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Ouverture à la concurrence des bus RATP se poursuit : vers une régression sociale à tous les étages !
Après la grande couronne, c’est désormais le réseau des bus de la proche banlieue de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) que Ile de France Mobilités ouvre à la concurrence, en application d’une loi de 2009 retranscrivant un règlement européen.
Dans ce cadre, trois premiers lots ont été attribués le 12 novembre à des filiales privées. La RATP en conserve donc deux, mais par le biais de sa filiale Cap IDF, le troisième lot allant à Keolis, filiale de la SNCF. Le changement d’opérateur se fera entre août et novembre 2025…Pour notre syndicat qui dénonce cette orientation, ce jour marque la fin d’une entreprise intégrée aux services des usagers d’IDF. Il restera pour les salariés RATP, une journée noire, préfigurant une régression sociale à tous les étages.
Plus de 2500 agents concernés vont donc devoir quitter l’Epic et seront contraints d’accepter le transfert de leur contrat de travail chez le nouvel employeur, sous peine de licenciement .. sans indemnités de chômage.
Pour notre organisation syndicale, cette annonce est synonyme de « régression sociale à tous les étages ».. Seul le dogmatisme libéral de Valérie Pécresse est le moteur de sa volonté d’ouvrir à la concurrence le réseau de bus de la RATP.
La Présidente d’IDFM ne peut plus duper son monde en matière économique, puisqu’il s'agit de transports publics, les tarifs seront décidés par l'autorité organisatrice, Ile De France Mobilités.
La mise en concurrence des réseaux Optile n’a montré aucune amélioration du service public de transport, tant en quantité qu’en qualité.
La direction de la RATP promet certes le maintien de la rémunération des agents transférés en indiquant que :
- le montant garanti sera calculé sur la base des douze derniers mois, hors intéressement et heures supplémentaires.
- Et que , si le repreneur prévoit un niveau de rémunération inférieur, il devra verser une indemnité mensuelle pour combler la différence.
Pour notre syndicat, c’est en fait une supercherie car si le niveau de rémunération est garanti, les conditions de travail ne le sont pas du tout.
En effet, les « garanties » fournies ne valent que pour la durée du premier contrat, et c’est un point important, car à l’issue du premier contrat il n’y a aucune garantie pour les salariés en terme de rémunération ou de conditions de travail.
Si demain l’agent travaille davantage le weekend ou en deux services sur une même journée, il ne gagnera pas plus tant que sa rémunération n’aura pas dépassé le minimum garanti.
De même, à chaque augmentation de salaire, c’est le montant de l’indemnité compensatrice qui baissera..
Faute de véritables garanties sociales, l’ouverture à la concurrence des réseaux bus va , à l’évidence et d’expérience, inexorablement entraîner des conséquences lourdes sur les conditions de travail des salariés, avec un nivellement vers le bas des salaires.
Dix autres lots devraient attribués d’ici octobre 2025. Au total, ce sont près de 20 000 agents qui devront quitter l’établissement public. Cette privatisation du réseau de bus RATP suscite de vives réactions ; elle est pour notre organisation totalement inacceptable d’autant que ce démantèlement n’a pas été précédé d’aucune étude d’impact, ce qui soulève des inquiétudes légitimes quant aux conséquences sur le service et les conditions de travail.
Par ailleurs avec en toile de fond un réel risque de dumping social , les entreprises pourraient bien être tentées de réduire les coûts en imposant des conditions de travail de plus en plus difficiles, comme des horaires fractionnés, pour dégager des bénéfices dans un secteur à marges faibles.
Pour mémoire s’agissant des horaires de travail étendus : La RATP a déjà mis en place des horaires de travail pouvant aller jusqu’à 13 heures pour préparer la concurrence. Bien que le Contrat social territorialisé réduise cette amplitude à 11 heures, cela reste une source de vif mécontentement
La non-attractivité des métiers constatée depuis un certain temps et la sérieuse dégradation des conditions de travail pourraient aggraver les problèmes de recrutement, nécessitant l’embauche de 700 à 800 conducteurs supplémentaires..
Enfin, la fragmentation du réseau en plusieurs lots confiés à différentes entreprises pourrait bien provoquer un chaos dans les transports parisiens, déjà saturés.