstraction d’une réalité, à savoir la tendance aux regroupements des structures afin d’avoir la taille critique et de bénéficier d’économies d’échelles ?

 

Je ne fais pas du tout abstraction de cela. C’est d’ailleurs un de nos principaux combats. Il est étrange que toute évolution normative est l’occasion, pour quelques grandes mutuelles, de proposer leur « protection » aux plus petites. L’actualité nous en livre des exemples chaque semaine. Dernier en date, l’annonce d’un partenariat entre la MGEN, qui revendique être la première mutuelle de la Fonction publique et la MGP, mutuelle des forces de sécurité, pour aborder ensemble la réforme de la protection sociale des fonctionnaires. Nous savons très bien où cela mènera cette dernière…

 

Quelles alternatives ?

 

Le regroupement n’est pas la voie unique de l’évolution. Il ne vous a pas échappé que le dynamisme économique se trouve aujourd’hui dans les plus petites structures. De nombreux économistes critiquent le modèle d’intégration verticale pour privilégier celui du travail en réseau.  C’est ce que nous faisons à la Fnim, qui a pour principe fondateur l’indépendance des mutuelles. Mais indépendance n’est pas synonyme d’isolement. Les mutuelles que nous fédérons construisent ensemble des services et, aussi, des produits qu’elles mutualisent. On peut dire que l’union fait la force de l’indépendance. Cela va des fonctions métiers aux offres de gamme pour les adhérents. Sans oublier l’innovation avec des outils et des produits que l’on peut qualifier, c’est la mode, de disruptifs.

 

(*) https://www.fnim.fr/-Qui-sommes-nous-.html

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