Il est primordial de traiter la question économique en donnant au social une place essentielle.
Les deux causes de l’inflation actuelle sont les prix de production, dont l’énergie, et les marges de nombre d’entreprises. C’est pourquoi l’augmentation des taux d’intérêt n’a guère d’effet sur le taux d’inflation mais conduit vers une stagflation. Les ménages et surtout les plus défavorisés sont percutés de plein fouet dans leur pouvoir d’achat et le nombre de ménages en situation de pauvreté augmente. Dans une telle situation il est primordial de traiter la question économique en donnant au social une place essentielle.
Concrètement, sur le pouvoir d’achat, les leviers principaux concernent les rémunérations et la fiscalité. Ils sont préférables à la multiplication des aides ponctuelles ou permanentes qui finissent par constituer un enchevêtrement complexe et générer des effets de seuil contreproductifs.
En matière de salaires il faut régler le problème de presque la moitié des branches dont le ou les premiers niveaux de minima conventionnels sont inférieurs au SMIC. Il faut y réduire les exonérations de cotisations patronales. Et pour ne pas être considérée comme anticonstitutionnelle cette mesure ne doit pas affecter les entreprises de la branche qui auront négocié un accord assurant une grille dont tous les coefficients sont égaux ou supérieurs au SMIC. Une telle mesure diminuerait la smicardisation rampante et concernerait notamment tous les métiers de première ou deuxième ligne, ceux qu’on appelle les invisibles sans qui l’économie ne fonctionnerait pas.
Concernant plus globalement sur toutes les exonérations de cotisations patronales (74 milliards d’euros par an) une véritable évaluation suivie d’effets doit être entreprise pour éviter notamment les effets d’aubaine et l’absence d’impact réel dans certains cas sur l’emploi. Toute aide doit avoir des contreparties.
Sur la fiscalité une réforme globale guidée par l’efficacité et la justice doit être menée. Elle doit réhabiliter l’impôt sur le revenu, traiter équitablement le capital et le travail, rebalayer tous les mécanismes d’optimisation.
L’importance de la dette publique et du coût de sa charge (plus de 40 milliards annuels actuellement) nécessite de la réduire progressivement. Cela suppose une politique économique et fiscale comprise par la majorité des citoyens comme des entreprises. Si des économies sont possibles elles doivent cesser de peser sur les services publics qui constituent un pilier républicain. Anciennement centralisé notre pays n’est pas décentralisé non plus. Résultat selon l’OCDE : un coût de 60 milliards annuels dus aux doublons et à la complexité.
Qui plus est, quand l’Etat voit son pouvoir amputé, par exemple en matière de politique monétaire et budgétaire, plus il tend, à tort, à vouloir contrôler la sphère sociale et à multiplier les normes et les reportings !
Globalement il s’agit de réformer avec un projet et une vision clairs et faisant l’objet d’un large consentement. C’est aussi une voie pour consolider la démocratie et la république.