La direction de la Macif cherche-t-elle à museler les salariés et la presse ?
Suite aux différents articles de presse parus ces dernières semaines, la direction, paniquée, veut par tous les moyens faire taire salariés, élus et journalistes. Ces jours-ci, des messages ont été envoyés aux salariés dans les zones sud-est et sud-ouest, leur indiquant de ne pas répondre à la presse s'ils étaient contactés par des journalistes. La paranoïa est en marche.
Extraits de l'un des messages envoyé aux salariés
Objet : sollicitations médiatiques des collaborateurs
La direction générale du groupe nous transmet l'information de sollicitations directes de collaborateurs MACIF par une journaliste (nom de la journaliste cité), suite à un article publié la semaine dernière. Ces prises de contact ont lieu sur le réseau LinkedIn, via les comptes personnels des collaborateurs, mais elles peuvent aussi se faire directement par e-mail ou par téléphone.
Je vous rappelle les règles en matière de communication auprès de la presse : prendre bonne note de la sollicitation et la faire remonter à vos supérieurs hiérarchiques, sans apporter d'éléments de réponse. N'hésitez pas à nous faire remonter ces sollicitations.
D'avance je vous remercie de votre vigilance.
Le journaliste qui enquête est nommée, ce qui montre une réelle crainte de la direction. Nous savons par ailleurs que des tentatives de pression sur la rédaction de l'Argus de l'assurance ont récemment eu lieu, via une convocation par la direction, suite à un article récent. C'est tout simplement incroyable et incompréhensible. Il semble que la direction oublie la liberté de la presse et la liberté d'opinion.
La communication de la direction en réponse aux articles récents a été très mauvaise, tout le monde en conviendra. Il y a peu, un journaliste nous confiait que la communication de la Macif était étrange et mal organisée et que, lorsqu'elle était contactée pour réagir à un article, très mal à l'aise, elle faisait preuve d'amateurisme.
Cette communication est aussi mise à mal en interne. De nombreux salariés regrettent le manque de communication et de transparence de la direction, dans le développement de ses plans stratégiques et dans sa communication de crise. Les salariés se plaignent d'être les derniers à apprendre ce qu'il se passe dans l'entreprise. Cela entraîne un manque de confiance dans la hiérarchie, avec l'impression que tout tombe d'en haut du jour au lendemain. Les salariés ont de moins en moins de liberté d'expression dans l'entreprise et critiquer les choix de la direction est à ce jour très risqué. Une collègue a été licenciée en 2014 pour avoir critiqué l'entreprise devant ses collègues et un responsable hiérarchique.
Suite aux articles récemment parus, la direction d'Île-de-France a convoqué les délégués de toutes les organisations syndicales pour « apporter des réponses suite aux articles récents ». Il n'y a point eu de réponse. Les représentants de la direction ont même voulu nous faire croire qu'ils n'avaient pas pris connaissance des documents communiqués à la presse. On en doute sérieusement. Lorsque nous échangions avec la direction, celle-ci faisait mine de découvrir qu'il y avait des problèmes de conditions de travail et souffrance des salariés.
Un jeu bien organisé mais qui n'a trompé personne
Dans les instances, les élus CGT n'ont eu de cesse de faire remonter les problèmes rencontrés par les salariés sans que la direction n'apporte jamais de réponse : pression commerciale, hausse constante de l'absentéisme, dépressions et épuisement professionnel, multiplication des cas de licenciement pour inaptitude etc. La direction est dans le déni permanent. À l'échelle nationale ou régionale, elle ne veut pas aborder le problème des conditions de travail. Les messages de la direction étaient simples : arrêter de communiquer à l’extérieur de l'entreprise. La direction tente de museler les syndicats, les salariés et la presse quand elle le peut.
Mais si salariés et élus veulent s'exprimer, ils le feront et ils n'ont pas besoin de la permission de la direction pour ce faire. Tant que la direction refusera des discussions sérieuses sur la souffrance au travail à la Macif, les élus CGT communiquerons à l'extérieur. La communication des valeurs mutualistes à l’extérieur par la direction est trop éloignée de l'ambiance actuelle dans l'entreprise.
Des expertises de cabinets extérieurs pointent toutes le manque de suivi des projets en cours et de leurs répercussions sur la santé des salariés, la dégradation de l'ambiance générale, le vide des mesures prises sur la qualité de vie au travail et l'absence de prévention des risques psychosociaux.
D'autres affaires en cours feront l'objet de communications dans un avenir proche car le problème de la souffrance des salariés doit être abordé et pris à bras le corps par la direction, ce que celle-ci exclue de faire depuis trop longtemps déjà. On n'étouffe pas la souffrance en menaçant les salariés et les élus qui en parlent mais en les écoutant et en prenant des décisions pour y remédier.
La direction vient de lancer son plan de marketing « raison d'être » en ouvrant une plate-forme interne de partage d'idées pour l'avenir de l'entreprise. Elle peaufine sa communication en interne mais, en réalité, muselle les salariés et leur expression, n'écoute plus les élus et laisse la souffrance se répandre comme une marée noire.